Dernière mise à jour à 08h48 le 09/08
Sous l'égide du Qatar, la délégation gouvernementale et les mouvements politico-militaires du Tchad ont signé lundi à Doha un accord de paix, au cours d'une cérémonie solennelle retransmise en direct par la télévision publique tchadienne.
Cet accord, dont Xinhua a obtenu une copie, prévoit entre autres un cessez-le-feu général immédiat, l'adoption et l'application d'une loi d'amnistie pour toutes les condamnations liées aux participations aux rébellions et/ou atteintes à la sûreté de l'Etat, des mesures visant à assurer la sécurité physique des membres des mouvements politico-militaires signataires, de leurs biens et de leurs proches, à leur retour au Tchad.
L'accord prévoit également la libération réciproque des soldats et combattants faits prisonniers lors de différents affrontements armés, le renoncement définitif à la lutte armée et au recours à la violence sous toutes ses formes, la mise en route d'un programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.
Le Conseil militaire de transition (CMT) du Tchad s'engage à n'entreprendre aucune opération militaire ou de police contre les mouvements politico-militaires signataires. Ces derniers, quant à eux, s'engagent à n'entreprendre aucune intrusion, action armée ou attaque de quelque nature que soit contre le CMT, selon le document.
Quarante-trois groupes, sur les 52 présents à Doha, ont signé cet accord, qui garantit leur participation aux assises du dialogue national inclusif qui devra s'ouvrir le 20 août prochain à N'Djaména, capitale du Tchad.
Les neuf autres mouvements rebelles ont refusé de signer le document, notamment le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), qui avait lancé une offensive en territoire tchadien en avril 2021 et au cours de laquelle l'ancien président tchadien Idriss Déby Itno avait été mortellement blessé.
"Ce rejet est concomitant à la non-prise en compte de nos revendications qui sont, entre autres, la parité des délégués au dialogue national inclusif et souverain, la mise en place d'un nouveau Comité d'organisation du dialogue national inclusif (CODNI), la libération des prisonniers à compter de la signature de l'accord, la modification de la Charte de transition", a déclaré le porte-parole du FACT, Issa Ahmat, dans un communiqué de presse. Il a ajouté que son mouvement restait "disponible au dialogue partout et toujours".
"Toutes les parties tchadiennes doivent transcender le passé et ses douleurs et se concentrer sur l'avenir et ses espoirs, tout en n'oubliant pas la leçon du passé qui exige que chacun avance vers l'avenir avec un esprit ferme et une ferme croyance en l'avenir", a déclaré dans une déclaration le ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Mohammed Al-Thani, qui a assuré la médiation.
Présent également à Doha, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a exhorté les deux parties à privilégier l'intérêt du Tchad.
"Chacun doit avoir à l'esprit que les populations tchadiennes, qui ont été longtemps victimes des violences meurtrières, des luttes intestines, des rivalités ruineuses et stériles, n'accepteront plus que leur présent et leur avenir soient hypothéqués, sacrifiés sur l'autel des ambitions personnelles et intérêts égoïstes des personnes ou des groupes et autres clans sectaires", a déclaré l'ancien chef de la diplomatie tchadienne.
L'accord de Doha vient clore cinq mois de négociations entamées depuis mars dernier. Les mouvements politico-militaires qui l'ont signé pourront ainsi participer au dialogue national inclusif qui, réunissant toutes les composantes de la Nation tchadienne (partis politiques, société civile, autorités traditionnelles et religieuses, mouvements politico-militaires, etc.), devra déboucher sur l'adoption d'une nouvelle Constitution et la mise en place de nouvelles institutions.