Le procès de l'entreprise Poly Implants Prothèses (PIP), fabriquant des prothèses mammaires, s'est ouvert mercredi 17 avril à Marseille, sur des espaces aménagés dans le parc Chanot, qui accueille habituellement meeting et expositions, a constaté mercredi un correspondant de Xinhua.
Le dirigeant de l'entreprise, Jean-Claude Mas, 73 ans, et quatre de ses anciens dirigeants, sont jugés pour usage d'un gel non conforme pour le remplissage des prothèses mammaires et qui présenterait un danger pour les patientes.
L'entreprise est mise en cause pour l'utilisation d'un "gel maison" fabriqué à base de matières premières dont certaines huiles de silicone servant à la fabrication des joints et adhésifs. Ce gel est soupçonné d'être à l'origine des ruptures des enveloppes des implants, motif de nombreuses plaintes.
Près de 30 000 femmes françaises seraient concernées, selon des sources médicales et tout autant, sinon plus, à l'étranger sachant que l'entreprise PIP réalisait avant sa liquidation judiciaire en mars 2010, 84 % de son chiffre d'affaires à l'export en Amérique Latine et en Europe de l'Ouest.
Selon des sources judiciaires, plus de 5 200 femmes ont porté plainte contre le fabricant dont plus de 200 étrangères. L'association Porteuses de Prothèses PIP (PPP) qui représente les plaignantes françaises a déposé quelque 2 800 constitutions de partie civile au greffe.
L'affaire a été révélée en mars 2010 suite à une inspection de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé ( Afssaps) qui avait été alertée à propos d'un taux de rupture des prothèses PIP beaucoup plus élevé que ses concurrents.
L'information au sujet du gel utilisé relevait du secret dans l' entreprise. Selon les enquêteurs, les employés avaient pour consigne de faire disparaître toute trace d'achat de fûts de matières non homologuées. "Une véritable organisation au sein de l'entreprise a permis de garder le secret pendant dix ans", rapporte-t-on.
"J'ai sciemment utilisé un gel non autorisé car ce produit me donnait satisfaction et ne présente aucun risque pour la santé", avait déclaré en garde à vue le patron de l'entreprise.
Les avocats du chef d'entreprise et de ses collaborateurs contestent la nocivité du gel PIP et la circonstance aggravante du danger pour la santé. Le procès ouvert à la 6ème chambre correctionnelle du Tribunal de Marseille se tient jusqu'au 17 mai.