Dernière mise à jour à 10h59 le 11/03
Des experts mondiaux ont fait part de leur intérêt envers les politiques de la Chine qui sont dévoilées lors des "Deux Sessions" annuelles tenues à Beijing du 4 au 13 mars.
Celles-ci sont les réunions annuelles de l'Assemblée populaire nationale (APN), l'organe législatif suprême du pays, et du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), l'organe consultatif politique suprême.
De la modernisation à la reprise économique, les "Deux Sessions" attirent de plus en plus l'attention du monde entier.
Le 7 mars, le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang a déclaré lors d'une conférence de presse que la modernisation d'un pays de plus de 1,4 milliard d'habitants constituait un exploit sans précédent dans l'histoire de l'humanité et revêtait une grande importance pour le monde.
"La modernisation chinoise va inspirer le monde entier, surtout les pays africains, y compris notre pays, le Togo", pense Maman Tachiwou Aboudou, directeur de l'Institut Confucius, enseignant chercheur à la faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) de l'Université de Lomé. Selon lui, ce qu'a dit M. Qin est une vérité qui doit aider et stimuler les pays du sud à se galvaniser, redoublant de courage et d'efforts, puisque la situation actuelle de la Chine a mis à mal beaucoup de théories développées par l'Occident à l'égard de pays d'Afrique, d'Asie du Sud et d'Amérique latine.
Dans un entretien accordé mardi à Xinhua depuis Ouagadougou (Burkina Faso), Donald Meyerké Zana Traoré, juriste et chercheur, expert en relations et politiques internationales, a estimé que la Chine était la véritable locomotive du système économique mondial et le modèle économique pour les pays en voie de développement
"La modernisation croissante de son économie, qui se veut un processus systématique et continu, qui a un impact visible non seulement sur le développement économique et infrastructurel, mais aussi sur le bien-être général de la population, vaut à la Chine une place incontestée de puissance économique et véritable locomotive du système économique mondial", a-t-il expliqué.
Selon lui, "la modernisation chinoise basée sur ses conditions et aspirations nationales vise à parvenir à une prospérité partagée pour tous et à promouvoir l'égalité et la justice sociales. Elle suit une voie de développement caractérisée par une productivité accrue, une vie prospère et un environnement écologique sain."
Quant à Loucény Traoré, directeur général adjoint en charge de la recherche à l'Institut Polytechnique de Conakry (Guinée), le développement pacifique et la modernisation de la Chine vont de pair. Certes, il faut développer le pays, mais il faut aussi cultiver l'esprit de paix et rassurer les partenaires à tous les niveaux. C'est ce que la Chine fait dans le monde, notamment en Afrique.
A son sens, la Chine a toujours partagé sa prospérité avec d'autres pays dans le monde, surtout les pays africains qui vivent des tristes réalités dues au manque de ressources pour se développer. "Le développement global est synonyme de pacification, de modernisation et de qualité et surtout établir la confiance mutuelle entres les parties", conclut-il.
LA CONTRIBUTION CHINOISE A LA REPRISE MONDIALE
Après que la Chine a optimisé sa réponse au nouveau coronavirus, les mouvements transfrontaliers de personnel et de biens reviennent à la normale, ce qui améliorera considérablement les attentes mondiales en matière de stabilité des chaînes industrielles et d'approvisionnement, a déclaré à Xinhua Ding Ke, chercheur principal à l'Institut des économies en développement de l'Organisation japonaise du commerce extérieur.
Etant donné que la Chine est le deuxième marché de consommation au monde et le plus grand négociant de biens, la communauté internationale s'attend à ce que la Chine consolide davantage son retour économique et continue d'injecter confiance, stabilité et vitalité dans la reprise économique mondiale.
"La Chine continuera sans aucun doute d'être un important 'moteur' de la croissance économique mondiale", estime Liang Guoyong, économiste principal à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Se concentrant sur les politiques économiques attendues lors des "Deux Sessions", M. Liang pense qu'une utilisation rationnelle des outils de politique macroéconomique jouera un rôle plus actif dans la promotion de la croissance économique de la Chine.
Pour d'autres économies, l'augmentation de la demande d'importations chinoises signifie de nouvelles opportunités commerciales, tandis la hausse des voyages à l'étranger des touristes chinois donnera également un coup de pouce à l'industrie mondiale des services, estime-il.
Khairy Tourk, professeur d'économie à l'Ecole de commerce Stuart au sein de l'Institut de technologie de l'Illinois à Chicago, a noté qu'une consommation croissante en Chine entraînait "une énorme demande de nouveaux produits, par exemple les réfrigérateurs, les biens durables". Et d'ajouter qu'il s'attend "à ce que le marché immobilier se renouvelle progressivement et que les investissements directs étrangers se poursuivent. C'est une croissance sans relâche".
UNE CHINE ENCORE PLUS OUVERTE
Cette année marque le 45e anniversaire de la politique de réforme et d'ouverture en Chine. La façon dont ce pays continuera d'ouvrir ses portes signifie beaucoup pour lui-même et pour le reste du monde, en particulier à un moment où la mondialisation économique est soumise à de fortes pressions.
La réforme et l'ouverture ont poussé l'économie chinoise à croître à des taux élevés au fil des décennies, avec un bond de géant dans le revenu par habitant et le niveau de vie, a dit à Xinhua Lewis Ndichu, chercheur au groupe de réflexion Africa Policy Institute basé à Nairobi.
L'expert pense qu'il y aura lors des "Deux Sessions" de cette année beaucoup de délibérations sur la manière de continuer à élargir l'ouverture, à renforcer la confiance du marché et à désamorcer les risques majeurs.
Notant que le ministère chinois du Commerce s'était notamment engagé à reprendre pleinement en présentiel les foires commerciales et à aider les entreprises chinoises à se mondialiser, Koh Chin Yee, président de la Société des mers du Sud à Singapour, a noté que de nombreuses délégations commerciales d'exécutifs locaux chinois s'étaient récemment rendues à Singapour à la recherche de nouvelles opportunités de commerce et d'investissement, attestant de l'engagement de la Chine à renforcer davantage la coopération extérieure.
Nicolas Perinetti, directeur des exportations vers l'Asie du domaine viticole argentin Casarena, a dit avoir relevé que les secteurs d'importation de la Chine avaient augmenté parallèlement à l'expansion de son ouverture économique.
Notant que les produits du commerce agricole entre l'Argentine et la Chine s'étaient étendus des céréales aux fruits, en passant par la viande ou encore le vin, il s'est dit persuadé que le commerce de biens à valeur ajoutée plus forte contribuera à stimuler le développement économique de l'Argentine.