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Comment la Chine aide l'Afrique à renforcer sa sécurité alimentaire ?

le Quotidien du Peuple en ligne | 07.04.2022 13h45

Pour Solomon Yokamo et ses camarades étudiants, la solution pour nourrir la population croissante de l'Afrique pourrait bien se trouver dans une parcelle de terre agricole à environ 400 kilomètres au sud-ouest de Beijing.

Le jeune Éthiopien, qui se spécialise dans l'utilisation des ressources et la protection des plantes en tant qu'étudiant de troisième cycle à l'Université agricole de Chine, a déclaré qu'il est venu dans le pays dans l'espoir de comprendre comment la Chine avait réussi à assurer sa sécurité alimentaire et à nourrir environ un cinquième de la population mondiale avec seulement 9% des terres arables du monde.

Trois participants africains du programme « Cour sino-africaine des sciences et technologies » de l'Université agricole de Chine récoltent des fruits dans une ferme du comté de Quzhou, dans la province du Hebei (nord de la Chine). (Photo / China Daily)

Solomon Yokamo est l'un des 48 étudiants diplômés de 10 pays africains qui étudient à l'Académie nationale du développement agricole vert de l'Université agricole de Chine, à l'heure où le pays intensifie ses efforts pour aider l'Afrique à relever le défi de la production agricole et de la sécurité alimentaire. « Je savais que je travaillerais avec certains des meilleurs esprits sur les sciences des cultures en Chine. Je ne savais pas que je travaillerais avec des agriculteurs qui pouvaient à peine comprendre ce que j'essayais de dire », a déclaré le jeune homme de 29 ans.

Les étudiants participaient à un programme connu sous le nom de « Cour sino-africaine des sciences et technologies », un projet conçu pour donner aux petits exploitants agricoles les moyens d'intensifier l'agriculture durable. Le projet, situé dans le comté de Quzhou, dans la province du Hebei (nord de la Chine), a offert aux étudiants une expérience directe des pratiques agricoles en Chine : ils ont vécu dans une ferme et cultivé avec des agriculteurs, qui ont essayé de leur présenter de meilleures pratiques, variétés et méthodes.

« Nous espérons qu'ils pourront vraiment comprendre les immenses réalisations de la Chine dans son secteur agricole et comment le pays a réussi à atteindre son autosuffisance alimentaire », a déclaré Jiang Rongfeng, professeur au Collège des ressources et des sciences environnementales de l'Université agricole de Chine.

Selon M. Jiang, le projet vise à aider les étudiants à identifier les défis auxquels sont confrontés leurs pays d'origine pour parvenir à la sécurité alimentaire, avant de les encourager à trouver leurs propres solutions. « Pour que la Chine revitalise ses zones rurales, une offre abondante de talents est la plus importante. Il en va de même pour l'Afrique si elle veut atteindre la sécurité alimentaire », a-t-il déclaré.

Solomon Yokamo vérifie la croissance du maïs à Quzhou, dans la province du Hebei (nord de la Chine). (Photo / China Daily)

Combler le fossé

La Cour sino-africaine des sciences et technologies, lancée pour la première fois par l'Université agricole de Chine à Quzhou en 2009, permet aux étudiants d'appliquer leurs connaissances académiques pour maximiser les rendements des cultures, tandis que les agriculteurs jouent un rôle actif dans la recherche et le développement commun de leurs propres solutions.

De 2009 à l'année dernière, le rendement moyen du blé à Quzhou est passé de 5,67 tonnes par hectare à 8,45 tonnes. Les rendements du maïs sont quant à eux passés de 6,435 tonnes par hectare à 9,92 tonnes.

Selon le professeur Jiang, le succès de son projet de Cour sino-africaine des sciences et technologies a suscité un large intérêt et l'université a reçu le soutien d'organisations telles que l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture afin de promouvoir son expérience en Afrique.

Solomon Yokamo et ses camarades faisaient partie du premier groupe de 34 étudiants africains inscrits au programme à partir de 2019. Ils ont passé leur première année à étudier des cours théoriques sur le campus de l'université à Beijing avant d'être encouragés à mettre en pratique ce qu'ils ont appris dans un village à Quzhou.

Le jeune homme, qui fut chercheur à l'Institut de recherche agricole du Sud en Éthiopie, a décrit son expérience à l'Université agricole de Chine comme révélatrice. Il s'est consacré à la recherche sur l'influence des engrais organiques et chimiques sur les rendements de maïs et les propriétés des sols en Chine et en Afrique, et a trouvé l'expérience de vivre dans un village rural et de travailler avec des agriculteurs plus qu'éclairante.

