L'intervention de la France vendredi a surpris tout le monde, tant il est vrai que les autorités françaises avaient jusque-là souligné que la France n'interviendrait pas directement dans ce conflit, et que selon toute vraisemblance il n'y aurait pas d'opérations militaires avant le mois de mars. Mais la folie des rebelles ne lui a guère laissé le choix, et quand l'armée malienne a une fois de plus reculé face à l'avancée de ces fanatiques, la France n'avait plus guère de solutions. Personne, à part quelques esprits dérangés, n'aime la guerre, mais il faut parfois s'y résoudre. C'est sans enthousiasme, mais sans peur et avec fermeté que la France a réagi. Il le fallait, à l'évidence. La guerre, ce n'est pas ces manifestations de pseudo-héroïsme et ces explosions spectaculaires que nous montrent les films d'Hollywood, c'est du sang, des morts, des hommes et des femmes qui souffrent dans leur chair et leur esprit, la destruction, la misère.
Non, personne de sensé ne peut aimer la guerre, et il n'y a aucun plaisir à voir mourir des hommes, fussent-ils des ennemis fanatiques. Comme le disait si justement le Roi de France Louis XV après la victoire de Fontenoy en 1745, alors que son fils le Dauphin s'extasiait devant le spectacle, « Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes. La vrai gloire, c'est de l'épargner ». La France a donc envoyé parmi les meilleurs de ses fils pour défendre la liberté et la démocratie au Mali, menacé par une dictature obscurantiste qui s'appuie sur la religion pour imposer ses idées folles. Déjà l'un d'entre eux est tombé, et d'autres sans doute paieront encore l'impôt du sang, et de leur côté les rebelles ont subi des pertes tellement élevées qu'ils ont dû reculer. Le prix risque donc d'être lourd, car cette guerre ne fait que commencer, mais les hommes libres, quel que soit leur langue, leur couleur, leur langue, leur religion, ne paieront jamais assez cher pour conserver ce bien précieux qu'est de vivre libre sans avoir à craindre de perdre la vie d'un jour à l'autre, pour un oui ou pour un nom, de la main de fanatiques, comme cela se passe au Mali. C'est l'honneur de la France d'être venue au secours d'un pays ami dont le peuple souffre, et cette intervention, qui se fait sans arrière-pensées politiques ou économiques, a d'ailleurs été largement saluée et approuvée en France comme ailleurs. Les sourires et les soupirs de soulagement des Maliens, que l'on a vu à la télévision, valent tous les mots, et il ne fait guère de doute que les ressortissants étrangers présents au Mali, Français surtout, mais aussi d'autres pays d'Afrique et même Chinois, ont le même sentiment.
Oui, il fallait intervenir, l'urgence de la situation le commandait. Non contents de tenir le Nord de ce malheureux pays sous leur botte, ces terroristes prétendant agir au nom de l'Islam avaient commencé à faire mouvement vers le Sud, risquant, si rien n'était fait, d'arriver très vite à Bamako, la capitale, et de faire tomber le Mali entier. Et une fois le Mali tombé, qui sait quel pays aurait ensuite fait les frais de leur folie ? Non, décidément, il n'y avait pas d'autre solution que celle-là, même si la guerre est la pire des solutions, et que les discussions sont la meilleure, comme le professe régulièrement, et avec raison, la Chine, qui sait trop bien ce que les ravages de la guerre veulent dire. Mais face à des fanatiques qui refusent de discuter, sauf pour imposer leur propre loi, qui lapident les femmes, coupent les mains et les pieds des soi-disant délinquants, qui détruisent des monuments appartenant à la mémoire des hommes et au patrimoine mondial, et qui poursuivent leur offensive militaire, que pouvait faire la communauté internationale ? Il fallait dans un premier temps porter un coup d'arrêt à cette folie pour, dans un deuxième temps que l'on espère proche, aider le Mali, avec le soutien des pays voisins et de tous les autres dont l'appui est nécessaire, à recouvrer sa liberté et son intégrité, et dire aux terroristes, avec toute la force et la détermination qui s'imposent, qu'ils ne gagneront pas.
Cette intervention initiée par la France, longtemps attendue mais qui arrive pressée par les évènements, sera sans doute longue et difficile, et nombreux seront ceux, Français, Africains ou autres, qui tomberont encore. Ne nous y trompons pas, le Mali est un symbole. Il ne doit pas tomber aux mains des extrémistes, quel qu'en soit le prix. Car si par malheur il passait sous la botte de ces terroristes extrémistes, ce serait pour eux un encouragement formidable à poursuivre et étendre leur folie destructrice et obscurantiste, et bientôt d'autres pays suivraient, en Afrique ou ailleurs. Le droit, la justice et la liberté d'une nation exigeaient de ne pas laisser faire. La seule chose que l'on puisse souhaiter aujourd'hui, c'est que cette guerre juste soit la plus courte possible, et que le Mali redevienne ce qu'il était il y a quelques mois encore. Ce jour-là, qui marquera un recul du terrorisme, sera à marquer d'une pierre blanche, même si la lutte sera encore longue, là comme ailleurs. Le fanatisme ne doit pas, ne peut pas gagner.