Le président de la transition de Madagascar, Andry Rajoelina, se trouve sur la liste des candidats à l'élection présidentielle rendue publique vendredi par la Cour électorale spéciale (CES), qui contient 41 noms.
Dans la liste, on note aussi le nom de Lalao Ravalomanana, épouse de l'ancien président Marc Ravalomanana, exilé en Afrique du sud, et celui de l'ancien président Didier Ratsiraka.
Dimanche dernier, la CES a arrêté une liste provisoire de 49 candidats, sur laquelle on ne trouvait le nom du président de la transition.
La Cour a indiqué que M. Rajoelina remplit toutes les conditions d'éligibilité exigées par les lois et règlements en vigueur pour pouvoir se porter candidat à l'élection présidentielle, tout en se disant "soucieuse du principe de la liberté de tout citoyen de se porter candidat à toutes les élections, afin de permettre à tout un chacun de choisir librement celui ou celle qui dirigera leur destinée, pour instaurer un climat d'apaisement permettant de tenir des élections justes, crédibles et acceptées par tous".
Auparavant, aucune information ne faisait mention de la candidature de M. Rajoelina. La présence de son nom sur la liste des candidats est surprenante d'autant plus qu'il avait promis à la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) de ne pas briguer la présidence.
En décembre 2012, la SADC, qui joue le rôle de médiateur dans la crise malgache, a invité les deux principaux protagonistes de la crise, Rajoelina et Ravalomanana, à ne pas se porter candidat à l'élection présidentielle, une étape cruciale pour ramener le pays à l'ordre constitutionnel. La proposition a été acceptée sucessivement par l'ancien président et le président de la transition.
Le 11 décembre 2012, M. Rajoelina a déclaré renoncer à sa candidature à la présidentielle et à n'importe quelle position lors des élections de 2013. Le 15 janvier, en confirmant sa non candidature à la présidentielle, il a affirmé avoir "pris cette décision après avoir murement réfléchi". "Je tiens ma parole que j'ai donné le 12 mai 2010 de ne pas être candidat à l'élection présidentielle", a-t-il dit dans un discours à la nation.
Sa décision a été saluée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et l'Union européenne (UE).
Jeudi, à la veille de la publication de la liste définitive par la CES, M. Rajoelina a déclaré que s'il avait pris la décision de ne pas se présenter aux élections, "c'est pour faciliter le processus de sortie de crise à Madagascar, mais également pour permettre à ses compatriotes de vivre heureux".
Il a toutefois déploré que "certains n'ont pas respecté les engagements qu'ils ont signés", faisant référence à la candidature de Lalao Ravalomanana, épouse de l'ex-président.
"La candidature de Lalao Ravalomanana sort du cadre du compromis intervenu en haut lieu. Avec cette candidature, on peut dire que c'est l'ex-chef de l'Etat lui-même qui se présente aux élections. J'aurais pu très bien agir pareillement en présentant ma femme à ma place et je suis sur qu'elle aurait été élue, mais la vie de la Nation n'est pas un jeu d'enfant".
Début avril, le parti Tanora Gazy Vonona (Jeunes Malgarches Prêts, ou TGV), parti de M. Rajoelina, a désigné Razafindravahy Edgard, maire d'Antananarivo, comme candidat du parti à la présidentielle.
Justifiant le maintien des candidatures de Lalao Ravalomanana et de Didier Ratsiraka, la CES a affirmé que leur absence sur le territoire malgache résulte de faits et circonstances indépendantes de leur volonté, les empêchant de jouir de leur droit fondamental de rentrer dans leur pays natal, et qu'ils ont maintes fois manifesté expressément leur désir et volonté de retourner à Madagascar.
Selon la loi organique relative à l'élection malgache, tout candidat doit résider physiquement sur le territoire de Madagascar depuis au moins six mois avant le jour de la date limite fixée pour le dépôt des candidatures et être domicilié sur le territoire de Madagascar au jour du dépôt du dossier de candidature.
Lalao Ravalomanana, exilée avec son mari depuis 2009, est rentrée à Madagascar en mars dernier. Pour sa part, M. Ratsiraka est rentré de son exil en France ce mois-ci.
Le premier tour de l'élection présidentielle malgache est prévu le 24 juillet prochain et le deuxième tour, en jumelé avec les législatives se tiendront le 25 septembre prochain.