Dernière mise à jour à 20h07 le 01/07
A quoi ressemblait le repas d'un marquis chinois il y a plus de 2000 ans ? Les objets mis au jour dans les tombes du site de Mawangdui, à Changsha, capitale de la province chinoise du Hunan (centre), nous donnent une réponse.
Bouillir, cuire à la vapeur, griller, frire et sauter, autant de techniques de cuisson, avec une dizaine d'assaisonnements tels que le poivre, le gingembre et la cannelle de Chine pour créer plus d'une centaine de plats délicieux, le tout agrémenté d'une vaisselle raffinée et servi avec différentes sortes de vins...
Voici le faste de la table à manger de la famille de Li Cang, "Premier ministre" du feudataire Changsha des Han occidentaux (206 av. J.-C. - 25 apr. J.-C.).
UNE ALIMENTATION EQUILIBREE
Derrières les vitrines de l'exposition des tombes des Han de Mawangdui dans le musée provincial du Hunan, on peut voir les ossements de six espèces d'animaux, dont le lapin, le cochon, le cerf, le bovin jaune et le mouton, et ceux de douze espèces d'oiseaux tels que l'oie sauvage, la poule et le canard, ainsi que des restes de différents types de poissons.
Ces restes reflètent le niveau du développement agricole de l'époque, où les gens enrichissaient leur vie en domestiquant et en chassant les animaux pour en faire des mets délicats, explique Bu Nan, guide du musée.
Onze sacs de céréales, dont du riz, de l'orge et du soja, ont été déterrés de la tombe de la marquise de Dai, épouse de Li Cang, et la plus grande quantité était du riz. Outre les aliments de base, il y avait également des fruits de saison comme les jujubes, les oranges, les prunes et les bibaces, ainsi que des légumes comme les pousses de bambou, les racines de lotus, le céleri et les oignons nouveaux.
"Il est évident que la nourriture de la famille était non seulement riche en variété, mais prêtait également attention à la combinaison de viande et de légumes et avait une nutrition équilibrée", déclare Mlle Bu.
Lors du déterrement de la tombe de la marquise de Dai, un récipient en laque contenant une soupe de racine de lotus a été découvert. Dès qu'il a été transmis à l'extérieur de la tombe, les morceaux de racine de lotus se sont rapidement dissous. Heureusement, un photographe avait pris une photo de la soupe.
UN LARGE EVENTAIL DE SAVEURS
D'après Yu Yanjiao, chercheuse au musée provincial du Hunan, 722 rouleaux de bambou ont été découverts dans les tombes de Mawangdui, dont plus de 350 concernaient la nourriture et les ustensiles de cuisine. En outre, plus d'une centaine de plaques de bois ont été mises au jour, dont plus de 70 étaient accrochées sur les récipients en bambou pour identifier les noms des aliments contenus au-dedans.
Selon les "Recettes de la famille du Marquis de Dai" exposées dans la salle d'exposition, les méthodes de cuisson des aliments enterrés comprenaient des techniques de cuisson qui consistaient à bouillir, rôtir, frire et cuire à la vapeur, entre autres.
Les plats tels que les barbecues et les pots au feu, qui sont populaires aujourd'hui, étaient déjà appréciés il y a plus de deux mille ans.
L'assaisonnement est important pour avoir une bonne saveur. Parmi les épices découvertes dans les tombes des Han de Mawangdui figurent le poivre du Sichuan, la hiérochloé odorante, la cannelle de Chine, etc. La cuisine de la dynastie Han avait un large éventail de saveurs, d'après Mlle Bu, les épices exhumées, telles que le soja fermenté et le gingembre, montrent que la région avait une longue histoire de préférence pour les saveurs relevées.
MILLE COUPES AU BANQUET
Cinq petits plats en laque contenant de la nourriture, une paire de baguettes, deux Zhi en laque (récipient pour alcool) et une coupe à oreilles étaient disposés sur un plateau en laque au moment de l'exhumation de la tombe de la marquise de Dai. Ces objets sont tous disposés en fonction de la scène de festin durant la vie de la marquise.
En plus de la bonne nourriture, l'alcool est également indispensable pour festoyer. L'un des récipients pour conserver la boisson alcoolique a été mesuré par les experts comme ayant une capacité de 19,5 litres. Avec une telle capacité, se pourrait-il que les anciens n'aient pas pu s'enivrer avec mille coupes ?
D'après Mlle Bu, la boisson alcoolisée était fabriquée à partir de céréales et de fruits fermentés, sa teneur en alcool était faible et son goût n'était pas prononcé, ce qui explique que les anciens pouvaient en boire de grandes quantités sans être ivres.
Outre les récipients de boisson, les différents services de table des tombes témoignent également des rituels alimentaires et du mode de vie raffiné du début de la dynastie Han, a déclaré Mme Yu. "Tant les objets excavés que les recettes montrent que notre culture culinaire s'était développée à un haut niveau à l'époque, ce qui nous fournit une riche source pour de nouvelles recherches sur la culture traditionnelle."
