Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Francophonie de la République démocratique du Congo (RDC), Raymond Tshibanda, a appelé dans un entretien à Xinhua jeudi soir en marge du 20e sommet de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba en Ethiopie, à un déploiement rapide de la force multinationale destinée à sécuriser l'Est du pays. Cette force approuvée par les Nations Unies et l'UA a pour objectif d'empêcher d'autres conflits armés en RDC, comme celui qui vient d'opposer le pouvoir congolais et le mouvement rebelle M23 que le ministre Tshibanda a accusé au passage de n'avoir pas respecté la ligne de retrait fixée par les accords de paix conclus récemment, affirmant que cette entorse rend la situation sécuritaire précaire.
Question : Monsieur le ministre, on en est-on au jour d'aujourd' hui avec le projet d'une force internationale à l'Est de la République démocratique du Congo ?
Réponse : Des progrès notables ont été accomplis, mais peut-être pas au rythme qu'exige la situation sur le terrain. C'est pour cela que je viens de lancer un appel pour l'accélération du processus pour qu'on puisse dans les semaines qui viennent commencer le déploiement, quitte à ce que les unités soient complétées au fur et à mesure que le processus se développera. Il vous souviendra qu'au mois de décembre dernier il s'est tenu une importante réunion ici même au siège de l'Union africaine, au cours de laquelle les Nations Unies, l'Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, la SADC et les pays de la région (Communauté de développement de l'Afrique australe, NDLR), ensemble avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux, avaient convenu, pour faciliter l' opérationnalisation de la force, d'en faire une brigade spéciale au sein de la MONUSCO (Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo, NDLR) en revoyant en termes de renforcement le mandat de cette dernière. La conviction de tous était qu'en optant pour cette formule on devrait plus rapidement arriver à traduire la force dans les faits. Je voudrais rappeler que le concept opérationnel a déjà été développé, adopté au niveau de la CIGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, NDLR), endossé par la SADC et les experts des Nations Unies qui l'ont examiné, ont trouvé qu'il constituait une bonne base et la proposition qu'ils ont faite part de ce concept. Puisque nous avons déjà eu l'occasion de discuter avec les Nations Unies sur les conditions que la CIGL considère comme essentielles pour garantir l'efficacité de cette option, puisqu' elle a été adoptée et que les Nations Unies disent que ces conditions ne leur posent pas de problème, nous en appelons à ce que très rapidement on mette cela en oeuvre. Surtout que les Etats de la SADC ont déjà disponibilisé la brigade en attente de la SADC, qu'elle est prête à être déployée.
Q : Une force de combien d'hommes ?
R : C'est un peu plus que 4 000, entre 4 000 et 5 000 hommes.
Q : Est-ce que l'armée congolaise a pu se redéployer à Goma et ses environs ?
R : Oui, au moment où nous parlons les Forces armées de la République démocratique du Congo sont à Goma et cela conformément à ce qui avait été convenu. Les chefs d'Etat de la région ont demandé au M23 de se retirer de Goma, il avait été aussi décidé que FARDC reviennent dans Goma. Je voudrais remarquer que le M-23 ne s'est pas retiré jusqu'à la distance qui lui avait été fixée par les chefs d'Etat, qui était de 20 km au Nord de Goma. Ils sont dans les environs de Goma, ce qui bien entendu rend précaire la situation.
Par Raphaël MVOGO