La Haute représentante de l'Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Catherine Ashton, et la Commission européenne ont présenté, mercredi, une communication conjointe sur le renforcement de la coopération et de l'intégration régionale au Maghreb: Algérie, Libye, Mauritanie, Maroc et Tunisie.
Un communiqué de la délégation européenne à Rabat a indiqué que l'UE a toujours considéré que l'Union du Maghreb revêtait une importante dimension stratégique, les deux rives de la méditerranée pouvant bénéficier de marchés plus intégrés et d'une zone de stabilité et de sécurité renforcées. Le coût du non Maghreb est estimé à 1-2% du PIB. Cependant le coût réel de la non intégration dépasse les considérations économiques et s'étend plus largement aux défis sécuritaires et à la stabilité régionale, a ajouté la même source.
La croissance au Maghreb est toujours trop faible pour absorber les importants flux de population sur le marché du travail et pour réduire la pauvreté et le chômage (entre 10 % et 18 % en Algérie, au Maroc et en Tunisie et plus de 30 % en Mauritanie en 2011).
Le rapport du PNUD de 2011 sur les défis du développement dans le monde arabe estime que, même dans un scénario prudent (c' est-à-dire le maintien des taux actuels de chômage et d'activité), les pays du Maghreb devront créer 1,8 million d' emplois d'ici 2015 et 7,8 millions d'ici 2030. L'UE propose ainsi des moyens d'accompagnement au renforcement des liens régionaux et de réponse aux défis régionaux communs.
Selon M Eneko Landaburu, ambassadeur de l'Union européenne au Maroc, Bruxelles entend donner tout son appui "une coopération plus étroite entre les pays du Maghreb. L'UE peut valablement apporter son expertise aux pays maghrébins, résultant elle-même d'un processus d'intégration de plus de soixante ans. Ainsi, l'Union européenne entend exprimer sa solidarité et son partenariat avec les pays du Maghreb en les soutenant dans leur volonté d'aller de l'avant dans cette intégration".
Les pays maghrébins font face à plusieurs défis: les réformes démocratiques qui sont en train d'être mises en place, les réformes économiques, le développement social et humain, la sécurité, et le changement climatique. Pour toutes ces raisons, l'UE qui compte déjà une coopération soutenue avec les pays maghrébins, entend développer avec ses partenaires des appuis ciblés pour mener à bien cette intégration.
Pour Bruxelles, le Maghreb doit créer de nouvelles opportunités de travail pour ses populations. Une intégration régionale dopera la production, établissant des liens entre les différents pays, permettant ainsi d'attirer plus d'investissements étrangers. Le renforcement de la coopération régionale en matière de sécurité permettrait de faire face de manière plus efficace aux défis sahéliens et autres problématiques migratoires.
Les défis environnementaux auront tout à gagner à être appréhendés de manière régionale afin de mettre en place des actions concertées au bénéfice de la région. Tous ces avantages et plus encore, dans le domaine de la culture, du transport, des nouvelles technologies à l'échelle des cinq pays maghrébins, montrent la nécessité pour les pays concernés de se tourner résolument vers un avenir commun.
A un moment où les blocs régionaux apparaissent partout dans le monde, marqué par l'émergence de nouvelles sources de compétitivité, l'UE encourage ses voisins du sud à faire de même et propose de les accompagner sur le chemin de cette réévaluation profonde de leurs rapports.
Son offre est multidimensionnelle, offrant des pistes de coopération variées, telles l'édification de réseaux d'infrastructure et de communication trans-maghrébins, le lancement d'un Maghreb business forum, l'appui à des schémas de mobilité entre acteurs de la formation professionnelle et l'instauration d'un dialogue sécuritaire renforcé, conclut le communiqué.