Dans la banlieue de Dakar, plusieurs familles victimes des dernières inondations, vivent dans l'angoisse à l'approche de l'hivernage (saison des pluies qui commence en juin), constate un correspondant de Xinhua.
Avant les grandes pluies des mois de juillet et août, elles nourrissent un immense espoir d' être recasées bientôt dans le cadre du projet gouvernemental en cours de leur construire 2.000 logements, pour un coût global de 17,700 milliards CFA.
"Nous sommes à quelques mois de l' hivernage et les pluies peuvent tomber incessamment. Nous sommes franchement très, très inquiets", déclare Louis Gomis, coordonnateur d' un collectif des sinistrés.
Il fonde son inquiétude sur le fait que jusque qu' à présent "aucun travail pré-hivernal (écrêtage de bassin, pompage des points d' eau, emplacement du matériel de lutte contre les inondations) n' est visible dans la banlieue".
Au Sénégal, indiquent des statistiques officielles, de 1980 à 2012, les inondations ont affecté plus de 900.000 personnes et tué plus de 65 individus.
En 2009, ce sont 360.000 personnes qui ont été touchées par ces intempéries et les dégâts chiffrés à plus 65 milliards FCFA selon les estimations de l' Etat du Sénégal et de la Banque mondiale.
En 2012 seulement, 26 décès liés aux inondations, 264.000 personnes sinistrées et 7.737 habitations inondées ont été recensés.
Les dégâts des intempéries sont aggravés par le fait que les populations se sont installées dans des zones jadis inondables qui avaient été asséchées après un cycle de sécheresse. Avec le retour des pluies, l' absence de canaux d' évacuation des eaux, des milliers de maisons ont été englouties par les eaux, alors que les bassins de rétention débordaient, en dépit du pompage des eaux.
Pour faire face au sinistre, l' Etat a décidé cette année de construire dans le département de Rufisque (sortie de Dakar) 2.000 logements sociaux pour reloger des sinistrés avant le prochain hivernage.
Cette décision constitue un immense espoir pour plusieurs familles sinistrées de la banlieue de Dakar, fortement touchée depuis 2005 par ces intempéries.
Les travaux (viabilisation et construction) de ces 2.000 logements ont débuté au mois d' avril dernier. Et chaque logement d' une parcelle de 150 m2, sur une superficie bâtie de 52 m2, va ainsi revenir à près de 8 millions CFA.
"Je ne raterai aucune occasion pour rejoindre un endroit plus approprié, car je ne peux même plus évaluer ce que j' ai dépensé pour réparer ma maison. Et si l' Etat décide de nous reloger, c' est très bien", déclare Ndéye Ly, sinistrée dans la commune d' arrondissement de Yeumbeul Nord.
"J' ai revendu mon frigo, mes meubles, mes bijoux pour sauver ma maison, mais jusque là, chaque hivernage, ce sont les mêmes peines. Je suis très pressée de quitter ce calvaire", ajoute-t-elle.
Les sinistrés se disent prêts à rejoindre les nouveaux logements qui leur sont destinés, mais demandent au gouvernement et aux autorités locales des mesures d' accompagnement.
"Nous ne demandons pas des millions, mais nous voulons des mesures d' accompagnement pour pouvoir faire face à notre nouveau cadre de vie", précise Diéréba Ndiaye.
Un premier plan de relogement des sinistrés des inondations avait été exécuté sous l' ancien régime du président Abdoulaye Wade. Mais, il s' était soldé par un bilan mitigé. Un audit est en cours suite à des soupçons de favoritisme dans la distribution des logements, de surfacturation et de non réalisation de certaines infrastructures prévues comme les voies d' accès, les écoles et les marchés.