Se souvenant avec émotion de la façon dont les agriculteurs communiquaient quotidiennement avec lui en plaisantant et comment lui, avec son chinois rudimentaire, répondait maladroitement, il a expliqué que « lorsque vous vivez dans une communauté rurale, vous pouvez en apprendre bien plus que la technologie agricole et vous pouvez aussi simplement apprendre par l'observation structurée. C'était comme une session où vous vous immergez dans la culture, la langue et la façon dont les gens vivent et travaillent ».

Selon Solomon Yokamo, son séjour de 10 mois a fait du comté de Quzhou son lieu de prédilection, et il y a acquis de solides connaissances scientifiques et développé de solides liens émotionnels avec les agriculteurs au cours du processus.

Le point le plus important à retenir pour Solomon Yokamo et ses camarades au cours de l'expérience est de savoir comment la Chine a réussi à augmenter considérablement sa production céréalière et à atteindre la sécurité alimentaire sur une période de plusieurs décennies.

Deux étudiants africains du programme Sino-Africa Science and Technology Backyard de l'Université agricole de Chine apprennent avec leur formateur chinois sur le terrain à Quzhou, dans la province du Hebei (nord de la Chine). (Photo / China Daily)

Le moyen d'atteindre l'autosuffisance alimentaire

Le jeune Ethiopien a souligné que le groupe a identifié la faible fertilité des sols et la forte dégradation des terres comme les principaux défis pour la production céréalière de l'Afrique, associés à des menaces telles que l'accès limité à l'irrigation, le manque d'accès au crédit, les infrastructures rurales sous-développées, les invasions de criquets et l'instabilité politique.

Jiao Xiaoqiang, professeur agrégé à l'Université agricole de Chine et également coordinateur du projet de Cour sino-africaine des sciences et technologies, a déclaré que le projet visait également à présenter aux étudiants les principaux enseignements tirés de l'expérience chinoise en matière de développement agricole.

L'approche efficace pour faire évoluer l'agriculture vers une intensification durable en Afrique consiste à augmenter le rendement céréalier par unité de superficie plutôt qu'à étendre les terres agricoles, a-t-il noté, ajoutant que si l'Afrique abrite 64% des terres arables mondiales, elle produit moins de 10% de sa nourriture localement en raison des faibles concentrations intrinsèques de nutriments dans le sol.

Toutefois, a-t-il déclaré, « avec des conditions climatiques propices à la croissance des cultures, l'Afrique a un grand potentiel d'augmentation de la production alimentaire. Donner aux petits exploitants agricoles les moyens d'augmenter les rendements céréaliers en Afrique est le seul moyen d'augmenter la production alimentaire et d'atteindre l'autosuffisance alimentaire sur le continent ».

La Cour sino-africaine des sciences et technologies n'est qu'une partie des mesures plus larges lancées par la Chine pour aider l'Afrique à former ses talents sur la production agricole. Selon un livre blanc publié l'année dernière par le Bureau d'information du Conseil des Affaires d'État, le gouvernement chinois, depuis 2012, 7 456 stagiaires africains ont reçu une formation agricole en Chine, et grâce à des projets tels que l'envoi d'experts agricoles chinois en Afrique, plus de 50 000 Africains ont été formés et 23 centres de démonstration agricole ont été construits.

Afin de faire progresser la lutte contre la pauvreté et le développement agricole en Afrique, le président Xi Jinping a annoncé l'année dernière que la Chine allait créer un certain nombre de centres conjoints sino-africains pour l'échange, la démonstration et la formation de technologies agricoles modernes en Chine. Elle enverra 500 experts agricoles et entreprendra des projets de réduction et d'atténuation de la pauvreté.

Selon le professeur Jiang, cela nécessitera des efforts plus coordonnés de la part de différentes nations, entreprises et organisations internationales pour aider l'Afrique à atteindre la sécurité alimentaire à l'avenir. « Cela implique un processus par étapes, et le partage d'expérience et d'expertise technologique et la formation de talents est une procédure clé », a-t-il affirmé, ajoutant que le projet continuera d'offrir davantage de bourses aux étudiants africains pour servir de « centre d'innovation » pour des solutions à la sécurité alimentaire sur le continent.

Solomon Yokamo a déclaré que l'expérience en Chine l'avait inspiré à lancer un projet de cour des sciences et technologies similaire dans son pays d'origine, l'Éthiopie, pour servir de pont entre les scientifiques et les petits exploitants agricoles afin d'augmenter le rendement agricole. « La connaissance, c'est le pouvoir, mais sans action, cela n'a aucun sens », a-t-il dit, ajoutant qu'il était déterminé à partager les connaissances et les compétences qu'il a acquises grâce au projet avec la communauté agricole et scientifique de son pays natal. 

(Rédacteurs :Shuang Sheng, Yishuang Liu)
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