Quant à la Russie, elle a réagi vigoureusement face à la demande faite par la Turquie à l'OTAN de déployer des missiles « Patriot » sur son sol près de la frontière syrienne, faisant part de ses nouvelles inquiétudes. Car en dehors des États-Unis, seule une poignée de pays et de régions déploient des missiles « Patriot ». Au Moyen-Orient, l'Arabie Saoudite, Bahreïn, la Jordanie, l'Egypte et le Koweït en possèdent sur leur sol. Si la demande de la Turquie est satisfaite, cela aboutira à la création d'une nouvelle base de missiles « Patriot ». Plus grave encore, la future base de missiles intercepteurs déployés en Turquie se trouvera très proche du territoire russe. Une fois le déploiement terminé, l'OTAN possédera ainsi une seconde base de missiles intercepteurs proche du territoire russe, en plus de celle qui a été déployée en Pologne. Le déploiement par l'OTAN de tels missiles au Sud, faisant en quelque sorte écho avec ceux qui le sont au Nord en Pologne constitue une grande menace pour la Russie. De son côté, l'Iran est aussi mécontent de ce fait, car tout cela revient à créer un nouveau réseau de missiles intercepteurs à ses portes. Au cas où l'Iran serait obligé un jour de mettre en œuvre des mesures de contre-attaque par des missiles tirés sur Israël ou un autre endroit, l'OTAN disposera, avec sa base de missiles intercepteurs en Turquie de moyens efficaces d'interception de missiles iraniens lors des phases précoces et intermédiaires de leur vol. La demande de déploiement de missiles « Patriot » par la Turquie est en fait le reflet d'un jeu en coulisses entre les grandes puissances.
Dans la situation actuelle de la crise syrienne, qui ne cesse de s'aggraver, que l'OTAN à envisage un déploiement de missiles « Patriot » à proximité de la frontière syrienne n'est vraiment pas faire preuve de sagesse. Car cela ne fera qu'encourager l'arrogance de l'opposition armée en Syrie, et ce n'est pas propice à un règlement politique de la crise en Syrie. Selon les dernières statistiques de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), la guerre civile qui déchire la Syrie a déjà provoqué la mort de 40 000 personnes. Cela veut dire que depuis le début des émeutes en mars de l'année dernière, ce sont près de 66 personnes qui meurent chaque jour, victimes des horreurs de la guerre. C'est un chiffre effrayant. On se souvient que la guerre en Libye n'a coûté, depuis son début jusqu'à sa fin, la vie qu'à « seulement » 20 000 morts au total. Le chiffre des morts en Syrie représente déjà le double de ceux victimes de la guerre en Libye. Or la fin de la guerre en Syrie est encore très éloignée à l'heure actuelle. Cela représente aussi le tiers du nombre de morts enregistrés pendant la guerre en Irak (près de 120 000 morts, y compris les civils et les soldats irakiens et les militaires américains morts au combat).
Vu sous cet angle, la guerre civile syrienne ne devrait pas se poursuivre. Les puissances occidentales et les pays du Moyen-Orient devraient faire preuve de retenue et à faire davantage pour favoriser la paix et à s'abstenir de se livrer à des actes encourageant la guerre, afin d'éviter que la guerre en Syrie ne s'aggrave encore et ne touche de trop nombreux civils innocents.
Ren Yaqiu