Dernière mise à jour à 08h54 le 13/10
Faute de gaz russe à cause du conflit en Ukraine, l'Union européenne (UE) a nettement augmenté ses achats de gaz naturel liquéfié (GNL) auprès des Etats-Unis et de la Norvège, mais à un prix excessif qui a exaspéré les premières économies en Europe, la France et l'Allemagne.
S'exprimant lundi devant l'Assemblée nationale, le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a tiqué sur le prix excessif du GNL importé des Etats-Unis. Selon lui, ces derniers vendent leur GNL "quatre fois le prix auquel" ils le vendent aux acheteurs américains.
Dans un rapport, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a fait savoir qu'en 2021, l'UE avait importé 155 milliards de mètres cubes de gaz naturel de Russie, soit environ 45% des importations de gaz de l'UE.
Depuis l'imposition de sanctions contre la Russie, l'UE s'est tournée vers les Etats-Unis pour l'approvisionnement en GNL.
Au cours du premier semestre 2022, les exportations de GNL américain ont déjà atteint 27 millions de tonnes, largement plus que les 21 millions de tonnes pour toute l'année 2021, a noté le Groupe international des importateurs de GNL (GIIGNL).
M. Le Maire a averti les députés français que cela pourrait "se solder par une domination économique américaine et un affaiblissement européen". Il a insisté sur la nécessité de "trouver des relations économiques plus équilibrées sur la question énergétique entre nos alliés américains et le continent européen".
Le président français Emmanuel Macron avait lui aussi exprimé auparavant son mécontentement face au prix du GNL importé des Etats-Unis et de Norvège.
"On va dire avec beaucoup d'amitié à nos amis américains, nos amis norvégiens : 'Vous êtes super, vous nous fournissez de l'énergie, du gaz, mais il y a un truc qui ne peut pas marcher très longtemps, c'est qu'on ne peut pas payer, nous, le gaz quatre fois plus cher que vous, vous le vendez à vos industriels'", avait-il lancé au début du mois.
Le ministre allemand de l'Economie et de la Protection du climat, Robert Habeck, a également critiqué mercredi les prix "excessifs" du gaz pratiqués par certains fournisseurs "amis", comme les Etats-Unis.
"Certains pays, mêmes amicaux, proposent parfois des prix astronomiques. Cela entraîne naturellement des problèmes, dont nous devons parler", a indiqué M. Habeck au quotidien régional Neue Osnabrücker Zeitung (NOZ).
Les prix du gaz en Europe sont deux fois plus élevés qu'avant le début du conflit russo-ukrainien.
"Les Etats-Unis se sont tournés vers nous lorsque les prix du pétrole ont explosé, alors même que l'Europe puisait déjà dans ses réserves nationales de pétrole. Je pense qu'une telle solidarité serait également utile pour amortir les prix du gaz", a estimé M. Habeck.
Le gaz russe qui circulait auparavant dans l'important gazoduc Nord Stream 1 n'est plus acheminé vers l'Allemagne depuis fin août. La semaine dernière, des fuites majeures y ont été découvertes après que le service sismologique norvégien a enregistré plusieurs explosions. La Russie et les Etats-Unis se sont mutuellement accusés de sabotage après l'incident.
L'Allemagne, la plus grande économie d'Europe, dépend fortement du gaz d'importation. L'an dernier, 95% du gaz naturel qu'elle a consommé était importé, selon l'Office fédéral des statistiques (Destatis) du pays.