Dernière mise à jour à 09h07 le 16/02
Face à des perspectives de développement économique mondial incertaines et à un paysage géopolitique complexe, les dirigeants africains au sommet cette semaine s'évertuent à promouvoir l'intégration économique du continent tout en défendant une position de non alignée sur les conflits extérieurs à l'Afrique.
La 42e session ordinaire du Conseil exécutif de l'Union africaine (UA) s'est ouverte mercredi dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, sur un appel à oeuvrer à l'approfondissement de l'intégration africaine et à la réalisation des aspirations du continent en matière de développement.
La session, qui se déroule du 15 au 16 février en préparation de la 36e session ordinaire du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA prévue les 18 et 19 février, est placée sous le thème de l'année 2023 de l'UA "L'année de la ZLECAF : accélération de la mise en oeuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine".
Selon un communiqué de presse publié mercredi sur son site Internet, l'UA devrait prendre un plus grand engagement politique et renforcer la collaboration existante entre les Etats membres, les communautés économiques régionales, les institutions de l'UA, le secteur privé et d'autres parties prenantes, afin d'accélérer la mise en oeuvre efficace de la ZLECAF au bénéfice des populations et de réaliser les aspirations et les objectifs de l'Agenda 2063.
Le secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), Antonio Pedro, a appelé lors de la réunion les pays africains à déployer des efforts concertés en vue de la réalisation de la zone de libre-échange continentale.
Le pacte continental de libre-échange, en offrant plus d'opportunités aux femmes et aux jeunes, contribue à réduire les inégalités et la pauvreté, et à améliorer l'inclusion, a déclaré M. Pedro.
Evidemment, le sommet des chefs d'Etat de l'UA de cette année aura lieu à un "moment délicat" pour le continent, qui est sur la voie de la reprise économique après l'impact de la pandémie de COVID-19, mais freinée par les conséquences de la crise ukrainienne.
Lorsque de nombreux analystes occidentaux voient dans cette crise un tournant géopolitique vers l'organisation de la soi-disant "alliance pour la liberté" autour des Etats-Unis et leurs alliés, les pays africains, bien loins de l'épicentre des conflicts mais également très affectés par les conséquences en termes de sécurité énergétique et alimentaire et de développement économique, tiennent à ne pas prendre parti.
La Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), qui regroupe 16 pays du sud du continent, a appelé ses membres à maintenir une position non alignée sur les conflits extérieurs à l'Afrique, lors d'un sommet extraordinaire de la troïka de la SADC à Windhoek, en Namibie, le 31 janvier.
Sur le conflit en Ukraine, "on s'attarde sur nos prises de position", a déclaré mardi le président sénégalais et président en exercice de l'UA, Macky Sall, lors du Sommet mondial des gouvernements à Dubaï.
Notant que le continent africain était "une victime" de ce conflit, il a également souligné que l'Afrique n'avait pas à s'aligner et travaillait avec toutes les parties pour la paix.
Au lieu de soutenir les sanctions contre la Russie, de nombreux pays africains appellent à des efforts de médiation pour rétablir la paix entre les parties belligérantes.
Confrontée à des crises sans précédent telles que la sécurité alimentaire et énergétique, l'Afrique tente de les transformer en opportunités en développant son propre potentiel et en adoptant des politiques diplomatiques équilibrées.
D'après M. Pedro, le marché continental de la ZLECAF permet de réaliser des économies d'échelle, d'investir dans le secteur manufacturier et d'accroitre le commerce intra-africain, ce qui favorise la construction de la chaîne d'approvisionnement en Afrique et aboutit à un certain degré d'auto-suffisance sur les produits de base essentiels tels que les médicaments, les denrées alimentaires et les engrais.
Ce n'est que par une mise en oeuvre accélérée et efficace de la ZLECAF que l'Afrique pourra mettre en place des amortisseurs suffisants pour renforcer sa résilience, a-t-il affirmé mercredi.