Dernière mise à jour à 15h40 le 06/12
Par un après-midi étouffant, Charles Ngendakumana, un agriculteur de la province de Bubanza, dans le nord-ouest du Burundi, s'affairait à ajouter une poignée d'herbe dans l'abreuvoir du bétail dans l'arrière-cour de sa maison rurale nouvellement construite, un spacieux bungalow à un étage avec des murs à la chaux fraîchement peints. Une dizaine de poules couraient partout. En les montrant, il a déclaré que les poulets avaient été donnés à sa famille par des experts agricoles chinois. « Ils m'ont également fourni de bonnes semences de riz et de l'engrais et m'ont appris les techniques de plantation afin que j'aie assez de nourriture pour nourrir mes enfants », a ajouté ce père de six enfants âgé de 43 ans.
Il y a quatre ans, Charles Ngendakumana a commencé à cultiver du riz hybride introduit de Chine sous la direction d'experts agricoles chinois. Depuis, ses terres agricoles sont également passées d'un demi-hectare à cinq hectares à Ninga, un village de la Commune de Gihanga. « Ensuite, je veux acheter plus de terres, plus de vaches, ainsi que plusieurs nouvelles pompes à eau quand la saison sèche arrivera », a-t-il dit, affirmant que c'était « impensable » à l'époque où même la nourriture était rare, avant l'arrivée de équipes d'experts chinois.
Des agriculteurs lèvent des pousses de riz d'une pépinière de la région. (Photo / Xinhua)
Connu comme le « cœur de l'Afrique », le Burundi a un climat tropical avec des précipitations abondantes. Ses conditions naturelles sont favorables à la riziculture, mais le faible rendement de la riziculture locale provoquait des pénuries alimentaires. Pour relever le défi, la Chine met en œuvre des programmes de coopération technique au Burundi depuis août 2009, envoyant un total de 45 experts dans le pays africain en cinq lots pour aider à développer l'agriculture. Les experts chinois plantent actuellement du riz hybride dans 22 villages du pays dans le but d'aider à réaliser le slogan du président burundais Evariste Ndayishimiye, « Chaque bouche a de la nourriture et chaque poche, de l'argent ».
Les experts ont visité des champs dans les 14 provinces rizicoles du pays pour mener des recherches et des essais, et ont sélectionné et introduit avec succès huit variétés de semences de riz adaptées aux conditions locales. De cette manière, ils ont contribué à résoudre efficacement le problème de réduction des rendements, voire d'extinction, causé par la peste du riz dans les zones montagneuses du Burundi.
L'expert en agriculture Jiang Daiming explique aux agriculteurs comment planter du riz dans la commune de Gihanga de la province de Bubanza, dans le nord-ouest du Burundi. (Photo / Xinhua)
Les experts chinois ont également aidé à établir le premier village de démonstration de la culture du riz pour la lutte contre la pauvreté dans le village de Ninga, où le riz hybride a été cultivé depuis cinq saisons consécutives. Depuis que du riz hybride y a été planté, le village a augmenté sa production de riz de 1 661 tonnes, ce qui a permis d'améliorer les revenus des ménages locaux. « Nos rendements de riz hybride sont deux fois supérieurs à ceux des variétés locales », a déclaré l'expert chinois Jiang Daiming, ajoutant que « les rendements de riz ici n'étaient que de 2 à 3 tonnes par hectare, tandis que les variétés introduites résistantes aux maladies peuvent produire de 4 à 5 tonnes par hectare, parfois même 7 tonnes ».
« Il sera important d'améliorer la récolte locale de riz (le rendement) si la production peut être augmentée à l'avenir », a-t-il encore noté.
Pour aider le Burundi à construire une industrie rizicole indépendante et durable, des experts chinois ont également organisé 82 sessions de formation dans le pays, formant 3 050 personnes. Parmi eux se trouvent des dizaines de jeunes Burundais brillants qui utilisent les compétences qu'ils ont acquises pour aider les villageois à sortir de la pauvreté dans tout le pays.
Un exemple en est Ernest Irankunda, un jeune homme de Ninga, qui a renoncé à fréquenter l'université par devoir envers sa famille et a décidé d'apprendre les techniques de culture du riz auprès d'experts chinois. Aujourd'hui, il est devenu un expert local de la culture du riz et a récemment été embauché par le gouvernement pour diriger une équipe chargée de partager son expérience agricole dans la République démocratique du Congo voisine.
La coopération agricole en vue de réduire la pauvreté rurale en Afrique a été un domaine important de la coopération sino-africaine ces dernières années. Lors de la 8e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine qui s'est tenue il y a un an au Sénégal, la Chine a annoncé qu'elle mettrait en œuvre le programme de lutte contre la pauvreté et de développement agricole avec l'Afrique au cours des trois prochaines années.
Dans le cadre de ce programme, la Chine enverra 500 experts agricoles en Afrique, mettra en place un certain nombre de centres conjoints d'échange, de démonstration et de formation en technologies agricoles modernes en Chine, et encouragera les institutions et entreprises chinoises à construire des villages de démonstration en Afrique qui soutiennent le développement agricole et la lutte contre la pauvreté.
En octobre, un village de ce genre a été inauguré dans le village de Matangi Tisa, dans le comté de Nakuru au Kenya. Tout en saluant l'initiative, le responsable en chef de l'agriculture du comté, Fredrick Owino, a déclaré que le projet encouragera les technologies agricoles avancées de la Chine au Kenya, stimulant la production agricole et réduisant la pauvreté.
Le mois dernier également, un village de démonstration pour le développement agricole sino-africain et la réduction de la pauvreté a été mis en place dans le village de Shimwengwe, dans la province zambienne de Lusaka. Grâce au projet, les villageois seront munis des connaissances et des technologies à petite échelle pour améliorer leur productivité, en particulier dans l'élevage des poulets.
« Nous sommes très reconnaissants du travail des équipes d'experts chinois », a de son côté déclaré Prosper Dodiko, secrétaire permanent du ministère burundais de l'Environnement, de l'Agriculture et de l'Elevage, ajoutant qu'outre le riz hybride, les experts chinois ont également introduit des pommiers et encouragé l'aviculture, l'aquaculture et la rizipisciculture. « L'année prochaine, le développement agricole du Burundi sera prêt à entrer dans une autre étape, où nous développerons des systèmes d'irrigation et de mécanisation agricole. Je suis heureux que des experts chinois soient là pour nous aider », a assuré M. Dodiko.