Dernière mise à jour à 08h47 le 28/06
La Chine est considérée par les jeunes Africains comme étant le pays le plus influent sur le continent, devant les deux autres puissances, les Etats-Unis et l'Union africaine, selon le rapport "L'Enquête sur la jeunesse africaine 2022", publié le 13 juin.
Au total, 76% des jeunes interrogés estiment que la Chine a un impact positif dans leur pays tandis que 77% la considèrent comme le pays étranger le plus influent en Afrique, indique le rapport commandé par la Fondation Ichikowitz, une institution sud-africaine.
Il montre également que les jeunes qui considèrent l'influence chinoise comme positive mettent en avant l'accès abordable des produits chinois, les investissements et l'aide pour le développement des infrastructures sur le continent. Ils déclarent également que la Chine offre de bonnes occasions d'exportation à l'Afrique et d'emploi pour les habitants de leurs pays, ce qui est une préoccupation majeure pour tous les jeunes locaux.
LA POPULARITE CROISSANTE DES PRODUITS CHINOIS
Les produits chinois, qui vont des vêtements et des chaussures aux appareils électroménagers, se trouvent sur les étagères des boutiques ainsi que des grands centres commerciaux de divers pays africains.
"J'ai beaucoup d'électroménagers et une machine à laver fabriqués en Chine, ils m'ont beaucoup aidée", sourit l'actrice africaine Fridah Mure, ajoutant que les produits chinois étaient à la fois abordables et de bonne qualité.
Ces dernières années, les jeunes Africains ont été attirés non seulement par les produits de première nécessité importés de ce pays asiatique, mais aussi par les appareils électroniques de fabricants chinois tels que Huawei et Oppo.
"La Chine est le centre manufacturier du monde. La plupart des produits que nous consommons (...) proviennent de Chine", témoigne Martin Githinji, 30 ans, créateur de contenu africain sur les réseaux sociaux et passionné de technologie, ajoutant que les fabricants chinois possèdent un savoir-faire et ne cessent de développer les produits afin de les rendre abordables pour les ménages à faibles revenus.
Fan de produits chinois, M. Githinji explique à Xinhua lors du lancement des smartphones de Tecno dans la capitale kényane Nairobi, que les fabricants chinois ont conquis de nombreux consommateurs dans son pays parce qu'ils proposent une large gamme de produits à des prix différents.
Tecno est l'une des marques de Transsion Holdings, un fabricant de smartphones basé en Chine, qui a dominé le marché africain des smartphones au quatrième trimestre de 2021 avec une part unitaire combinée de 47,9%. Selon Anthony Brian Otieno, chef de produit chez Tecno, les produits chinois restent populaires au Kenya car ils sont taillés sur mesure pour plaire aux consommateurs locaux.
M. Otieno a ajouté que les entreprises chinoises telles que Tecno ont également transféré une grande partie de leurs technologies au Kenya. "A ce jour, nous sommes même en mesure d'assembler certains de nos appareils ici".
PLUS D'EMPLOIS CREES PAR LES INVESTISSEMENTS CHINOIS
La ligne de chemin de fer à écartement normal (SGR, acronyme anglais) Mombasa-Nairobi, construite par la Chine, vient de célébrer son cinquième anniversaire d'exploitation en toute sécurité. Outre sa rapidité, sa commodité et son abordabilité, cette voie ferrée, qui relie la capitale du pays à son port le plus important, offre aux jeunes la possibilité de développer leur carrière.
Au Kenya, la Chine soutient des projets d'infrastructure moderne depuis le lancement de l'Initiative la Ceinture et la Route en 2013. Ces projets, notamment les routes, les ports, les industries ainsi que ceux qui favorisent la connectivité numérique, ont dynamisé le développement de ce pays d'Afrique de l'Est et créé de nombreux emplois pour la population, en particulier les jeunes.
Tabitha Kiplimo, une Kenyane de 30 ans, a été embauchée par l'opérateur de la SGR Mombasa-Nairobi après avoir obtenu son diplôme en génie électrique. En tant que l'une des premières conductrices de locomotives de la SGR, elle a été formée par des experts chinois, notamment à la signalisation, aux systèmes de freinage et aux moteurs, afin d'être qualifiée pour conduire les trains de passagers sur la SGR.
