Pour la quatrième fois, la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) se retrouve jeudi dans la capitale tchadienne, pour évaluer aujourd'hui les progrès réalisés en République centrafricaine dont les fondements constitutionnels n'existent plus depuis le 24 mars 2013, conséquence d'un mouvement de rébellion ayant occasionné la chute du président François Bozizé.
Le 3 avril, les chefs d'Etat de la CEEAC se sont déjà retrouvés à N'Djaména, capitale du Tchad, pour condamner le changement du pouvoir par la force en RCA et, par la même occasion, n'ont pas reconnu le président autoproclamé, Michel Djotodia, "car ceci est contraire aux principes de l'Union africaine" .
Le sommet extraordinaire du 3 avril a préconisé un schéma de sortie de crise qui, tout en respectant la légalité, tient compte des réalités sur le terrain. Dans cette perspective, aucune force ne devait être exclue. Les ministres des Affaires étrangères de la CEEAC, les représentants de l'Union africaine, de l'Organisation internationale de la francophonie et des Nations Unies ont été dépêchés à Bangui, capitale de la RCA, pour porter le message des leaders de l'Afrique centrale, un "message fort et précis" , à ceux qui y assument la réalité du pouvoir, les responsables de la coalition Séléka.
"Tout ce que nous avons préconisé a été accepté. Sur le plan institutionnel, les choses ont sensiblement bougé" , a reconnu le président tchadien Idriss Déby Itno, en ouvrant les travaux de N'Djaména. Le Conseil national de transition (CNT) a été constitué, il sera chargé de rédiger une nouvelle Constitution et jouera le rôle législatif. Il choisira, pour une période transitoire n'excédant pas dix-huit mois, trois personnalités qui doivent assumer séparément les fonctions de chef de l'Etat, de président et de vice-président du CNT.
Alexandre Nguendet, élu à la tête du CNT, se trouve à N'Djaména, aux côtés du Premier ministre centrafricain, Nicolas Tiangaye. Michel Djotodia, lui, n'a pas été invité par les leaders de l'Afrique centrale qui ne le considèrent pas, ou pas encore, comme l'un des leurs.
Si à Bangui, beaucoup de chemin a fait sur le plan institutionnel, rien n'a bougé sur le terrain sécuritaire. "La question principale et préoccupante qui reste à traiter est celle de la sécurité. Selon différentes sources d'information, des bandes armées incontrôlées pillent, rançonnent et commettent sur tout le territoire national de la République centrafricaine" , a dénoncé le président Déby devant ses pairs.
Cette situation, dénoncée par une large opinion, tant centrafricaine qu'internationale, mérite une attention spéciale des pays de la CEEAC, selon le chef de l' Etat tchadien qui assure également la présidence en exercice de l'institution régionale. "Selon des informations provenant des responsables de la FOMAC (Force multinationale d'Afrique centrale, Ndlr), la coalition Séléka manque de cohésion et d'unicité des commandements des opérations" , a-t-il affirmé. Il a dénoncé les effectifs et les moyens financiers insuffisants des forces de la FOMAC, censées sécuriser Bangui et le reste de la RCA. Les autorités centrafricaines ont demandé à la Fomac 1.000 hommes supplémentaires.
Le président Déby compare la République centrafricaine à "une plaie au cœur de l'Afrique centrale" . "Malgré tous les remèdes prescrits au cours des crises que ce pays a connues, la plaie ne guérit pas en apparence. Il faut nous mobiliser très sérieusement pour mettre, je l'espère cette fois-ci, définitivement à cette situation d'instabilité récurrente" , a-t-il précisé.
Le sommet extraordinaire de N'Djaména qui réunit autour du président Déby, ses homologues gabonais Ali Bongo ONdimba, congolais Denis Sassou Nguesso, et sud-africain Jacob Zuma, finit jeudi soir. Il devra déboucher sur des "solutions concrètes et immédiatement réalisables", a averti le président en exercice de la CEEAC.