Dernière mise à jour à 08h32 le 06/12
Le Premier ministre français Edouard Philippe a placé au cœur du débat parlementaire le système des impôts, les services publics, les transports et la transition écologique de la France, ce mercredi, au lendemain de son annonce de la suspension de taxes pour apaiser un climat social sous tension.
Les députés étaient invités à débattre sur "la fiscalité écologique et ses conséquences sur le pouvoir d'achat" à la suite de la suspension pour six mois des taxes fiscales annoncée la veille par M. Philippe en réaction aux graves violences commises à Paris et dans plusieurs villes de France, lors de la journée de mobilisation des "gilets jaunes" samedi dernier.
A propos des impôts, le chef du gouvernement a souligné que les Français voulaient que "l'impôt baisse".
"La France est le pays le plus endetté, le pays où il y a le plus d'impôts. Nous dépensons toujours plus, mais jamais le sentiment d'abandon n'a été aussi grand. Il y a quelque chose qui ne va pas. Oui, nous payons des impôts et des taxes en France, et en contrepartie nous avons un niveau de service public rarement vu ailleurs", a-t-il indiqué, ajoutant qu'il fallait "ouvrir un débat sur les impôts et la dépense publique".
"Ce débat doit permettre de ramener un peu de sérénité et de vérité sur un sujet hautement passionnel. Mais ce débat ne doit pas se traduire par de nouvelles taxes et plus de déficit", a-t-il précisé.
Concernant des trajets entre le domicile et le lieu de travail de nombreux Français dont des habitants en zone rurale, le Premier ministre français a déclaré avoir demandé "aux deux ministres en charge de rassembler les partenaires sociaux de l'évoquer".
"D'ici six mois, nous devrons apporter des solutions concrètes", a-t-il indiqué.
En ce qui concerne la transition écologique, M. Philippe a expliqué que : "Le gouvernement a fait des propositions, peut-être sont-elles insuffisantes. le mieux, c'est d'en parler avec les Français, les professionnels, avec les élus, et en particulier les maires. Nous y sommes prêts".
Evoquant la mobilisation des "gilets jaunes", il a reconnu la "colère" qui s'est exprimée tout en condamnant la violence, parfois extrême, en marge des rassemblements.
Le 17 novembre dernier, plus de 300 000 Français manifestaient en France pour exprimer leur colère, "sous une forme inédite", a-t-il rappelé.
"Ce débat est l'occasion de regarder cette colère en face, de l'interroger et de la comprendre (...) C'est pourquoi nous avons pris avec le président de la République la décision de suspendre pour six mois la mise en œuvre des mesures fiscales sur les carburants et les tarifs de l'énergie", a expliqué le Premier ministre.
Selon lui, suspendre les taxes n'est pas pour endormir mais pour "débattre et trouver les mesures d'accompagnement les plus justes".
"Si nous ne trouvons pas ces mesures, nous ne rétablirons pas ces taxes. Si un accord intervient, nous l'inscrirons dans le projet de loi finances rectificatif prévu au printemps", a-t-il déclaré.
A propos des graves violences qui ont éclatées en marge des manifestations, notamment à Paris où l'Arc de Triomphe, symbole de la République française, a été vandalisé, ainsi que des véhicules de riverains incendiés et des commerces pillés aux abord de la place de l'Etoile et des Champs-Elysées, M. Philippe a fait preuve d'une fermeté, indiquant que "toute personne prise en flagrant délit de violences ou de dégradations" sera interpelée.