La rupture entre communautés du Nord du Mali, née du conflit armé, n'est ni radicale ni irrémédiable, a déclaré jeudi à Bamako Mohamed Coulibaly, directeur pays d'Oxfam lors du lancement officiel d'un rapport.
L'ONG internationale Oxfam a procédé au lancement d'un rapport sur l'impact du conflit sur les relations sociales au sein et entre les populations originaires du Nord du Mali, au cours duquel son directeur local Mohamed Coulibaly a souligné plusieurs aspectsdu document. Ce rapport est fruit d'une enquête menée en juin 2013,simultanément au Mali et au Burkina Faso, qui a concerné 2000 personnes interrogées individuellement et par groupe.
L'étude montre que le conflit armé a profondément mis en mal le tissu social et bouleversé la vie de chaque malien. Les populations ont été confrontées à une violence généralisée, ont été victimes directes ou indirectes de graves violations des droits humains et d'un exode massif.
Les populations ayant participé à cette enquête ont vécu des ' 'situations choquantes et bouleversantes. Cet état de fait a fragilisé les relations sociales et entrainé des sentiments de peur et de méfiance''.
M. Coulibaly indique, ''pourtant, l'étude révèle également que, malgré les dégâts physiques et moraux causés par le conflit armé, les abus commis sur les populations, la rupture entre communautés n'est ni radicale ni irrémédiable''.
A son avis, les blessures peuvent être soignées car il y a une volonté affichée de la part de la grande majorité des populations interrogées d'entamer un processus de dialogue et de réconciliation.
Selon le rapport, ce processus devra commencer à la base. Il devra être facilité par les acteurs auxquels les populations accordent plus de confiance, et prendre comme repère les liens séculaires qui unissent les diverses communautés du Nord du Mali, prenant en considération leurs relations d'interdépendance économique, sociale et culturelle.
''Le chemin vers la reconstruction du tissu social ne sera pas sans obstacle et il faudra prendre en considération la nécessite de relever plusieurs défis majeurs'', explique M. Coulibaly.
Actuellement, on observe un retour timide de populations déplacées dans leurs lieux d'origines, mais précise le rapport, '' les risques de tensions entre ceux qui reviennent et ceux qui sont restés demeurent''.
D'après M. Coulibaly, des solutions durables pour les populations qui ont été contraintes de quitter leurs lieux d' origine et une gestion adéquate de l'aide humanitaire, sont autant de questions essentielles qui devront être prises en compte afin d' aboutir à une réconciliation durable.
Celui-ci a ajouté que ''le besoin de justice équitable est également mis en avant par les populations, avec la nécessité de lutter contre l'impunité et d'établir la vérité sur les crimes commis''.
La création du ministère dédié à la Réconciliation et au Développement des régions du Nord dénote de la volonté des nouvelles autorités maliennes à faire face aux défis de la réconciliation, a affirmé le directeur d'Oxfam au Mali, Mohamed Coulibaly.