La Chine et l'Afrique vont renforcer leur collaboration dans six domaines, à savoir l'industrie, la finance, la réduction de la pauvreté, la protection de l'environnement, les échanges entre les peuples ainsi que la paix et la sécurité, de manière à conduire leur coopération vers la "version 2.0", a proposé le Premier ministre chinois Li Keqiang dans un discours prononcé lundi au siège de l'Union africaine (UA) à Addis Abeba, en Ethiopie, sur la politique africaine de la Chine.
M. Li est arrivé dimanche à Addis Abeba, dans le cadre de sa première tournée en Afrique depuis sa prise de fonction en mars 2013. Cette visite, dans le sillage de celle du président chinois Xi Jinping en Afrique il y a plus d'un an, coïncide avec le cinquantenaire de la première visite en Afrique de l'ancien Premier ministre chinois, Zhou Enlai.
Lors de sa visite précédente en Tanzanie, le président Xi avait avancé "sincérité", "résultats concrets", "affinités" et "bonne foi" comme points essentiels de la politique de la Chine envers l'Afrique en cette nouvelle ère, transmettant ainsi un message clair à la communauté internationale que la Chine et l'Afrique sont "au destin commun" et demeureront à jamais des amis fiables et des partenaires sincères.
Un an plus tard, la visite du chef du gouvernement chinois s'inscrit dans cette continuité. Dans son discours, M. Li a présenté plus en détails la politique de la Chine vis-à-vis de l'Afrique et a réaffirmé l'engagement de Beijing envers l'approfondissement d'un nouveau type de partenariat stratégique Chine-Afrique.
A cet égard, il a insisté sur quatre principes, à savoir se traiter l'un l'autre avec sincérité et d'égal à égal, consolider la solidarité et la confiance mutuelles, oeuvrer conjointement pour le développement inclusif et promouvoir l'innovation de la coopération pragmatique.
"La Chine entend travailler en toute sincérité et renforcer la solidarité avec les pays africains, ainsi que coopérer d'une manière mutuellement bénéfique avec eux, pour promouvoir un développement partagé et réaliser au plus tôt les rêves glorieux du renouveau de la Chine et de l'Afrique", avait assuré M. Li à la veille de ses visites en Ethiopie, au Nigeria, en Angola et au Kenya, du 4 au 11 mai.
Du destin commun au développement partagé, la Chine et l'Afrique ont un long passé d'amitié fraternelle. Les Chinois n'oublieront jamais le 25 octobre 1971, jour du retour de la Chine aux Nations Unies, notamment grâce au soutien des pays en développement, parmi lesquels figurent de nombreux pays africains.
Compte tenu de leurs liens historiques et de leur statut, la Chine, le plus grand pays en développement du monde, et l'Afrique, un continent composé principalement de pays en développement, constituent incontestablement une communauté au destin commun, à la recherche d'un développement commun.
"La Chine ne s'est jamais considérée comme un pays donateur, mais comme un partenaire économique de l'Afrique", a estimé Liu Guijin, ex-représentant spécial de la Chine aux Affaires africaines, avant d'ajouter que l'Afrique est "la base essentielle" de la diplomatie chinoise, et joue un rôle de plus en plus important dans la politique internationale de la Chine.
Dans son discours, le chef du gouvernement chinois a souligné le grand respect de la Chine pour le peuple africain et sa conviction quant à la belle perspective du développement du continent africain. Il a également qualifié l'Afrique d'important pôle de la politique et de la croissance économique mondiales, ainsi que de la civilisation humaine.
La Chine et l'Afrique ont établi une coopération pratique présentant des intérêts sur le court et le long termes, dont le but ultime est d'améliorer la vie de leurs populations et de réaliser leur "rêve de développement" respectif.
"D'un point de vue économique, la coopération Chine-Afrique apporte à la Chine des ressources nécessaires pour son développement économique, et apporte à l'Afrique des produits bon marché de qualité", a noté Li Zhibiao, chercheur de l'Académie chinoise des sciences sociales.
La Chine et l'Afrique sont non seulement une "communauté au destin commun" mais constituent également "une communauté aux opportunités liées", c'est-à-dire que les deux parties s'offrent mutuellement des opportunités, a expliqué Liu Hongwu, directeur de l'Institut des études africaines de l'Ecole normale supérieure du Zhejiang.
M. Li a fait remarquer la croissance rapide du commerce sino-africain au cours des dernières années, qui s'est élevé à quelque 210 milliards de dollars en 2013, appelant les deux parties à atteindre un total de 400 milliards de dollars d'ici 2020.
La Chine est le premier partenaire commercial de l'Afrique depuis cinq années consécutives, ainsi que l'une des principales sources de nouveaux investissements. Le volume des investissements directs chinois en Afrique a atteint 25 milliards de dollars fin 2013, et plus de 2.500 entreprises chinoises sont implantées en Afrique, et offrent plus de 100.000 emplois au niveau local.
La multiplication rapide des contrats de construction d'infrastructures signés entre les deux parties a été mise en valeur à l'heure où l'Afrique est devenue le deuxième plus grand marché des travaux d'infrastructures de la Chine à l'étranger.
Au cours de sa visite en Afrique, Li Keqiang devrait signer plusieurs accords de coopération gouvernementale et des contrats commerciaux avec les pays d'accueil et l'UA, de manière à mettre davantage en oeuvre les acquis de la visite du président Xi, et à atteindre une "version 2.0" de la coopération bilatérale.
Selon un proverbe africain, "tout seul, on va plus vite; ensemble, on va plus loin". Sur fond de la mondialisation, la Chine, en plein essor, et l'Afrique, continent émergent, devraient continuer à joindre leurs forces et s'unir, non seulement pour leur propre développement, mais aussi pour l'approfondissement de la coopération Sud-Sud et l'établissement d'une gouvernance mondiale multilatérale.