"Je suis très fière d'être l'une des premières pilotes pour la SGR. C'est une source d'inspiration pour les jeunes filles et je suis sûre qu'elles seront à la hauteur de la tâche lorsqu'elles seront plus grandes", déclare-t-elle.
Selon les données du début de l'année 2022, depuis la création du Forum sur la coopération sino-africaine, les entreprises chinoises ont construit et rénové plus de 10.000 kilomètres de voies ferrées et près de 100.000 kilomètres de routes pour l'Afrique, créant au total plus de 4,5 millions d'emplois. La coopération entre la Chine et l'Afrique reste résiliente et dynamique malgré l'épidémie.
LE DEVELOPPEMENT LOCAL S'INSPIRE DE L'EXPERIENCE CHINOISE
D'ici 2030, quelque 42% de la jeunesse mondiale devrait être africaine, d'après le rapport susmentionné. La Chine soutient fortement le développement de l'éducation sur le continent, en construisant des établissements éducatifs et en partageant son expérience en la matière.
La Tanzanie et la Chine ont lancé un projet conjoint d'élaboration de nouvelles normes professionnelles dans ce pays est-africain afin de promouvoir l'enseignement professionnel local. Selon Adolf Rutayuga, secrétaire exécutif du Conseil national tanzanien pour l'enseignement et la formation techniques et professionnels de la Tanzanie, le projet favorisera le développement de l'enseignement et de la formation professionnels et jettera les bases de l'établissement de nouvelles normes éducatives en Tanzanie. Il ajoute que le projet contribuera également à créer un vaste réservoir de travailleurs qualifiés, à faire en sorte que les diplômés de l'enseignement professionnel répondent aux besoins du marché international et à promouvoir l'industrialisation du pays.
Osei Wusu Achaw, vice-chancelier de l'université de technique de Kumasi au Ghana, affirme que la coopération avec l'école professionnelle chinoise contribuera à étendre l'enseignement professionnel ghanéen à de nombreuses autres disciplines, et permettra à davantage d'étudiants ghanéens d'accéder à un enseignement de qualité. Il a fait ces remarques lors de la cérémonie de signature d'un projet pour la création d'un nouveau campus de son université en collaboration avec un collège professionnel technique à Rizhao, ville portuaire dans l'est de la Chine.
Le nombre d'étudiants africains a également augmenté ces dernières années. Selon les données antérieures à la pandémie publiées par le ministère chinois de l'Education, plus de 81.000 étudiants africains étudiaient en Chine en 2018, soit 16,5% des étudiants étrangers enregistrés dans le pays.
Ces étudiants africains ont acquis une meilleure compréhension de la Chine grâce à leurs études et leurs voyages dans ce pays, et ont été inspirés par "l'expérience chinoise" de sa croissance remarquable et sa lutte contre la pauvreté au cours des dernières décennies.
"La réussite économique de la Chine a apporté non seulement des opportunités mais aussi de la confiance aux pays en développement", selon Passy Charles Riseph, un étudiant de la République du Congo à l'université de Shanxi, dans le nord de la Chine. Il est déterminé à retourner dans son pays et à mettre ses connaissances à profit. "J'espère qu'un plus grand nombre de mes compatriotes auront une vie meilleure à l'avenir."
Joseph Olivier Mendo'o, doctorant camerounais à l'Ecole des relations internationales de l'Université de Beijing, a sillonné de nombreuses régions chinoises et s'est également rendu dans le district de Xingxian, au Shanxi, pour s'informer des efforts de réduction de la pauvreté. Pour lui, les jeunes peuvent jouer un rôle important pour favoriser le dialogue entre la Chine et les pays africains, et rapprocher les cultures.
