Dernière mise à jour à 08h59 le 08/11
L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a estimé mardi sur Franceinfo que la riposte israélienne dans la bande de Gaza n'était "ni ciblée ni proportionnée", et a plaidé pour une "administration temporaire internationale de Gaza" sous l'égide des Nations Unies.
"Il faut arrêter cet engrenage de la force et de la vengeance. Il faut travailler pour apporter une réponse de justice", a-t-il affirmé, tandis que l'armée israélienne poursuit son offensive terrestre dans la bande de Gaza. Tout en reconnaissant à Israël "le droit à la légitime défense", l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac a dénoncé "une politique de vengeance", et a estimé que les dommages collatéraux n'étaient "pas accidentels", mais "prévisibles et parfaitement assumés".
"Cette guerre menée aujourd'hui est l'illusion d'une paix possible qui n'arrivera pas. Israël se met en danger avec ce type de guerre et ce type de frappes", a affirmé M. de Villepin, qui a été aussi ministre des Affaires étrangères. "Ni la force, ni la vengeance n'assurent la paix et la sécurité. C'est la justice."
"La meilleure stratégie" pour l'après-conflit serait, selon M. de Villepin, de mettre en place une "administration temporaire internationale sous l'égide de l'ONU". Celle-ci aurait pour mission de "répondre aux besoins de la population civile, démilitariser" la bande de Gaza et "exfiltrer des membres du Hamas".
Cette prise de position s'inscrit dans la droite ligne des précédentes interventions médiatiques de Dominique de Villepin. En effet, celui-ci s'est exprimé sur France Inter le 12 octobre, cinq jours après l'attaque du Hamas contre Israël. Il a condamné "l'ampleur, l'horreur et la barbarie" de l'attaque, et a mis en cause l'inaction de la communauté internationale sur le dossier du conflit israélo-palestinien : "Quelque chose a été raté, par nous tous, par l'ensemble de la communauté internationale, avec l'amnésie qui a été la nôtre, l'oubli qui a considéré à imaginer que cette question palestinienne allait pouvoir s'effacer devant un accord économique, stratégique et diplomatique, comme substitut à cette tragédie."
M. de Villepin a également proposé une comparaison entre l'attitude des Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 et celle d'Israël après les attentats du 7 octobre 2023. "Les Américains ont cédé à une volonté de vengeance, se sont lancés seuls dans une volonté de punir, ont été entraînés dans une logique de force et ont cru qu'ils pourraient fabriquer un nouveau Moyen-Orient, apporter la démocratie par la violence et la force, résultat, ils ont enflammé. Ne recommençons pas les mêmes erreurs". Pour la France, "il y a une exigence d'humanité et de solidarité vis-à-vis d'Israël, une exigence de responsabilité que nous devons porter à la tête de la communauté internationale et une expérience à partager, nous devons penser que la solution à deux Etats, plus que jamais est aujourd'hui la seule".