Dernière mise à jour à 02h29 le 17/11
Le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Joe Biden se sont mis d'accord mercredi sur plusieurs domaines clés de coopération lors d'un sommet que les deux dirigeants ont perçu comme un nouveau point de départ pour la stabilisation des relations bilatérales.
Au cours de cette rencontre au domaine Filoli, à environ 40km au sud de San Francisco en Californie, M. Xi a également détaillé les fondements des relations sino-américaines et a appelé les deux plus grandes économies du monde à trouver le bon moyen de s'entendre.
Qualifiant les liens entre la Chine et les Etats-Unis de "relations bilatérales les plus importantes au monde", il a estimé que les deux pays faisaient face à deux options : soit renforcer la coopération au bénéfice de la sécurité et de la prospérité dans le monde, soit s'accrocher à une mentalité de somme nulle au risque d'inciter à la confrontation et de diviser la planète.
"Nous envisageons la rencontre Xi-Biden avec un optimisme prudent" à l'heure où le monde est en proie à des conflits, a confié Richard Black de l'Institut Schiller, un think tank basé en Allemagne.
Pour lui, "il faut espérer que (l'administration américaine) modifiera ses actions belliqueuses à l'égard de la Chine en ce qui concerne les actions des Etats-Unis qui violent le principe d'une seule Chine, l'application de sanctions économiques et les tentatives de paralyser le développement économique de la Chine".
DES ACCORDS APRES UNE ANNEE MOUVEMENTEE
Cet entretien très attendu a eu lieu un an après la rencontre entre les deux présidents à Bali, en Indonésie.
Les relations sino-américaines ont connu une année mouvementée, avec des responsables politiques américains qui ont crié sur tous les toits à propos d'une menace chinoise avec le soi-disant "incident du ballon" ou encore les ventes d'armes avancées de Washington à Taiwan et ses tentatives d'étouffer les progrès technologiques de la Chine par des contrôles à l'exportation et des sanctions contre les entreprises chinoises du secteur technologique.
Ce n'est qu'au second semestre que ces relations tendues se sont améliorées. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, la secrétaire au Trésor Janet Yellen et la ministre du Commerce Gina Raimondo se sont tous rendus en Chine depuis juin. Les entretiens entre l'envoyé spécial de la Chine pour le changement climatique, Xie Zhenhua, et son homologue américain, John Kerry, ont donné des résultats positifs. Les deux pays ont également mis en place des groupes de travail économiques et financiers et d'autres mécanismes d'échange.
Enfin, pour la première fois, les Etats-Unis ont envoyé une délégation officielle de haut niveau à la 6e Exposition internationale d'importation de la Chine (CIIE), qui vient de s'achever à Shanghai.
Commentant ces échanges de haut niveau, Jeffrey Sachs, professeur d'économie et directeur du Centre pour le développement durable de l'université de Columbia, a dit espérer y voir une véritable "tentative de la part de l'administration américaine d'essayer enfin de placer les relations avec la Chine sur une base plus équilibrée et plus calme".
Ces dernières semaines, il y a eu une "lueur d'espoir" que les Etats-Unis "sortent de ce qui a été une trajectoire erronée" et cherchent vraiment à "établir une diplomatie normale avec la Chine" dans laquelle les questions économiques peuvent être débattues, selon lui.
Lors de la rencontre de mercredi, MM. Xi et Biden sont convenus de promouvoir et de renforcer le dialogue et la coopération dans divers domaines, notamment les discussions sur l'intelligence artificielle et la création d'un groupe de travail sur la coopération en matière de lutte contre les stupéfiants.
Ils sont également convenus de reprendre, sur la base de l'égalité et du respect, les communications de haut niveau entre les deux armées, de s'engager à travailler à une nouvelle augmentation significative des vols commerciaux en début d'année prochaine et de développer les échanges dans les domaines de l'éducation, des étudiants, de la jeunesse, de la culture, du sport et des affaires.
Le renforcement des échanges est "souvent le moyen pour les pays de se rapprocher", a dit à Xinhua Neal Benezra, ancien directeur du Musée d'art moderne de San Francisco. Pour lui, "ce type de collaboration peut conduire à des relations internationales très positives (...) La Chine est un grand pays qui ne cessera de se renforcer et de devenir plus sophistiqué dans ses relations avec l'Occident. Alors pourquoi ne collaborerions-nous pas ensemble ?".
Commentant les accords conclus par les deux parties, le président de la Fondation Kuhn, Robert Lawrence Kuhn, a estimé que "les accords spécifiques sont importants (...), car ils illustrent et réaffirment l'engagement des deux parties".
LES PILIERS DES RELATIONS BILATERALES
Lors de l'entretien de mercredi, M. Xi a déclaré que le respect mutuel, la coexistence pacifique et la coopération mutuellement bénéfique sont les leçons que les deux parties ont tirées de 50 ans de relations bilatérales, ainsi que des conflits entre grands pays au cours de l'histoire.
Pour la Chine et les Etats-Unis, se tourner le dos n'est pas une option, a-t-il dit, ajoutant qu'il n'était pas réaliste pour une partie de pouvoir remodeler l'autre et que le conflit et la confrontation avaient des conséquences insupportables pour chacun.
Depuis l'établissement des relations diplomatiques sino-américaines, "les liens entre les deux pays se sont multipliés et nos relations se sont élargies et approfondies. Elles se sont enrichies", a noté Jim Herlihy, fondateur et producteur exécutif du podcast The San Francisco Experience.
"Mais nous devons aussi les cultiver et les entretenir. Comme pour toutes les bonnes relations, il faut les travailler", a-t-il ajouté.
Au cours de sa rencontre avec M. Biden, M. Xi a appelé les deux parties à développer ensemble une perception juste et être des partenaires qui se respectent mutuellement et coexistent en paix, à gérer ensemble leurs divergences de manière efficace, à faire progresser ensemble une coopération mutuellement bénéfique, à assumer ensemble leurs responsabilités en tant que grands pays à résoudre les problèmes auxquels est confrontée la société humaine et à promouvoir ensemble les échanges entre peuples.
"Les cinq piliers énoncés par le président Xi devraient être à la base des relations entre les Etats-Unis et la Chine", a jugé Tom Watkins, ancien conseiller du Michigan-China Innovation Center.
"Ces principes, ou piliers, constituent une base solide sur laquelle la Chine et les Etats-Unis devraient pouvoir forger un grand avenir pour le peuple chinois, les Etats-Unis et l'ensemble de l'humanité", selon lui.
"Tous les grands problèmes mondiaux finiront sur le devant de leur porte et il est impératif que les Etats-Unis et la Chine transcendent leurs différences et s'attaquent aux grands problèmes mondiaux", a ajouté M. Watkins.