Il y a deux jours, une nouvelle est arrivée de Libye : un ingénieur français a été tué par des hommes armés non identifiés dans le centre-ville ville de Benghazi, dans l'Est de la Libye. Le Ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a immédiatement condamné l'assassinat de Patrice Réal, le qualifiant de comportement « méprisable », et exigeant que les auteurs soient traduits en justice. Le Parquet de Paris a également ouvert une enquête sur la question.
Avant d'être assassiné, Patrice Réal participait au projet de rénovation et d'expansion du Centre médical de Benghazi. On peut se demander pourquoi ce projet semble être devenu une épine dans le pied des terroristes : en juillet 2013 déjà, le chef de projet avait échappé de justesse à un assassinat, et finalement été contraint de quitter la Libye.
Quand on regarde les statistiques, on se rend compte que, cette année, il y a déjà eu deux cas d'étrangers assassinés en Libye. En janvier, à plus de 100 km à l'ouest de la capitale libyenne Tripoli, un Anglais et un Néo-Zélandais ont été tués sur une plage. Et il y a une semaine, des gens ont découvert les corps de sept chrétiens égyptiens sur une plage près de Benghazi.
Par coïncidence, le même jour où l'ingénieur français a été abattu, une foule a pris d'assaut le siège du Congrès général national libyen, y a pénétré par la violence, et blessé deux de ses membres par arme à feu. Cela montre combien la situation actuelle de la sécurité est troublée en Libye.
Actuellement, les groupes armés sont nombreux en Libye. Certains groupes extrémistes islamiques ont profité de l'occasion pour se révolter. Il y a des attentats à la bombe ou des assassinats presque tous les jours. En plus des attaques sur les étrangers, les forces de sécurité gouvernementales sont également souvent prises pour cible. Le lendemain où l'ingénieur français a été tué, deux membres des forces de sécurité ont été assassinés dans le centre-ville de Benghazi.
Les contradictions internes au plus haut niveau ont créé un vide du pouvoir. Du fait de disputes internes au Parlement, aucun accord n'a jusqu'à présent été trouvé sur les élections législatives et les élections présidentielles. Il y a une forte opposition entre le Parlement et le gouvernement et, on a même vu le Parlement demander la démission du Premier ministre. Jusqu'à présent, il n'y a pas de forces unifiées de police professionnelles, ni même d'armée professionnelle unifiée en Libye ; les différentes factions armées ne peuvent pas constituer une force de dissuasion, et il n'y a pas moyen d'assurer une intervention efficace en ce qui concerne les problèmes de sécurité. Tout conduit à l'agitation sociale et au chaos en matière de sécurité que l'on voit actuellement.
Une conférence internationale ministérielle d'aide à la Libye s'est tenue aujourd'hui à Rome. Les pays concernés, en particulier les puissances occidentales, vont étudier la façon d'aider la Libye à émerger du chaos dans lequel elle est actuellement plongée.
Que les puissances occidentales soient prêtes à aider la Libye est certainement une bonne chose. Mais ont-ils pensé à ce problème : quelle est la cause de la situation actuelle en Libye ? Comme nous le savons tous, en 2011, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et d'autres pays sont directement intervenus militairement en Libye, provoquant la chute rapide du régime de Kadhafi. Mais en même temps que l'Occident s'est débarrassé de Kadhafi, il a également détruit l'ensemble du système de gouvernance de la Libye. L'ancien système a disparu, mais aucun nouveau système n'a été établi. La volonté de l'Occident d'imposer une démocratie de style occidental sans tenir compte des conditions nationales et du niveau de développement social de la Libye ne pouvait qu'apporter anarchie et chaos. En conséquence, certains pays occidentaux n'arrivent même plus à protéger leurs propres institutions et leurs propres citoyens à l'étranger.
On peut ainsi dire que l'Occident est responsable de la situation actuelle en Libye. Il ne peut pas se contenter de prendre le pétrole libyen tout en abandonnant ce pays à son sort, et devrait augmenter son aide économique et financière à la Libye, moins s'ingérer dans ses affaires intérieures, faire davantage pour aider au renforcement et à la formation des forces de sécurité locales, et investir dans les domaines de l'éducation, des soins de santé, etc.
Il faut bien comprendre que le chaos en Libye risque de créer des troubles dans les pays voisins, qu'il aura des conséquences sur la situation régionale, et donnera aux extrémistes islamiques une occasion d'en profiter. La Libye est devenue une épine dans le flanc de l'Afrique du Nord. C'est une blessure qui doit absolument être traitée.
Auteur : Ren Yaqiu
Date : le 6 mars 2014