C'est la fin d'une histoire rocambolesque... deux toiles inestimables, une de Gauguin, l'autre de Bonnard, qui avaient été volées chez un riche couple londonien en 1970 ont été retrouvées chez un retraité en Sicile. Les circonstances du vol avaient déjà été dignes d'un authentique film policier : c'est à l'heure du thé –un détail qui ne s'invente pas- que le Gauguin et le Bonnard disparurent. Alors que trois hommes demandèrent à la gouvernante des propriétaires –le mari était écrivain et son épouse fille du cofondateur des célèbres magasins Marks et Spencer- de leur préparer une tasse, ces faux poseurs d'alarmes anti vol en profitèrent pour se faire la belle avec les toiles, « Fruits sur une table ou nature morte au petit chien », de Gauguin, peint en 1889. L'autre toile était « La femme aux deux fauteuils », de Bonnard, non datée.
Mais l'histoire ne s'est pas arrêtée là : après que le vol ait été déclaré, il tomba dans l'oubli, jusqu'à ce les toiles soient retrouvées dans un train Paris-Turin peu de temps après le vol. Faute d'avoir été reconnues, elles sont remisées aux objets trouvés et comme –curieusement- personne ne les réclame, elles finissent aux enchères à Turin. Et c'est en 1975, un ouvrier de la Fiat, passionné d'art et d'un goût très sûr, qui les acheta pour l'équivalent de 23 Euros actuels. Ayant pris sa retraite, il les accrocha sur les murs de sa cuisine, sans avoir la moindre idée de leur valeur. Et, ironie de l'histoire, c'est son propre fils qui va être à l'origine de la redécouverte de ces toiles !
Etudiant curieux, il fait circuler des photos auprès d'experts, car il veut en savoir davantage sur ces tableaux qu'il voit depuis son enfance. Ces clichés finissent par arriver chez des carabiniers italiens qui n'ont pas de références pour ces toiles parmi pourtant quelque 5,7 millions de données d'œuvres volées. Mais ne voulant pas abandonner pour autant, ils se mirent à fouiner dans les catalogues, les musées et les maisons d'enchères et finirent par faire le rapprochement avec le vol de 1970.
Ce n'est pas pour autant la fin de l'histoire… car pour l'heure, aucune valeur n'a été avancée pour ces deux toiles, et l'ancien couple des propriétaires n'a pas eu d'enfants. Y aura-t-il d'autres héritiers pour se manifester ?