Dernière mise à jour à 10h30 le 03/06
Tim, 36 ans, travaille dans un magasin à Londres. Il est l'un des 5,6 millions de demandeurs du crédit universel du Royaume-Uni, l'une des principales prestations de sécurité sociale britanniques. A mesure que le coût de la vie augmente et que les salaires restent inchangés, il se demande comment joindre les deux bouts.
"Je suis vraiment inquiet de ce que pourraient être les prochains mois, car le coût de la vie augmente de plus en plus. J'essaie de tirer le meilleur parti de la situation, mais j'ai déjà dû recourir à une banque alimentaire", explique-t-il.
Il a décidé d'éteindre le chauffage de son appartement pour économiser de l'argent, et s'est résolu bon gré mal gré à se passer de certains types de nourriture. "Pour que les choses changent, le gouvernement doit augmenter les prestations de sécurité sociale afin que tout le monde puisse mettre de la nourriture sur la table", déclare-t-il.
La hausse du coût de la vie touche de nombreux citoyens britanniques, qui luttent notamment pour faire face à la hausse des prix des denrées alimentaires et à l'augmentation des factures énergétiques. Le crédit universel s'élève à 334,91 livres sterling (420 dollars américains) par mois pour les célibataires âgés de 25 ans et plus, mais beaucoup se demandent si cela suffira.
De fait, l'inflation tend de plus en plus à devenir un facteur d'endettement pour les ménages, a noté l'organisation caritative britannique StepChange.
"Ce que nous voyons aujourd'hui, ce sont des gens qui s'endettent, et évoquent notamment le coût de la vie comme facteur majeur. Ils n'ont tout simplement plus assez d'argent pour joindre les deux bouts. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une politique publique pour les aider", a déclaré à Xinhua Sue Anderson, porte-parole de StepChange.
"Les personnes à faibles revenus consacrent la plupart de leurs dépenses aux nécessités de base comme les factures d'énergie, qui dépassent le taux d'inflation général", explique-t-elle.
Les personnes seules sont les plus susceptibles d'être gravement touchées, en particulier celles qui n'ont pas de réseau de soutien familial.
"La hausse des taux d'intérêt et la spirale de l'inflation ont érodé le revenu disponible des ménages au cours des derniers mois, avant même que les effets du plafonnement des prix de l'énergie n'ait pu se faire sentir", a affirmé Richard Lane, directeur des affaires extérieures chez StepChange.
Les banques alimentaires ont signalé une augmentation du nombre de personnes jouissant d'un emploi mais devant se tourner vers elles pour obtenir de l'aide. Les chiffres publiés par l'association caritative Trussell Trust montrent que plus de 2,1 millions de colis alimentaires avaient été distribués à des personnes en difficulté financière à travers le pays entre avril 2021 et mars 2022.
Il s'agit d'une augmentation de 14 % par rapport à la même période en 2019-2020, c'est-à-dire avant la pandémie, a déclaré l'organisme de bienfaisance.
Les prix des locations privées augmentent également à un rythme record, bondissant de 14 % à Londres en avril en glissement annuel, et de plus de 19 % dans d'autres grandes villes du nord. C'est "le marché locatif le plus compétitif de tous les temps", a indiqué le site immobilier Rightmove.
Crisis, un organisme caritatif spécialisé dans le logement, a indiqué que de nombreux individus seraient "poussés au sans-abrisme" par leur incapacité à payer leur loyer, et des experts prédisent que le Royaume-Uni se dirige vers sa plus forte baisse de niveau de vie depuis les années 1950.
La Resolution Foundation, un groupe de réflexion économique, avait déjà averti en mars que 1,3 million de Britanniques risquaient d'être acculés à la pauvreté absolue en raison de la hausse du coût de la vie.