Alors que l'indice de la Bourse de Paris est en train de renouer avec ses niveaux de septembre 2008, l'économie française ne semble pas s'acheminer vers une franche reprise susceptible de résorber le chômage, indique Sofiane Aboura, maître de conférences en économie à l'université Paris Dauphine, dans une récente interview à Xinhua (Agence Chine Nouvelle).
Une relative accalmie boursière
Le CAC 40, l'indice vedette de la Bourse parisienne, monte ces derniers temps, affichant des niveaux élevés tout particulièrement cet été, puisqu'il a gagné environ 5,2% de fin juin à début septembre.
Ce phénomène s'explique par, en premier lieu, l'amélioration de la conjoncture extérieure, avec une hausse des exportations françaises non seulement vers les pays émergents, mais aussi vers les Etats-Unis et le Japon, observe M. Aboura. Ensuite, dit-il, la politique de baisse des taux d'intérêt menée par la Banque centrale européenne (BCE) "crée un sentiment d'euphorie sur les marchés financiers".
Vendredi dernier, le CAC 40 a enregistré son plus haut niveau annuel à 4.227,54 points, légèrement au-dessus du niveau déjà atteint le 19 septembre dernier (4.227,21 points). Cette tendance haussière pourrait amener l'indice parisien à renouer avec son niveau précédant la crise financière de 2008, qui s'établissait à 4.332,66 points la veille de la faillite de Lehman Brothers.
Toutefois, M. Aboura se dit "très réservé" concernant la hausse du CAC 40, qui s'est élevée à environ 15% en 2012 et devrait atteindre les mêmes proportions cette année, car cet indice, qui regroupe les grandes multinationales françaises, "peut être tiré par les exportations de ses entreprises, alors que l'économie (réelle) française est plutôt stationnaire".
Une nécessaire relance de l'emploi
Dans ce contexte de stagnation économique en France, qui sera peut-être suivi par une période de croissance molle et donc insuffisante pour stabiliser le chômage, M. Aboura insiste sur la nécessité d'entreprendre des réformes structurelles afin de changer véritablement la donne sur le marché de l'emploi.
"On aura sans doute une petite croissance", reconnaît l'expert en économie et finances, ajoutant qu'après 0% en 2012, l'évolution annuelle du PIB devrait atteindre entre +0,1% et +0,5% dans l'Hexagone en 2013.
"Mais, il faut au moins 2% (de taux de croissance) empiriquement pour stabiliser le taux de chômage en France et commencer à le faire reculer", indique-t-il. "On est dans une situation de croissance molle qui ne nous permettra pas de résorber le chômage, qui est, à mon avis, le premier facteur de déstabilisation possible (sur le plan aussi bien politique qu'économique et financier)."
Pour répondre à cette nécessité de relancer l'emploi, M. Aboura préconise un recours à un SMIC (salaire minimum) sectoriel, en appelant à renoncer au salaire minimum national, afin de pousser les entreprises à employer une main-d'oeuvre à moindre coût, qui recevra en contrepartie une allocation en complément de son revenu, comme c'est le cas en Allemagne.
Selon lui, l'Etat français pourrait réduire le montant des aides qu'il verse aux entreprises et qui sont très coûteuses, représentant 110 milliards d'euros des dépenses publiques en 2012. "Pour résoudre le problème du chômage en France, il faut des réformes structurelles et non se contenter de donner de l'argent aux entreprises", souligne-t-il.