Dernière mise à jour à 09h10 le 12/07
Les révélations du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) sur l'implication du président français Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, dans l'implantation d'Uber, compagnie de VTC (voiture de transport avec chauffeur) américaine en France, font réagir récemment ses opposants.
Selon cette enquête parue dimanche dernier, Emmanuel Macron, ancien ministre de l'Economie de 2014 à 2016 sous François Hollande, a été un soutien important de la société américaine de location de voiture avec chauffeur, Uber, qui cherchait à l'époque à consolider ses positions en France tout en "ignorant les réglementations en vigueur".
"Plus qu'un soutien, Emmanuel Macron a été quasiment un partenaire" d'Uber, a indiqué Le Monde, un des journaux partenaires du Consortium qui a révélé dans son enquête les agissements "en coulisse" de M. Macron pour faciliter l'implantation d'Uber, qui "tentait d'imposer une dérégulation du marché".
L'enquête dénommée "Les Uber Files", a révélé que des rencontres "secrètes" avaient eu lieu entre M. Macron et le PDG d'Uber ainsi que de nombreux échanges avec les Lobbyistes d'Uber entre 2014 et 2016.
Ces tractions entre le ministre de l'Economie ou ses conseillers et la firme américaine auraient abouti à un accord sur "l'allègement des conditions d'obtention des licences VTC", en échange de l'arrêt de sa plateforme controversée : Uber "Pop".
Dans un SMS reconstitué par le journal britannique The Guardian, Maxime Drouineau, lobbyiste pour Uber déclare à ses collègues : "Nous nous sommes mis d'accord avec Emmanuel Macron sur un process en deux temps : Premièrement, proposer un ou plusieurs amendements à la loi Macron. Deuxièmement, Nous avons une fenêtre de quatre semaine pour mener une campagne de communication avec Macron pour faire accepter l'idée qu'une licence VTC light serait une solution pour l'emploi et la modernité."
Le Lobbyiste interpelle également l'ancien ministre de l'Economie, dans un autre SMS sur la position du Premier ministre d'alors, Bernard Cazeneuve. "Peut-on faire confiance à Caz (Cazeneuve)? Nous avons eu une réunion hier avec le Premier ministre. Cazeneuve va faire taire les taxis et j'alignerai tous le monde la semaine prochaine pour préparer la réforme et la bonne loi".
Ces liens étroits entre l'ancien ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, et une société privée ont été vivement critiqués par les opposants de l'actuel président français. "Il a osé trafiquer dans le dos du gouvernement Hollande de l'époque, contre son Premier ministre, a reçu en coulisse le PDG de Uber et ses adjoints. Il leur a demandé même d'écrire des amendements au lieu de penser à la protection des Français", a dénoncé sur RMC, le secrétaire général du Parti communiste français, Fabien Roussel.
Alexi Corbière, député de la France insoumise (gauche) a critiqué le rôle de lobbyiste d'Emmanuel Macron dans cette affaire. "Le président ou celui qui va être président ne peut pas être un lobbyiste au service d'intérêts privés et d'une entreprise nord-américaine qui a plus que des délicatesses avec les Etats-Unis et cherche à contourner les réglementations", a indiqué l'élu sur Public Sénat.
M. Corbière a émis l'idée d'une commission d'enquête à l'Assemblée nationale sur cette affaire. "Il faut urgemment qu'on puisse faire la clarté là-dessus et en tirer les conséquences", a-t-il expliqué.
Mais pour la présidente du groupe Renaissance (majorité présidentielle) à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé, "Il n'y a pas de deal", ni "de contreparties" dans ce dossier entre Uber et l'ancien ministre de l'Economie. Emmanuel Macron "faisait son travail, heureusement que nos ministres peuvent faire en sorte que des entreprises s'implantent en France", a déclaré Mme Bergé ce lundi sur Cnews.