A Lyon, en France, la direction des Universités de Lyon 1 et Lyon 3 vient tout récemment d'envoyer un courriel à environ 50 000 étudiants, membres du corps professoral et du personnel, en leur demandant d'être vigilants pour empêcher un ou des prédateurs de continuer à harceler les femmes. En particulier, le message a mis en garde les jeunes étudiantes et les professeurs femmes de ne pas de sortir seul sans partenaire, et d'être vigilantes. Le fait que la direction d'une université envoie ce genre message, et sur une telle échelle, est la première du genre en France.
La raison de ce courriel envoyé par l'université est une succession d'agressions sexuelles intervenues depuis octobre 2012 : cinq agressions sexuelles et viols ont eu lieu dans le huitième arrondissement de la ville de Lyon, a dit la police. La plus récente de ces agressions s'est produite à la fin de janvier de cette année. Il semblerait que l'auteur de ces forfaits soit une seule et même personne. Les principales cibles du criminel sont des femmes d'une vingtaine d'années. Ces agressions se sont généralement produites au milieu de la nuit, le ou les criminels ayant utilisé un cutter pour forcer les victimes à se soumettre à leur volonté, frappant même leurs victimes. À l'heure actuelle, l'enquête sur l'affaire est toujours en cours.
En ce qui concerne la direction des Universités de Lyon 1 et Lyon 3, ce genre d'évènements les a convaincus d'agir. Il est vrai que l'Ecole de Médecine de l'Université Lyon 1 se trouve dans le huitième arrondissement, et qu'un bâtiment de l'Université de Lyon 3 est également dans le huitième arrondissement. Pour se protéger, protéger leurs propres étudiants et des professeurs, éviter que ce fléau s'aggrave, il fallait intervenir. Et afin d'assurer cette protection, le meilleur moyen est de renforcer la transparence sur ce sujet, afin que les étudiants et les professeurs connaissent l'existence des dangers qui rôdent autour d'eux et se montrent vigilants pour prévenir la survenance d'autres événements tragiques.
En France, les cas de viols ne sont pas une première. Ainsi, une contrôleuse des trains avait été violée en 2005, et cet événement avait même conduit à une manifestation des employés des chemins de fer. Je me souviens d'un débat télévisé entre deux candidats à la présidentielle française de 2007, et il y avait eu une discussion sur le sujet du viol entre les deux candidats. La candidate de gauche, Ségolène Royal, face à celui était alors encore ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, l'avait accusé d'être inefficace pour traiter ce problème menaçant l'ordre social, et même demandé pourquoi la police ne pouvait pas envoyer des policiers pour raccompagner les femmes jusque chez elles. Cela montre que la lutte contre ce crime qu'est le viol est bien une préoccupation de la société et du public français, mais que c'est aussi une question embarrassante pour la justice française. Dans tous les cas, un violeur est bien encore en liberté dans un quartier de Lyon après avoir commis cinq crimes sans être capturé ; pour la police de Lyon, il n'est pas exagéré de dire que c'est une honte.
Cette affaire ne manque pas de nous rappeler la tragédie du viol collectif survenu récemment dans un bus en Inde. Si les universités indiennes avaient également pu à ce moment, comme l'Université de Lyon, faire preuve de responsabilité, et donner des conseils en temps opportun à un grand nombre d'étudiants au sujet des dangers qui peuvent se trouver autour d'eux ainsi que des stratégies pour y faire face, peut-être aurait-on pu être en mesure d'éviter à une jeune étudiante de 23 ans du département de médecine de l'Université de Delhi, d'être victime d'un tragique viol collectif. L'on voit combien combien il est important d'utiliser Internet et les outils électroniques modernes pour diffuser des avertissements de danger en temps utile.
Si l'Université de Lyon n'avait pas émis ce genre d'avertissement, se contentant de considérer le viol comme une chose inévitable, et même à supposer que la police soit en mesure à elle seule de résoudre le problème, alors, le ou les violeurs aurait eu encore plus de liberté pour agir, et peut-être que le nombre de jeunes femmes victimes aurait augmenté. C'est dire si la décision prise par les dirigeants de l'université lyonnaise est non seulement utile, mais aussi très juste.
La lutte contre le crime n'est pas de la seule responsabilité de la police, mais aussi de tous les départements, entreprises et individus qui doivent être vigilants. Et c'est seulement quand les dirigeants considèreront la sécurité en tant que leur problème personnel que l'on pourra être en mesure de maintenir l'ordre social. C'est peut-être l'avertissement que l'Université de Lyon nous donne à tous.
Ren Yaqiu