Dernière mise à jour à 09h43 le 13/10
La crise liée à la pénurie de carburant s'aggrave en Tunisie alors que les activités économiques globales du pays souffrent, d'ores et déjà, d'une crise multimentionelle liée aux impacts de la conjoncture régionale et internationale.
Pour le troisième jour d'affilée, de longues files d'attente devant les stations-service se poursuivent dans les quatre provinces du grand-Tunis, dans une atmosphère parfois tendue parmi les automobilistes. Les autorités cherchent à contenir les répercussions de cette pénurie du carburant, d'autant plus que cette crise s'est accompagnée d'une baisse sensible de l'approvisionnement du marché en un certain nombre de produits de première nécessité.
Saleh Ben Sassi, 49 ans, employé au ministère de l'Agriculture, a déclaré à Xinhua qu'il devait se lever tôt et se rendre à la station-service près de son quartier dans la région de Ouardia, au sud de Tunis, afin d'obtenir quelques litres d'essence, avant qu'il ne puisse aller travailler.
"Comme vous pouvez le voir, a-t-il poursuivi, je ne suis pas le seul à être venu en avance (...) face à cette longue file d'attente, je ne sais pas si j'aurai ma part d'essence. En effet, la situation est devenue très inquiétante, d'autant plus qu'à cette pénurie de carburant s'ajoute une grave pénurie de plusieurs autres produits consommables".
Cependant, M. Ben Sassi a semblé relativement optimiste quant à la possibilité de surmonter cette crise, affirmant qu'il ne doutait pas de ce que dit le gouvernement, qui promet de fournir au marché tous les produits manquants en début de la semaine prochaine.
Pour sa part, Fatma Yahyaoui, institutrice de l'enseignement secondaire, n'a pas hésité à dire à Xinhua, alors qu'elle s'apprête à trouver le rang dans une longue file d'attente, qu'elle n'avait pas fréquenté l'institut où elle enseigne pour la deuxième journée consécutive, car sa voiture était à sec, ce qui l'empêchait de se rendre à l'institut, loin de son lieu de résidence.
En appuyant avec colère sur le klaxon de sa voiture, elle a pointé du doigt une sorte de "mauvaise gestion de crise", qu'elle a qualifiée d'étouffante et "sans précédent" dans le pays.
La crise des carburants s'est déclenchée en Tunisie à la fin de la semaine dernière, alors que les réserves de l'essence ordinaire et celles de haute qualité se sont épuisées dans les stations-service en raison de la baisse des importations de cette substance vitale, ce qui a généré de longues files d'attente de voitures étendus sur plusieurs kilomètres dans plusieurs quartiers du grand-Tunis.
Un certain nombre de stations-service, qui détiennent des stocks, ont été contraintes de ne pas autoriser les propriétaires de voitures à remplir plus de 15 litres en une seule fois afin de pouvoir répondre aux besoins minimaux du reste des automobilistes.
Les autorités officielles reconnaissent qu'il y a une pénurie d'essence, à moins qu'elles (les autorités) ne reconnaissent pas l'existence d'une crise. La ministre tunisienne du Commerce, Fadila Al-Rabhi, a affirmé ce mercredi, en marge de la 4e session du Forum économique tuniso-libyen, que tous les produits de consommation sont disponibles, y compris les carburants qui sont disponibles en quantités suffisantes.
Le problème, selon les autorités officielles, se résume dans le tempérament des citoyens ces derniers jours, avec une forte affluence auprès des stations- service, ce qui a engendré cette pénurie.
"Le gouvernement tient à fournir tous les produits nécessaires. Je tiens à rassurer le citoyen que tous les produits sont disponibles et (...) nous essayons de fournir tous les produits en quantité suffisante et nous appelons le citoyen à rationaliser sa consommation d'autant plus qu'il n'a pas besoin d'être anxieux", a dit la ministre tunisienne dans une déclaration aux médias.
Les autorités tunisiennes espèrent surmonter cette crise, alors que la ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, Naila Nouira, avait récemment prévu que la distribution de carburant reprendrait son rythme habituel à partir de lundi prochain.