Les fondations de la Cité Interdite construites avec des pierres traînées sur de la glace
( le Quotidien du Peuple en ligne )
06.11.2013 à 16h20
Ce qui attire immédiatement les regards dans la Cité Interdite, qui fut la maison des empereurs et de leurs familles pendant près de 500 ans à partir du 15ème siècle, ce sont les énormes fondations en pierre blanche qui soutiennent les 980 bâtiments en bois du site historique.
Quand on visite la Cité Interdite et qu'on voit ces roches massives, ont peut se demander : «Comment ces rochers ont pu être transportés jusqu'ici», a fait observer Thomas Stone du département de génie mécanique et aérospatial de l'Université de Princeton, cité par Le magazine Nature.
Des touristes visitant la Cité Interdite, le 19 août 2013. [Photo: Yan Daming/Asianewsphoto]Thomas Stone fait partie d'une équipe de trois personnes qui ont fait paraître un rapport, publié par les Actions de l'Académie nationale des sciences, ont révélé que les architectes chinois auraient transporté les pierres depuis les carrières de Fangshan, située à 70 kilomètres au sud du centre-ville de Beijing , sur des traîneaux en bois le long des routes de glace.
Li Jiang, un expert en génie mécanique de l'Université des Sciences et Technologies de Beijing et membre de l'équipe qui a menée cette étude, a trouvé des documents chinois anciens décrivant comment on avait pu transporter un rocher de 120 tonnes métriques pour réparer trois grandes salles dans la Cité Interdite en 1557.
Un document ancien, Lianggong Dingjian Ji, qui se traduit par «le dossier de reconstruction des deux palais», a expliqué que les ouvriers de l'époque avaient eu l'ingénieuse idée de construire des chemins de glace artificielle pour transporter les pierres Le processus était méthodique : chaque demi-kilomètre, des puits ont été creusés pour obtenir de l'eau, puis ensuite versée sur la voie, qui une fois gelée réduisait le frottement entre les traîneaux et la route.
« Le rocher de 49 mètres cubes a été transporté à Beijing en quatre semaines, pour une vitesse moyenne d'environ huit centimètres par seconde», a indiqué Li.
Les scientifiques ont été étonnés de constater que les constructeurs aient continué à utiliser cette méthode lente et laborieuse bien au-delà du 16ème siècle, même après la présence en Chine des véhicules à roues depuis plus de 3000 ans.
«Lorsque nous parlons de transport dans un contexte d'ingénierie mécanique, nous pensons souvent aux Egyptiens et aux Assyriens, mais nous n'avons pas l'habitude de nous référer à la Chine ancienne», a reconnu l'expert.
Dans les publications de l'histoire scientifique, tels que la trilogie de l'histoire classique de Duncan Dowson, «le transport des statues colossales par des masses d'hommes n'apparaît pas dans n'importe quel type de l'ancienne représentation chinoise», les roues à rayons étant apparues en Chine vers 1500 av JC.
Les chercheurs ont remarqué que dans la Chine ancienne, l'association des chemins de glace et des traîneaux étaient le moyen le plus sûr et le plus efficace pour transporter des objets massifs.
«Jusqu'à la fin du XVIe siècle, il s'avère que les véhicules à roues pouvaient transporter une charge maximale de 95 tonnes. Il a donc fallu trouver d'autres méthodes pour embarquer les pierres de plusieurs centaines de tonnes», a noté Li Jiang.
Les traîneaux ont été également utilisés pour éviterr l'endommagement des grosses roches coûteuses.
Les études comparant l'ancienne technique chinoise pour transporter les pierres, aux méthodes provenant d'autres civilisations anciennes montrent qu'il était plus efficace de faire glisser les traîneaux plutôt que d'utiliser des rouleaux en bois, système notamment utilisé par les Assyriens.
Thomas Stone Pierre a souligné que les calculs de l' équipe ont montré que le fait de faire glisser un rocher de 120 tonnes avec un traîneau sur un terrain qui n'était pas gelé avec de la glace, aurait demandé une main-d'oeuvre de plus de 1500 personnes. En revanche, sur de la glace ou des rails en bois humides, il aurait fallu 330 hommes. L'ancienne pratique chinoise pour transporter les roches le long d'une route de glace lubrifiée par de l'eau demandait elle moins de 50 ouvriers.