Dernière mise à jour à 09h27 le 30/11
"Ces poules sont un cadeau des experts agricoles chinois", a dit Charles Ngendakumana, un agriculteur de la province burundaise de Bubanza, en montrant du doigt une dizaine de poules qui courent dans son arrière-cour. "Ils m'ont fourni de bonnes semences de riz et des engrais et m'ont appris les techniques pour que je puisse nourrir mes enfants".
Ce père de six enfants, âgé de 43 ans, vit à Ninga, un village de la commune de Gihanga, a accordé un entretien à Xinhua à côté de sa nouvelle maison, un spacieux bungalow de plain-pied aux murs à la chaux fraîchement peints et au toit à pignon métallique qui scintille sous le soleil.
Il y a quatre ans, M. Ngendakumana a commencé à cultiver du riz hybride provenant de Chine sous le guide d'experts agricoles chinois. Ses terres agricoles sont passées d'un demi-hectare à cinq hectares.
"Ensuite, je veux acheter plus de terres et de vaches, ainsi que plusieurs pompes lorsque la saison sèche arrivera", a fait savoir M. Ngendakumana, affirmant que cela aurait été "impensable" avant l'arrivée de l'équipe d'experts chinois, alors qu'il ne pouvait même pas produire suffisamment de nourriture.
Le Burundi, surnommé "le cœur de l'Afrique", bénéficie d'un climat tropical avec des précipitations abondantes, ce qui est propice à la production de riz. Cependant, le rendement local était faible et les Burundais souffraient de la pénurie alimentaire.
Dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), la Chine a mis en œuvre des projets de coopération technique au Burundi depuis août 2009, envoyant vers le pays un total de 45 experts en cinq groupes pour aider à développer l'agriculture. Les experts chinois plantent actuellement du riz hybride dans 22 villages du Burundi en vue d'aider à mettre en oeuvre un slogan du président burundais Evariste Ndayishimiye, selon lequel il faut de la nourriture dans chaque bouche et de l'argent dans chaque poche.
Les agronomes chinois ont visité les champs de 14 provinces rizicoles du pays pour mener des recherches et des essais, et réussi à sélectionner et introduire huit types de semences de riz adaptées aux conditions locales. Par ailleurs, ils ont résolu le problème de la réduction des rendements, voire de l'extinction, causés par la peste du riz dans les zones montagneuses du pays.
Le premier village de démonstration de riz pour la réduction de la pauvreté a été établi par les experts chinois à Ninga, où le riz hybride a été cultivé pendant cinq saisons consécutives. Depuis lors, le village a vu la production de riz et le revenu moyen des ménages augmenter respectivement de 1.661 tonnes et de 6.000 dollars par an. La pénurie de nourriture des villageois a été résolue.
"Le rendement de nos riz hybrides est deux ou trois fois plus élevé que celui des variétés locales", a expliqué Jiang Daiming, membre d'une équipe des experts chinois. Selon lui, "Il sera important d'améliorer la culture de riz local si l'on souhaite accroître la production à l'avenir".
En vue d'aider les Burundais à se doter d'une industrie rizicole indépendante et durable, l'équipe chinoise a organisé 82 séances de formation dans le pays, au cours desquelles ont été formées 3.050 personnes. Parmi lesquelles, des dizaines de jeunes Burundais brillants utilisent les compétences acquises pour aider leurs concitoyens à sortir de la pauvreté.
Ernest Irankunda, un jeune homme de Ninga, qui a renoncé à aller à l'université en raison des charges de sa famille, a décidé d'apprendre les techniques de culture du riz avec l'équipe chinoise. Il est devenu aujourd'hui un expert local en matière de culture du riz et a été récemment engagé par le gouvernement burundais pour diriger un groupe chargé de transmettre ces expériences en République démocratique du Congo.
La coopération agricole en vue de réduire la pauvreté rurale en Afrique a été un domaine important de la coopération sino-africaine ces dernières années. Lors de la 8e conférence ministérielle du FCSA qui s'est tenue il y a un an au Sénégal, la Chine a annoncé qu'elle mettrait en œuvre le programme pour la réduction de la pauvreté et le développement de l'agriculture avec l'Afrique au cours des trois prochaines années.
Dans le cadre du programme, la Chine enverra 500 agronomes en Afrique, établira en Chine un certain nombre de centres conjoints sino-africains d'échange, de démonstration et de formation en matière d'agrotechnologie moderne, et encouragera les institutions et entreprises chinoises à construire en Afrique des villages modèles.
"Nous sommes très reconnaissants envers l'équipe d'experts chinois", témoigne Prosper Dodiko, secrétaire permanent du ministère burundais de l'Environnement, de l'Agriculture et de l'Elevage. "L'année prochaine, le développement agricole du Burundi est prêt à entrer dans une autre étape où nous développerons les systèmes d'irrigation et la mécanisation agricole. Je suis heureux que des experts chinois soient là pour nous accompagner", souligne-t-il.