A peine ouvert lundi dernier, le dialogue pouvoir-opposition en Mauritanie est à nouveau bloqué à cause, notamment, de divergences sur un éventuel report des élections, constatent les analystes.
Ce dialogue, dont l'enjeu est de trouver un terrain d'entente pour l'organisation de l'élection présidentielle prochaine en Mauritanie, a démarré avec la participation du Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU) regroupant des partis de l' opposition radicales et des centrales syndicale, des organisations de la société civile.
La Convention pour une alternance pacifique (CAP) composée de partis d'opposition modérés et la majorité au pouvoir y prennent part également en même temps qu'un représentant du gouvernement.
Les trois parties, après avoir fourni d'énormes efforts pour se mettre autour de la même table ont reconnu leur l'incapacité dans les conditions actuelles de poursuivre le dialogue qu'elles ont suspendu depuis mardi.
Ces parties ont décidé de saisir, mercredi, par lettre écrite, le président Mohamed Ould Abdel Aziz afin de lui demander "une solution favorable à la poursuite du dialogue qui vise à mettre en place les conditions favorables pour l'organisation, dans la sérénité, d'un scrutin présidentiel consensuel qui devra garantir l'unité nationale" et "sortir le pays de la crise politique qui n' a que trop duré".
Cette lettre remise au Premier ministre mauritanien par Cheikh Sid'Ahmed Ould Baba Mine, coordinateur du FNDU, sollicite l' arbitrage et l'intervention du chef de l'Etat mauritanien par rapport aux différentes questions qui en constituent les blocages.
Au moment de la remise du message, Ould Baba Mine avait expliqué que l'opposition a été surprise par "les lignes rouges et les conditions préalables, notamment la limitation de la durée du dialogue".
L'opposition revendique, au moins deux semaines de dialogue pour approfondir les discussions.
En l'absence d'un dialogue avec l'opposition, qui se radicalise de plus en plus et rejette toute participation à des élections non consensuelles, le pays risque encore de voir se perpétuer cette situation de crise, estiment les analystes.
La majorité présidentielle estime encore que la question du report des élections au-delà de juin prochain reste une ligne rouge, alors que l'opposition y voit un tremplin indispensable pour toute participation aux élections.
Le FNDU insiste sur le report de la présidentielle prévue le 21 juin 2014, selon la constitution, et la mise en place d'un gouvernement de consensus permettant de garantir un scrutin présidentiel.
Ce que rejette en bloc le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et sa majorité qui continue à clamer que l'élection ne doit "en aucun cas être reportée".
De son côté, la CAP continue à revendiquer la refonte totale de la Commission nationale électorale indépendante (CENI) et la réorganisation de l'Agence nationale d'enrôlement des populations, responsable des documents d'état civile sécurisés.
Selon des analystes politiques, la question du dialogue est loin d'être résolue eu égard à l'énorme écart séparant les positions des différentes parties prenantes.