La déclaration du Caire, signée en 1943 par le Royaume-Uni, la Chine et les Etats-Unis, a joué un rôle prépondérant dans la reconstruction de l'ordre mondial pendant la période d'après-guerre, selon nombre d'experts.
A la veille du 70e anniversaire de la signature de la déclaration, qui stipule que tous les territoires que le Japon avait volés à la Chine devaient être restitués, certains experts en Chine et à l'étranger appellent la communauté internationale à oeuvrer à préserver l'ordre mondial établi.
Le point le plus important de la déclaration est la restitution de tous les territoires saisis par le Japon depuis 1895, selon Michael Shaller, professeur à l'université de l'Arizona.
La déclaration stipule, rappelle-t-il, que le Japon devait "renoncer à tous les territoires acquis par la force depuis 1895 (...), y compris le nord-est de la Chine, l'île de Taïwan et les île avoisinantes... et les Pescadores".
"Lorsque le Japon a accepté la déclaration de Potsdam... dans le cadre de sa capitulation, le Japon concédait qu'en faisant cela il acceptait les termes de la déclaration du Caire", ajoute M. Schaller, qui est également membre de la Société des historiens des relations étrangères américaines.
"Je ne pense pas qu'il y ait la moindre ambiguïté ou confusion dans le fait que le Japon devait renoncer à tous les territoires qu'il avait saisis sur le continent asiatique et à Taïwan. Je ne pense pas que, même aujourd'hui, les nationalistes japonais les plus véhéments remettent cela en question", analyse-t-il.
Dan Plesch, directeur du Centre d'études internationales et de la diplomatie à l'université de Londres, estime que la déclaration du Caire représentait le plus grand succès de la Chine pendant la Seconde guerre mondiale.
"Cela n'a été rendu possible que grâce à la résistance héroïque du peuple chinois contre l'agression japonaise", explique-t-il, avant d'ajouter que le document avait mené à la fin de la guerre.
"Son contenu, en particulier en ce qui concerne le Japon, faisait partie des termes du règlement qui a permis de mettre fin à la guerre avec la capitulation du Japon", poursuit-il.
Selon M. Plesch, étant donné que la déclaration stipulait la solution aux différends territoriaux et frontaliers, tout acte défiant les fondements de la déclaration est "potentiellement extrêmement déstabilisant vis-à-vis de l'ordre mondial".
Huang Dahui, directeur du Centre des études d'Asie de l'est à l'université Renmin à Beijing, estime qu'au vu de l'attitude japonaise de défi flagrant de l'ordre mondial d'après-guerre établi par la déclaration du Caire et d'autres documents relatifs au droit international, la communauté internationale devrait se pencher de plus près sur la déclaration pour s'assurer du respect de ses termes.
La déclaration du Caire stipule en toutes lettres que "tous les territoires que le Japon a volés aux Chinois, comme la Mandchourie, le Formose (Taïwan), et les îles Pescadores" doivent être restitués à la Chine, rappelle-t-il, avant d'ajouter que cela s'applique également aux îles Diaoyu qui étaient à l'époque administrées par Taïwan.
Le gouvernement japonais a pourtant pris la décision unilatérale de "nationaliser" les îles Diaoyu, une manoeuvre qui viole sérieusement la souveraineté territoriale chinoise et remet publiquement en question l'ordre international d'après-guerre et la victoire contre les fascistes, selon M. Huang.
Les trois signataires de la déclaration du Caire devraient donc travailler ensemble à continuer de faire respecter les termes du documents et à préserver les fruits de cette victoire, insiste-t-il.