Dernière mise à jour à 09h31 le 14/03
Tous les soirs, dans une auberge de village de la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine), le propriétaire et les artistes locaux prennent la tête d'un groupe de voyageurs pour chanter et danser autour d'un feu de camp. C'est une facette de sa vie que Yu Wulin, aubergiste, n'aurait jamais imaginé.
Agé de 47 ans, M. Yu, qui est également député à l'Assemblée nationale populaire, était fermier lorsqu'il était plus jeune, comme la majorité des habitants du village montagneux de Laomudeng, naguère touché la pauvreté, situé dans la dans la préfecture autonome Lisu de Nujiang. Aujourd'hui, M. Yu, membre du groupe ethnique Nu, dirige deux auberges renommées avec son épouse dans le village, qui est maintenant devenu un lieu touristique célèbre où des dizaines d'autres hébergements ont été créés par des villageois pour accueillir des touristes chinois et même étrangers.
Yu Wulin (à gauche) reçoit un touriste dans son auberge à Laomudeng, dans la préfecture autonome Lisu de Nujiang, dans la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine). (Wang Jing / China Daily)
« Auparavant, notre peuple n'avait auparavant aucun sens commercial », a-t-il déclaré. « Je ne m'attendais pas à ce que je sois la première personne à devenir riche en créant ma propre entreprise à Laomudeng », a-t-il ajouté.
L'histoire de Yu Wulin a commencé en 1996 lorsqu'il a été sélectionné pour participer à une exposition à Shanghai pour présenter la culture et les traditions des Nu. Ce voyage a élargi les horizons de ce jeune homme alors âgé de 20 ans.
À la fin des années 1990, de plus en plus de voyageurs venus de toute la Chine ont commencé à visiter Laomudeng. Ils faisaient une randonnée tout au long de la journée et restaient dans le village pendant la nuit. Ces visiteurs ont choisi de rester chez M. Yu parce qu'il était à l'époque la seule personne à pouvoir parler le mandarin dans le village.
Au fil du temps, de plus en plus de voyageurs ont choisi d'habiter chez M. Yu et son épouse, qui leur proposaient une authentique cuisine Nu et leurs préparaient des chansons et des danses traditionnelles, gratuitement. C'est alors que les gens ont commencé à suggérer à M. Yu d'ouvrir une auberge afin qu'il puisse accueillir plus de visiteurs. Après avoir réfléchi, il a accepté de se lancer dans cette aventure.
En 2001, avec l'aide de ses proches et d'amis, il a ouvert la première auberge du village -une maison à toit de tuiles avec huit lits- près de chez lui.
Bientôt, M. Yu et son épouse ont acquis une réputation pour le service qu'ils fournissaient et ont attiré encore plus de visiteurs, dont certains leur ont même prêté de l'argent pour les aider à moderniser et à étendre l'auberge deux fois.
La maison avec huit lits est devenue deux maisons plus grandes avec un total de 33 chambres en 2016, permettant aux auberges d'enregistrer collectivement un chiffre d'affaires annuel moyen d'environ 450 000 yuans (64 649 dollars) avant que l'épidémie de COVID-19 n'éclate en Chine.
Les voyageurs ont joué un rôle clé dans le succès du couple. En plus de prêter de l'argent, certains ont également gracieusement fait la promotion des logements et même participé à la conception de la deuxième auberge, pour laquelle M. Yu a exprimé sa gratitude. « À vrai dire, il est très difficile de gérer des auberges -être occupé du matin au soir tous les jours », a-t-il déclaré. « Mais ce travail m'a permis de me faire un grand nombre de bons amis de tout le pays qui m'ont aidé, m'ont encouragé et m'ont réchauffé le cœur. Cela m'a fait me sentir heureux ».
Le succès de M. Yu a incité d'autres villageois à suivre ses traces. Après avoir vu l'entreprise de M. Yu et de son épouse, certains ont lancé la leur. Aujourd'hui, Laomudeng compte 33 auberges et restaurants, qui attirent de plus en plus d'invités de diverses parties du pays.
Pendant les dernières vacances de la Fête du Printemps de sept jours cette année, près de 10 000 personnes ont apprécié les paysages, la cuisine et les spectacles de danse traditionnels dans le village. « Notre village s'améliore et il y a un nombre croissant de visiteurs. La plupart de nos villageois sont sortis de la pauvreté grâce à leurs entreprises touristiques », a déclaré M. Yu. « J'adore mon travail, donc je continuerai, peu importe la difficulté ou la fatigue que cela peut causer ».