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La coopération franco-chinoise pour défendre le multilatéralisme constitue une continuation de l'esprit du général de Gaulle, selon Nathalie de Gaulle
En 1964, sous la présidence du général Charles de Gaulle, la France a été le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine. Soixante ans plus tard, les deux indépendances œuvrent ensemble à la défense d'un véritable multilatéralisme dans les affaires internationales. Pour Nathalie de Gaulle, arrière-petite-fille du général de Gaulle, cette coopération franco-chinoise constitue une continuation de l'esprit qu'avait voulu son arrière-grand-père.
La décision du général de Gaulle de nouer des liens diplomatiques avec la Chine était à l'époque très audacieuse, a déclaré Nathalie de Gaulle dans une interview exclusive récemment accordée à Xinhua. "C'est en fait une des premières décisions qui ait créé une brèche entre le bloc occidental et le bloc de l'Est dans un monde qui était bipolaire. Donc quelque part, c'est une décision qui a mené à la mondialisation que nous connaissons actuellement", a-t-elle relevé.
Photo prise le 8 janvier 2024 montrant Nathalie de Gaulle, arrière-petite-fille de l'ancien président français Charles de Gaulle, lors d'une interview accordée à Xinhua à Paris, en France. (Xinhua/Gao Jing)
Aux yeux de Nathalie de Gaulle, ce qui caractérise la politique internationale du général de Gaulle, c'est "sa grandeur, son indépendance et son réalisme".
"Le général de Gaulle disait qu'il fallait voir le monde tel qu'il était. Evidemment, à cette époque-là, il avait déjà eu cette intuition et ce pressentiment que la Chine deviendrait absolument prépondérante et que son accroissement était inévitable. Ainsi, vu l'homme politique pragmatique et visionnaire qu'il était, il a considéré qu'on ne pouvait pas ne pas dialoguer avec la Chine, qu'on devait créer des liens forts avec elle. Et c'était cela le réalisme typiquement gaullien", a-t-elle souligné.
Aujourd'hui, le monde est confronté à une avalanche de crises. Elle a indiqué que personne ne pourrait affronter seul tous les défis que constituaient le changement climatique, les guerres actuelles, etc.
"La Chine et la France, également par le biais de l'Union européenne, ont déjà beaucoup collaboré sur le changement climatique (...) Ce dialogue établi entre nos deux pays depuis soixante ans, et maintenant entre l'Union européenne et la Chine, me semble à ce titre extrêmement profitable, et perpétue évidemment la vision qui était celle de mon arrière-grand-père : voir le monde de manière lucide, avec ses crises, ses problématiques, et compter sur la grandeur nationale comme sur la coopération internationale pour affronter les défis, ce qui était déjà le cas à l'époque", a-t-elle poursuivi.
Les relations franco-chinoises ont été élevées au rang de partenariat stratégique global en 2004. Selon elle, pendant 20 ans, la coopération bilatérale s'est beaucoup développée non seulement dans les domaines de l'économie, des sciences et technologies et l'industrie mais également sur le développement urbain, la santé, le développement durable et les énergies renouvelables. Elle espère que la France et la Chine travailleront ensemble davantage dans la protection de la biodiversité et dans le domaine maritime, notamment en matière d'exploration et de cartographie des fonds marins ainsi que d'énergies renouvelables marines.
La famille de Nathalie de Gaulle est très liée à la Chine, ceci depuis 60 ans. Son oncle, Jean de Gaulle, a été président du groupe interparlementaire d'amitié France-Chine de l'Assemblée nationale française dans les années 1990. Le père de Nathalie, Yves de Gaulle, s'est aussi souvent rendu en Chine. "Mon oncle et mon père nous racontaient beaucoup d'anecdotes. Et tous les deux nous ont toujours témoigné de la profondeur historique de la Chine", s'est-elle rappelée.
Nathalie de Gaulle a été fascinée par la Chine dès son adolescence, alors que ce pays d'Asie lui paraissait très lointain, avec une mentalité et des mœurs extrêmement différentes des siennes. "Et maintenant, quand je me rends en Chine, je me rends compte que les villes chinoises n'ont absolument rien à envier aux villes françaises (...) et que les jeunes gens, qui ont maintenant quinze ou seize ans, vivent en fait dans une modernité absolument incroyable", a-t-elle déclaré.
Dans la perspective d'une année 2024 riche en événements culturels et touristiques bilatéraux dans le cadre de la célébration du 60e anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises et de l'Année franco-chinoise du tourisme culturel, Nathalie de Gaulle n'a pas hésité à exprimer son intérêt pour de futurs voyages en Chine. "J'aimerais aller à la rencontre des étudiants chinois, en leur donnant peut-être des cours (...) J'aimerais beaucoup à la fois échanger avec eux et peut-être leur permettre de mieux appréhender ce qui se passe en Europe et en France", a-t-elle dit, ajoutant qu'elle avait déjà reçu des invitations.
"Quand on se rend en Chine, on voit à quel point c'est un pays d'avenir, à quel point la jeunesse est engagée, et à quel point les gens sont impliqués dans le développement de leur pays tout en ayant une conscience aigüe d'être un pays millénaire", a-t-elle indiqué. "C'est très particulier, parce que nous, Français, nous sommes aussi un pays millénaire, nous avons un héritage important, et nous essayons aussi de construire notre futur commun (...) Je crois que nous pouvons beaucoup apprendre les uns des autres sur nos visions respectives et la manière à la fois de considérer notre passé mais également d'envisager notre avenir", a-t-elle conclu.