Dernière mise à jour à 08h47 le 06/01
En grève depuis trois semaines, les médecins généralistes ont manifesté jeudi à Paris. Menée par le collectif "Médecins pour demain", la manifestation nationale a réuni quelques milliers de personnes.
Comme lors du mouvement de décembre dernier, un "front commun historique" réunissait les organisations syndicales de médecins, la Fédération des médecins de France (FMF), le Syndicat des médecins libéraux (SML), Jeunes médecins et l'Union française pour une médecine libre (UFML) et le collectif "Médecins pour demain". Apparu sur Facebook, se revendiquant "asyndical et apolitique", ce groupe compte à présent plus de 16.000 membres. Il s'agit d'un groupe de "médecins libéraux ou non, syndiqués ou non" qui souhaitent faire reconnaître la valeur de leur métier à commencer par une consultation de base à 50 euros.
Au point de rendez-vous devant le Panthéon, célèbre monument parisien, ils sont venus, souvent en blouse blanche, défendre la médecine de ville. "On vous soigne, soignez-nous", "médecine au rabais = santé en danger", pouvait-on lire sur les bannières, au son des vuvuzelas et de la grosse caisse, dans une ambiance calme. Le cortège, parti vers 14H00 heure locale (13H00 GMT) de la place du Panthéon, s'est dirigé vers le ministère de la Santé, où des représentants devaient être reçus.
Le docteur Nicolas Hirth, médecin généraliste à Trégastel, une commune française située dans le département des Côtes-d'Armor en Bretagne (ouest), fait partie du noyau de 20 médecins qui ont lancé le collectif "Médecins pour demain". Syndiqué depuis 2021 à l'UFML, il estime que les patients sont actuellement "en danger", et qu'il y a un "défaut de l'Etat dans tous les domaines", aussi bien à l'hôpital que dans la médecine de ville.
Concernant le travail au quotidien, les médecins de ville se disent écrasés par les tâches administratives. Pour le docteur Hirth, qui comptabilise 70 heures par semaine, "on nous donne des injonctions contradictoires : on nous demande de faire plus de soins, avec plus de qualité et en prenant plus de temps, ce n'est pas une bonne équation".
La revendication centrale du collectif concerne le doublement du tarif de base de consultation pour qu'il passe de 25 à 50 euros. Cette revalorisation aurait entre autres pour conséquence de redonner de l'attractivité à une médecine de ville qui ne séduit plus les jeunes. "La France forme beaucoup de médecins chaque année, mais il y en a 40 % qui ne s'installeront jamais en libéral parce que ce n'est pas attractif", déplore Nicolas Hirth.
Jean-Paul Hamon, médecin généraliste et président d'honneur de la Fédération des médecins de France, installé depuis 50 ans, était présent à la manifestation pour soutenir les jeunes médecins qui demandent "de pouvoir exercer dans des conditions correctes, d'avoir les moyens d'embaucher du personnel et de maintenir cette médecine libérale de proximité qui est indispensable si on veut que l'hôpital ne soit pas débordé".
En colère en raison de manque de réaction du gouvernement français face à "la désertification qui pourtant est annoncée depuis 20 ans", il dit espérer "une vraie négociation, pas une négociation au finish, qui ne s'étale pas sur des mois comme ils (le gouvernement) ont l'intention de le faire" alors qu'une délégation doit être reçue dans l'après-midi par le ministère de la Santé.
Michel, Parisien de profession libérale, n'est pas médecin. Il est venu se joindre au cortège pour défendre la médecine libérale. "Jusque dans les années 2000, on avait un système médical qui fonctionnait sur deux jambes puisqu'on avait une médecine de ville et une médecine hospitalière. Aujourd'hui, on a tout mis sur la médecine hospitalière parce qu'elle est soutenue par des syndicats qui ont une puissance de frappe très forte", a-t-il indiqué.
De son côté, le ministre de la Santé, François Braun, s'est déjà prononcé contre le passage du tarif de la consultation chez un généraliste de 25 à 50 euros, tout en se disant favorable à son augmentation. Interviewé jeudi matin sur France 2, il a mis en avant la nécessité d'un accord gagnant-gagnant, avec un accès à un médecin partout, y compris la nuit et le week-end.
Confronté à un système de santé en souffrance, le ministère de la Santé fait face à plusieurs fronts de contestation. Le syndicat FO-Santé a déposé mercredi un "préavis de grève illimitée" du personnel hospitalier à compter du mardi 10 janvier.
Après une première grève début décembre, le collectif "Médecins pour demain" avait appelé à la fermeture des cabinets médicaux après Noël, mouvement reconduit jusqu'au 8 janvier, et qui pourrait se poursuivre jusqu'à fin février.