Des étudiants africains se joignent aux moines pour le déjeuner au temple de Shaolin, qui commence par un rituel. Photos Xiang Mingchao / China Daily |
À 4 heures dans un hôtel de Dengfeng, dans la Province du Henan, une nigériane âgée de 32 ans, Peace Emezue, se réveille aux cris de « Jihe ! » (« Rassemblement !"). Une demi-heure plus tard, toujours endormie, elle se présente dans le hall pour rejoindre 19 autres jeunes Africains, tous vêtus de robes grises et de chaussures de toile.
Ils marchent sur deux lignes pendant 15 minutes vers le Temple de Shaolin. C'est une routine quotidienne six jours par semaine tout en vivant la vie d'un moine Shaolin. Fondé au Ve siècle, le monastère est célèbre depuis longtemps pour son association avec les arts martiaux chinois, et en particulier avec le kung fu Shaolin.
Pour ces « disciples », les cours du matin commencent par suivre de près les mouvements des moines et à les écouter chanter, une chance d'observer et avec un peu de chance faire par eux-mêmes l'expérience d'un état de tranquillité.
Comme son nom, Peace Emezue dit qu'elle a ressenti ce moment spirituel à plusieurs reprises.
« Quand je suis arrivée à Shaolin, j'ai été surprise parce qu'ici la vie est paisible et simple », dit-elle. « Mais elle est aussi assez difficile - les exercices du matin, les entrainements durs. Nous le faisons tous les jours sauf le dimanche C'est un mode de vie auquel je ne suis pas habituée, mais maintenant je m'y fais».
Pour renforcer les échanges culturels entre la Chine et l'Afrique, le Ministère de la Culture a lancé le « Stage de formation en Kung Fu Shaolin pour les disciples africains », le mois dernier, inscrivant 20 étudiants en provenance de Tanzanie, d'Éthiopie, de Maurice, de l'Ouganda et du Nigeria. Les cours durent trois mois.
Emezue est l'une des trois seules femmes du groupe. Les deux autres sont des sino-africaines de l'île Maurice. En tant que championne de karaté, Emezue a été choisie par son gouvernement local pour le programme afin d'encourager les femmes au Nigeria à se mettre aux arts martiaux, notamment le kung fu.
« Les femmes aiment aussi le kung-fu et la culture chinoise, et je reviendrai et j'enseignerai à mes dames comment méditer et faire les mouvements de kung-fu et le qigong (exercices de respiration) », dit-elle. « Depuis que je suis arrivée ici, la formation m'a vraiment rendue forte, surtout mes jambes, parce que nous faisons beaucoup de marche et d'escalade ».
Wang Yumin, Doyen du bureau des affaires étrangères du Temple de Shaolin, affirme que de nombreux étrangers sont attirés par Shaolin en raison de sa réputation dans le domaine du kung fu et son utilisation dans le bouddhisme.
Shi Yanbo, maître de kung-fu au temple, dit que beaucoup de ses disciples avaient une expérience dans d'autres arts martiaux ou avaient appris des mouvements en regardant des films, mais les imiter n'était pas suffisant. Le Kungfu est profondément enraciné dans la culture, dit-il.
Ainsi, les étudiants doivent également apprendre la méditation et étudier les doctrines bouddhistes qui guident les actes des gens. Pour les aider à acquérir une meilleure compréhension du kung-fu chinois, les étudiants se voient également proposer des cours de langue chinoise.
Zhang Lifei, professeur de mandarin du groupe, a déclaré que du fait que les 20 disciples africains ne parlent pas la même langue africaine, ils sont divisés en deux groupes, chacun possédant quelqu'un qui parle anglais et peut aider les autres.
« Je peux parler un peu français », dit Emezue. « En paraphrasant, je les aide à comprendre ce que dit l'enseignant ».
Lorsque le cours de culture et de langue du matin est terminé, les étudiants se joignent aux moines pour un déjeuner de temple typique qui commence par un rituel.
Un des moines sort de la salle à manger avec un bol de riz. Après avoir doucement tapoté sur un poisson en bois, il met une boule de riz sur une pierre pour rendre hommage à tous les êtres, tandis que les moines et les étudiants chantent les écritures saintes et frappent dans leurs mains jusqu'à ce que le poisson de bois soit à nouveau frappé, signalant le début du repas.
Ensuite, ils mangent en silence.
« La vie dans le Temple Shaolin est incroyablement belle et paisible. Ce n'est pas comme dans le monde réel où il y a tellement de bruit », dit Emezue.
« J'ai trouvé beaucoup de tranquillité d'esprit ici et comment être en paix avec moi-même. Je voudrais apprendre à davantage de gens comment faire pareil ».