Certains jeunes Africains saisissent des occasions offertes par le commerce numérique chinois en plein expansion ces dernières années. "La jeunesse africaine a un grand enthousiasme pour le commerce électronique transfrontalier", affirme l'étudiant zimbabwéen Tungamirai Eric Mupona, qui a participé à plusieurs événements de commerce électronique en Chine. Il estime que ce dernier peut aider davantage de produits africains distinctifs et de haute qualité à pénétrer le marché chinois.
L'AMITIE SINO-AFRICAINE ENTRETENUE PAR LES CONTRIBUTIONS CHINOISES
La Chine continue à fournir une assistance à l'Afrique dans le domaine de la santé depuis des décennies. Elle a développé avec certains pays africains des mécanismes de coopération à long terme en matière de santé publique. A la fin de l'année 2021, la Chine a envoyé en Afrique un total de 23.000 professionnels de santé, y a traité 230 millions de patients et compte actuellement près de 1.000 membres du personnel médical répartis sur 98 sites dans 45 pays africains.
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les gouvernements, les entreprises et les individus chinois ont fait don de grandes quantités de vaccins, de matériels de prévention épidémique et de médicaments à une cinquantaine de pays d'Afrique. Des experts chinois ont été dépêchés auprès du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), et les professionnels de santé chinois ont remporté l'admiration des responsables et du personnel médical locaux ainsi que la gratitude des populations africaines en les aidant à combattre le virus sur tout le continent.
Selon Cavince Adhere, chercheur kenyan en relations internationales, les dialogues, les échanges et la coordination des politiques renforcés entre les experts médicaux de Chine et d'Afrique ont donné au continent une avance considérable dans la lutte contre la pandémie.
Cette collaboration médicale n'a pas seulement renforcé le partenariat de longue date dans ce domaine, souligne M. Adhere. "Le nouvel élan apporté par la pandémie constitue également un puissant tremplin pour l'expansion et la consolidation des relations sino-africaines", selon lui.
De plus en plus de jeunes Chinois commencent à se rendre en Afrique, s'enracinant dans ce continent lointain et contribuant par leurs efforts au volontariat pour le service public.
Dans le bidonville de Mathare à la périphérie de Nairobi, Liu Yimenghan, un Chinois de 27 ans, a créé l'association Dream Building Service (DBSA), une organisation non-gouvernementale, en collaboration avec plusieurs jeunes Chinois en 2014.
Pendant ses études universitaires, M. Liu a enseigné à Mathare comme professeur bénévole. Cette expérience de bénévolat lui a fait sentir qu'il pouvait faire davantage d'efforts pour améliorer l'environnement éducatif et la vie future des enfants locaux.
L'association Dream Building Service a commencé par transformer les salles de classe aux murs en tôle de Mathare en maisons construites en briques. Le travail bénévole s'est ensuite concentré sur la fourniture de repas gratuits, de bourses d'études, de mentorat et d'enseignement de bonne qualité pour les enfants démunis.
Grâce leurs efforts, trois écoles de Mathare ont été rénovées, où les enfants défavorisés bénéficient de déjeuners gratuits et reçoivent des bourses d'études.
Selon Kevin Oluoch, directeur adjoint de l'école Mathare Light Center, son école a vu le nombre d'élèves augmenter car les repas gratuits ont attiré les élèves issus de ménages pauvres, et le programme d'alimentation gratuite a aidé les enfants de familles défavorisées à grandir et à alléger le fardeau de leurs familles.
Selon M. Liu, les projets caritatifs de la DBSA ont couvert six pays d'Afrique, à savoir le Kenya, l'Ouganda, la Tanzanie, l'Ethiopie, le Malawi et le Nigeria, et plus de 40 écoles dans ces six pays ont bénéficié du programme d'alimentation gratuite.
Les jeunes Africains ont confiance dans l'avenir des relations sino-africaines, souligne Ivor Ichikowitz, président de la Fondation Ichikowitz. "Il s'agit d'une approbation de la politique étrangère chinoise qui a accru les investissements sur le continent africain. Si vous écoutez la rhétorique des Etats-Unis et de l'Union européenne, ils soutiennent que la Chine n'est pas bonne pour la croissance et le développement de l'Afrique, mais les jeunes Africains disent exactement le contraire", observe M. Ichikowitz.