Pour la première fois depuis avril 2010, la Grèce a réussi mercredi à lever trois milliards d'euros d'obligations sur le marché international. Des experts économiques chinois ont vu cette réussite d'un bon oeil, la considérant comme un indice de l'amélioration de la situation économique de la première victime de la crise de la dette européenne en zone euro.
"Cette réussite représente la sortie progressive de la Grèce de la période la plus difficile de la crise de la dette européenne, et signifie qu'elle commence à rejoindre de nouveau les pays dotés d'une capacité de financement international", s'est enthousiasmée Chen Fengying, directrice de la faculté d'économie internationale de l'Institut chinois de recherche sur les relations internationales modernes.
Sursouscrite au moins huit fois, cette vente de trois milliards d'euros d'obligations à cinq ans, assorties d'un coupon annuel de 4,75%, illustre le changement des prévisions des investisseurs internationaux sur l'avenir économique grec ainsi que le retour de leur confiance en les capacités hellènes de résoudre ses problèmes, a estimé Mme Chen.
Rappelant que la troïka BCE-UE-FMI a versé au total 240 milliards d'euros de prêt au pays depuis 2010, Mme Chen a noté que les efforts de renflouage ont été si énormes et si efficaces qu'ils sont parvenus à sauver le pays, menacé pendant un certain temps de défaut de paiement et de sortie de la zone de monnaie unique.
Pour Chen Xin, directeur de la section économique de la faculté européenne de l'Académie chinoise de la science sociale, cette réussite tient également à la politique de rigueur adoptée par le gouvernement grec pour réduire le déficit du pays, qui verrait cette année un taux de croissance de 0,5%, la première du genre après une régression de six ans consécutifs. L'opération financière couronnée de succès a envoyé un message fort au gouvernement et au peuple grecs, et a créé une ambiance favorable à la promotion continue de la réforme des austérités.
Par ailleurs, ce retour sans heurt repose également sur les perspectives prometteuses de l'économie réelle de la Grèce ainsi que les prévisions optimistes du FMI sur l'Europe, a ajouté Mme Chen.
Le transport maritime et le tourisme constituent deux piliers de l'économie grecque, qui sont étroitement liés à la situation économique globale, qui s'améliore en douceur, alors que le FMI a récemment révisé à la hausse les chiffres de croissance pour l'ensemble de l'Europe, soit 1,2% et 1,5% respectivement en 2014 et 2015 (+0,1 pour ces deux chiffres par rapport à la prévision de janvier).
Pourtant, la Grèce demeure confrontée à de rudes défis en matière de désavantages structurels et traditionnels dans son système économique et social, notamment sa charge gigantesque de dette souveraine qui s'établit toujours à 177% du PIB national, ont mis en garde les deux experts, qui ont souligné qu'il faudra du temps et de la patience pour remédier à ses problèmes chroniques et attendre les résultats des réformes.
Face au point tournant satisfaisant apparu dans l'évolution de la crise souveraine de la dette européenne, les deux experts ont leurs points de vue sur le rôle que la Chine pourra jouer aux côtés de la Grèce.
La Chine, qui soutient dans la mesure du possible les efforts européens destinés à se sortir de la crise souveraine de la dette, continuera à appuyer les pays européens, dont la Grèce, par différentes méthodes, à savoir l'investissement direct, l'achat des obligations ainsi que le tourisme, a rappelé M. Chen, qui a affirmé que les entreprises chinoises pourront élargir leur champ de coopération avec la Grèce, pays engagé dans la voie du rétablissement.
Evoquant la visite de l'ex-Premier ministre chinois Wen Jiabao en Grèce en décembre 2010, point culminant de la crise souveraine de la dette, Mme Chen a indiqué que les deux pays ont conjugué leurs efforts au niveau gouvernemental pour accroître leurs échanges dans les domaines du commerce, du transport maritime et de la culture humaine, et qu'ils pourront encore coopérer dans le secteur privé pour accumuler les capitaux dont la Grèce a besoin pour soutenir son éventuelle croissance.