Dernière mise à jour à 08h48 le 09/08
Lorsque la construction du chemin de fer à écartement standard (SGR) Mombasa-Nairobi a commencé en 2014, Ali Mohamed a été impressionné par le souci dont faisait preuve l'entrepreneur chinois dans la protection des habitats locaux.
Cet homme de 44 ans réside dans un paisible village surplombant une mangrove dans la périphérie nord-ouest de la ville côtière de Mombasa. Il est très fier de cette voie ferrée moderne de 480 kilomètres, notamment en raison de la grande importance qu'elle attache à la conservation de la vie marine.
Le SGR Mombasa-Nairobi - qui relie Mombasa, le plus grand port d'Afrique de l'Est, à Nairobi, la capitale du Kenya - est le plus grand projet d'infrastructure réalisé au Kenya depuis son indépendance en 1963.
DES FORETS DE MANGROVES BIEN PROTEGEES
M. Mohamed est également fondateur de Bidii Creek Conservancy, un groupe de défense de l'environnement basé à Mombasa. Il a déclaré lors d'une récente interview à Xinhua que le SGR s'était appuyé sur les meilleures pratiques pour combiner conservation environnementale et développement des infrastructures.
"J'ai visité le SGR lorsque sa construction a commencé, et j'ai pu assister à la restauration de sections précédemment dégradées des forêts de mangroves de notre localité", a-t-il indiqué.
"L'installation de passages aériens et de ponceaux a permis de limiter au maximum les perturbations subies par la forêt de mangroves, qui est un important site de reproduction des poissons, mais régule également le climat côtier", a-t-il ajouté.
A côté du village ancestral de M. Mohamed, de hauts piliers en béton soutiennent un viaduc surélevé, qui serpente à travers les plages immaculées et les mangroves pour permettre une circulation fluide des trains de passagers et de marchandises.
M. Mohamed et ses collègues ont salué les efforts déployés par la China Road and Bridge Corporation, responsable de la construction du SGR Mombasa-Nairobi, afin de garantir que l'intégrité écologique des écosystèmes marins, y compris des forêts de mangroves et des estuaires, ne soit pas affectée par le projet.
Cinq ans après son lancement, le SGR a été salué par les autorités locales aussi bien que par les défenseurs de l'environnement pour avoir donné la priorité à l'écologie sur toute la longueur de son tracé.
Philip Jamuhuri Mainga, directeur général de la Kenya Railways Corporation, a déclaré que l'écologie était au centre des opérations du SGR, ce qui apportait de nombreux bénéfices aux communautés locales en termes d'air pur et de paysages tranquilles.
"Nous avons obtenu de très bons résultats en termes de préservation de l'environnement. Le corridor SGR a permis de réduire les émissions de carbone. Les trains sont bien entretenus et ne produisent pas de déchets", a affirmé M. Mainga.
Contrairement aux camions, les trains circulant sur le SGR n'émettent en effet pas de fumée, contribuant ainsi aux efforts du Kenya pour améliorer la qualité de l'air, a déclaré Cosmas Makewa, chef de gare au terminus SGR de Mombasa.
La conception et l'exécution du projet ont respecté toutes les lois locales sur la protection de l'environnement, garantissant une relation saine entre l'entrepreneur et les communautés locales, a-t-il expliqué.
"Le projet a eu un impact positif sur l'environnement. Il ne traverse pas la mer et n'interfère pas avec les mangroves. Nous avons construit des ponceaux pour garantir que l'eau continue à circuler entre la mer et l'autre côté", a indiqué M. Makewa.
Les ponts du SGR causent un minimum de perturbations aux sols, et l'entrepreneur a même développé un partenariat avec les communautés côtières pour restaurer les sections dégradées de la forêt de mangrove.
UNE FAUNE BIEN TRAITEE
Dans les plaines idylliques qui parsèment le parc national de Tsavo, la plus ancienne et la plus grande réserve de faune sauvage du Kenya, on voit souvent des espèces emblématiques comme les éléphants, les girafes et les zèbres emprunter les passages inférieurs construits par l'entrepreneur du SGR pour qu'elles puissent continuer à migrer normalement.
Le SGR Mombasa-Nairobi serpente en effet à travers le parc national de Tsavo, une destination touristique de renommée mondiale.
Pour améliorer la sécurité de la faune, l'entrepreneur a érigé des clôtures électriques des deux côtés de la voie ferrée, et a installé de larges passages inférieurs à de courts intervalles pour faciliter les déplacements des petits et des grands animaux.
Nancy Githaiga, directrice nationale de la Fondation africaine de la faune au Kenya, a déclaré que la mise en place de ponts et de passages inférieurs permettait de protéger les espèces sauvages emblématiques du parc national de Tsavo.
Les craintes initiales de voir le SGR nuire à la biodiversité, et notamment à la faune, ont finalement été dissipées par la construction de passages sûrs par l'entrepreneur, a indiqué Mme Githaiga.
Les mesures de protection de la faune initiées par l'entrepreneur devraient servir de modèle pour préserver l'intégrité des points chauds de la biodiversité du Kenya dans le développement des futurs méga-projets d'infrastructure, a-t-elle ajouté.
LA VISION CHINOISE DE CIVILISATION ECOLOGIQUE
De l'avis de Leopold Omondi, un militant de l'Alliance panafricaine pour la justice climatique, un groupe écologiste basé à Nairobi, la construction du SGR Mombasa-Nairobi a mis en évidence la viabilité de la vision chinoise de civilisation écologique.
"Les entrepreneurs du SGR ont tenté de limiter de diverses manières les dommages environnementaux lors de la pose des rails de Mombasa à Nairobi. Les habitats des animaux sauvages et les animaux eux-mêmes ont été protégés", a indiqué M. Omondi.
En s'inspirant du modèle de civilisation écologique chinois, le Kenya a de meilleures chances de parvenir à une croissance bénéfique pour la nature, a-t-il ajouté.
Isaiah Andebe, coordinateur des programmes de l'Alliance panafricaine des médias pour le changement climatique, a déclaré que la protection des mangroves et des animaux sauvages était louable, et témoignait de la réussite du plan de préservation écologique adopté par l'entrepreneur.
Il a félicité l'entrepreneur chinois d'avoir créé des couloirs de migration pour la faune dans les parcs nationaux de Tsavo et de Nairobi, ainsi que d'avoir encouragé la collecte des eaux de pluie pour répondre aux besoins des animaux.
"Le SGR a adopté des mesures de reverdissement en plantant de l'herbe et des arbres sur divers tronçons le long du chemin de fer. Cela contribue non seulement à embellir le trajet, mais aussi à protéger l'environnement", a affirmé M. Andebe.