Un Français reconstruit un château médiéval avec les techniques d'époque

Source: le Quotidien du Peuple en ligne  10.04.2015 09h03

Ah… les châteaux forts ! Ils ont fait rêver tous les enfants occidentaux depuis des siècles, et ils séduisent aujourd'hui les touristes du monde entier avec leur histoire et leurs mystères. Oui mais voilà, la plupart d'entre eux sont en ruine, où ils ont été tellement restaurés qu'ils n'ont souvent plus grand-chose à voir avec ce qu'ils furent au temps de leur gloire. Et bien entendu, on ne construit plus de châteaux forts… on n'en construit plus ? Eh bien si, on en fait encore ! Et une incroyable vidéo prise par drone vient tout récemment de jeter un œil nouveau sur un chantier hors normes.

Ça se passe en France, dans la région de Bourgogne, célèbre pour sa gastronomie et ses vins. Là, un jour de 1996, Michel Guyot s'est mis en tête de construire un château fort. Mais pas comme les enfants, qui en font avec du sable ou avec des cubes, non, non… un vrai de vrai, en pierre et à l'échelle, s'il vous plait ! Il a choisi de le bâtir à proximité de son château de Saint-Fargeau, dans la forêt de Guédelon, dans l'Yonne, à une bonne centaine de kilomètres au Sud de Paris. Et pas question de tricher : il s'y est pris à l'ancienne, retrouvant pour les utiliser toutes les techniques médiévales : murs en torchis, assemblage de moellons, fabrication de tuiles de terre ou de bois, tressage des cordes de lin... il est même tellement obsédé par une fidélité absolue au XIIIe siècle qu'il va jusqu'à faire acheminer les matériaux par traction animale. A Guedelon, pas de machines modernes, pas d'électricité ou de bétonneuse...

Il aurait sans doute pu passer pour un doux dingue ou un fou furieux, mais non… Michel Guyot a réussi à entraîner dans son projet une équipe de passionnés : maçons, charpentiers, ferronniers, mais aussi archéologues, architectes et historiens. Le château compte aujourd'hui 65 constructeurs à plein temps, qui sont soutenus par 650 volontaires chaque année, ce qui explique aussi la longueur du chantier, puisque chacun sait qu'aujourd'hui les serfs n'existent plus en France. Et comme pour ce chantier, l'argent est aussi le nerf de la guerre, le châtelain a renoncé à la dîme médiévale pour les écus plus prosaïques mais bien utiles des dizaines de milliers de visiteurs qui viennent chaque année s'émerveiller sur ce chantier de construction.

Après presque 18 ans d'efforts, tours, bâtiments, donjons, murailles sont sortis de terre. Cette année, les travaux concernent la salle du 1er étage de la tour de la Chapelle, la poursuite du chemin de ronde crénelé, la pose de 4 000 carreaux sur le sol du logis et la construction du 1er étage de la tour de flanquement ouest. Ce chantier scientifique, historique, pédagogique, touristique et humain a su convaincre, et tout aussi important sans doute, séduire de nombreux visiteurs venus du monde entier rendre visite à messire Guyot en son château de Guédelon…