La Chine continue dimanche d'évacuer d'urgence ses ressortissants du Vietnam après que des actes de violence à caractère sinophobe ont coûté la vie à deux Chinois et blessé plus d'une centaine d'autres.
Les violentes manifestations organisées par des émeutiers dénoués de raison ne peuvent se justifier sous aucun prétexte et ne pourront en aucun cas appuyer les revendications infondées de Hanoï sur le territoire chinois et sur ses eaux environnantes en mer de Chine méridionale.
L'échec du gouvernement vietnamien à empêcher une telle tragédie ou son inaction face à celle-ci ne peuvent que ternir son image de destination favorable aux investissements étrangers et au tourisme international, ce qui pourrait avoir de graves conséquences sur l'économie du pays.
Les attaques meurtrières et les troubles sociaux ont perturbé les activités des entreprises à capitaux étrangers et entamé la confiance non seulement des investisseurs chinois, mais aussi des investisseurs d'autres pays.
Parmi les ressortissants chinois évacués, beaucoup travaillent pour China 19th Metallurgical Corporation, un entrepreneur chargé de la construction d'un complexe sidérurgique durement touché par les actes de violence.
L'aciérie de la province de Ha Tinh (centre du Vietnam), détenue par le groupe taïwanais Formosa Plastics, devrait devenir la plus grande aciérie d'Asie du Sud-Est lorsque sa construction sera achevée en 2017, mais il est désormais peu probable que le délai soit respecté.
Outre les entreprises chinoises, un grand nombre d'usines sud-coréennes, japonaises et singapouriennes ont également été victimes d'actes de violence et contraintes de fermer.
Une situation aussi difficile incitera certainement les investisseurs étrangers à y réfléchir à deux fois avant d'exercer des activités commerciales au Vietnam, une économie à forte croissance avide de capitaux étrangers, ou à réévaluer les risques de tels investissements.
La Chine, dotée d'un poids économique suffisamment important pour inciter le Vietnam à protéger ses intérêts légitimes, a jusqu'ici fait preuve d'une retenue maximale et n'a pas annoncé de mesures de rétorsion, mais elle a déconseillé à ses ressortissants de voyager au Vietnam pour des raisons de sécurité.
Selon les statistiques officielles, le Vietnam a enregistré 1,8 million de visites de touristes chinois en 2013, ce qui représente une contribution significative à l'économie vietnamienne.
Or, malgré la promesse des autorités touristiques vietnamiennes d'assurer la sécurité des touristes étrangers, les Chinois annulent désormais leurs projets de voyage.
Il est à noter que toute mauvaise gestion des manifestations anti-chinoises et des différends territoriaux nuirait définitivement aux relations entre Hanoï et Beijing, qui ont généralement été stables au cours des dernières années.
Le gouvernement vietnamien est invité à envisager la situation dans son ensemble au lieu de se borner à faire preuve d'un nationalisme extrême, afin d'éviter une escalade de la violence et une intensification des tensions en mer de Chine méridionale.
Un arrêt immédiat de la violence et des provocations permettrait au Vietnam de travailler avec la Chine afin d'exploiter pleinement le potentiel de leur coopération économique dans des domaines tels que les services financiers et le transfert de l'industrie.
Cela permettrait également au Vietnam de rétablir sa réputation de pays stable et favorable aux investisseurs et aux touristes étrangers, plutôt que de donner l'image d'un pays où la violence peut éclater à tout moment.