Beaucoup de Heiyi Zhuang conservent encore la tradition de porter des vêtements noirs dans le comté de Napo, dans la Région Autonome Zhuang du Guangxi. [Huo Yan / China Daily] |
Les membres des Heiyi (黑衣, vêtements noirs) du groupe ethnique Zhuang conservent encore leur mode de vie traditionnel. Mais les villageois craignent qu'il ne soit en train de disparaître.
Le village de Dawen est niché dans les montagnes, près de la frontière entre la Chine et le Vietnam. La ville la plus proche est Longhe, dans le Comté de Napo, à deux heures de route.
Le village abrite les Heiyi des Zhuang.
L'ethnie Zhuang, avec une population de 15 millions de personnes, est le plus grand groupe ethnique de Chine après les Chinois Han. Sur les 12 branches de l'ethnie, les Heiyi sont les seuls qui ont conservé leur mode de vie traditionnel.
Ce peuple confectionne et porte des vêtements et des cagoules noirs. La légende veut que la couleur indigo protégeait autrefois leurs ancêtres contre les monstres dans les forêts sombres.
Les chemins de montagnes cahoteux et une topographie de montagne complexe furent dans le passé des barrières naturelles contre le chaos des guerres, mais aujourd’hui elles le sont aussi pour la prospérité de la société moderne actuelle.
Les ancêtres des villageois actuels ont fui de Nanning, capitale de la Région Autonome Zhuang du Guangxi, vers le petit bassin situé le long de la vallée de la rivière Youjiang, sous la Dynastie des Qing (1644-1911).
Le seul accès à Dawen est un chemin de montagne raide et caillouteux qui court au sommet d’une falaise.
La place du village est un terrain de basket avec des panneaux rouillés, désormais utilisés comme séchoirs à linge. D'un côté de la cour se trouve une clinique et une grande cour, en partie délimitée par trois bâtiments de deux étages en bois.
Selon Liang Jincai, le portier de la cour, c'est un musée financé par un programme conjoint des Gouvernements chinois et norvégien.
Le musée a été construit en 2008 par les villageois de Dawen. La plupart des pièces ont été apportées par les villageois, comme des articles d'usage quotidien.
M. Liang, 75 ans, un chef de village à la retraite, travaille dans le musée dont il est le seul employé.
Il est également le chef des rites. Mais son rôle s’affaiblit.
“Les villageois m'invitent pour accomplir des cérémonies religieuses et chanter des sutras seulement quand il y a un mort dans la famille. Bien que mon fils aîné va reprendre le flambeau, je ne pense pas que cet honneur familial sera transmis à mon petit-fils”, dit-il.
“Mes quatre filles et mes deux fils sont tous dans le Guangdong, comme les autres jeunes du village. Ils ne reviennent à la maison que pendant la Fête du Printemps”.
Ses inquiétudes ne sont pas sans fondement.
Un tiers des maisons anciennes ont été remplacées par de nouveaux bâtiments, grâce à l'argent envoyé par les jeunes qui travaillent en ville.
Ceux qui vivent encore dans le village sont essentiellement des femmes, des enfants et des personnes âgées.
Les bâtiments d’habitation en adobe sont généralement constitués de trois étages et construits avec du bois, de la terre et des carreaux de faïence noire de fabrication artisanale.
Le premier étage est utilisé pour élever les bovins, les porcs, les poulets et les canards. Le deuxième étage est composé de deux ou trois chambres à coucher, d’une salle à manger et d’une cuisine avec une petite pièce destinée au temple ancestral familial au milieu. Le troisième étage est réservé au grenier pour stocker les céréales, les semences et la nourriture.
“Nous avions l'habitude de faire presque tout ce qu'il nous faut -le tissu, la nourriture, l’alcool, les meubles, le savon, tout. Nous élevions du bétail pour cultiver la terre, des porcs pour produire de l’engrais, des poulets et des canards pour échanger contre du sel dans un bazar local”, dit Ma Qingjing, âgé de 42 ans.
Son mari travaille en tant qu’ouvrier de la construction dans le Guangdong, tandis qu'elle s'occupe de leurs deux enfants, de ses parents et de deux parcelles de champ de maïs dans les montagnes.
“Les jeunes ne croient plus dans les dieux -dans les pierres, les rivières, les montagnes, la terre, le bétail. Tant que nous le faisons, je ne le leur reproche pas, je suppose que pour eux, l'argent, les connaissances et les villes sont leurs dieux. Nos chansons, nos danses, nos langues et nos sutras seront perdus un jour, puisqu’ils mènent une vie différente”, dit M. Liang.
Une autre coutume mortuaire sont les rites funéraires anciens.
Selon les rites traditionnels, la famille doit déterrer les ossements des morts trois ans après leur enterrement et laver les os un par un, les mettre dans une jarre de porcelaine et l’enterrer dans un nouveau lieu. La tombe doit être couverte par des rangées de tuiles.
C'est aussi une grande inquiétude pour M. Liang. “J'espère que je pourrai être enterré comme dans les temps anciens. Sinon, je ne pourrai pas profiter d'une vie paisible dans l'autre monde”.