Un an après son écrasante victoire lors des élections législatives du 25 novembre 2011, le premier gouvernement sous l'ère de la nouvelle Constitution marocaine, dirigé par Abdelilah Benkirane, secrétaire général du parti de la justice et du développement (PJD), souffle ce dimanche sa première bougie.
Cette formation d'obédience islamiste avait remporté 107 sièges à la Chambre des représentants (Première chambre du parlement marocain). Abdelilah Benkirane avait alors été désigné pour prendre les commandes dans une conjoncture difficile marquée notamment par les turbulences qu'a connues la région du Maghreb mais aussi par la dégradation des perspectives de croissance en Europe (premier partenaire du pays) à cause de la crise de la dette.
Dans cette conjoncture internationale et régionale plutôt défavorable, le gouvernement de coalition formé de quatre partis politiques marocains, à savoir le parti de l'Istiqlal (PI), le Parti du progrès et du socialisme (PPS) et le Mouvement populaire (MP), avait élaboré une déclaration gouvernementale qui visait à réaliser un taux de croissance de 5,5%, à maîtriser le taux d'inflation autour de 2 % et à réduire le taux chômage à 8% durant la période 2012-2016, Ce programme visait aussi à réaliser un taux de croissance de 6 % du PIB non agricole, à assurer un retour progressif à un taux de déficit budgétaire autour de 3 % du PIB durant la période 2012-2016 et à augmenter les taux d'épargne et de l'investissement, tout en maîtrisant le déficit du compte courant de la balance des paiements.
Un an après, cet élan d'optimisme a été révisé à la baisse et le projet de loi de finances 2013, en discussion au parlement marocain, ne table que sur une croissance de 4,5 %, une réduction à 4,8 % du déficit budgétaire par rapport au produit intérieur brut (PIB) et la création de 24.000 postes budgétaires, dont la moitié ira aux secteurs sociaux, avec le lancement d'un ensemble de mesures pour faire face au chômage.
Aujourd'hui, les incertitudes demeurent au moment où le gouvernement marocain fait face à un large mouvement de grèves dans les secteurs de l'enseignement, du transport, de la justice, de la santé, des collectivités locales, ainsi qu'aux manifestations des cadres et diplômés chômeurs.
La tension sociale s'alimente par la dernière hausse des prix des carburants poussant plusieurs corporations, notamment dans le secteur du transport à manifester leur mécontentement.
La grève générale décidée ce lundi, dans le transport routier se durcit et contamine d'autres secteurs. Les Syndicats montent au créneau et vivent au rythme d'une vive tension marquée par de forts mouvements de protestation attisés par la déception quant au contenu du projet de loi de finances 2013 qui ne répond pas, selon eux, aux attentes des citoyens en général, et de la classe laborieuse en particulier.
Les cinq syndicats les plus représentatifs se sont également retirés des réunions de la commission thématique chargée de l'exécution du reste des engagements de l'accord du 26 avril 2011, contenus dans le cadre de la poursuite du dialogue social dans le secteur public. Selon des représentants de l'Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), la Fédération démocratique du travail (FDT), l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM), ce retrait intervient en réaction à l'attitude négative du gouvernement par rapport à l'exécution de ses engagements et la non réponse aux questions posées, et ce, après un an de discussions. Les centrales accusent le gouvernement de manque de volonté pour faire aboutir les doléances du cahier revendicatif qui trainent depuis l'institutionnalisation du dialogue social.
Ce dernier devait porter sur la législation du travail, la réforme des régimes de la retraite, dont certains se trouvent dans une situation alarmante, l'élargissement du système de protection sociale et de la sécurité au travail, en plus de la promotion de la formation professionnelle au profit des salariés.