Par Ren Yaqiu
L'intervention au Mali pour la France est un « test ultime ». Car après tout, les intérêts de la France dans la région, la sécurité des Français expatriés et l'avenir de la lutte contre le terrorisme dépendent de cette intervention. Le président de la République a dit que la mission française était loin d'être achevée. Le vrai test est encore à venir...
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Les médias internationaux ont récemment rapporté que les troupes gouvernementales maliennes ont, avec l'aide de l'armée française et, après des combats féroces, repris des mains des militants islamistes la ville stratégique de Konna, située au centre du pays. À l'heure actuelle, la dynamique offensive des rebelles armés vers le Sud du Mali a été effectivement enrayée. Le 13 janvier, des avions de combat français ont commencé à attaquer les bases arrière de l'ennemi. Les raids aériens en territoire ennemi se sont principalement concentrés sur la ville malienne de Gao, dans le Nord, où se trouvent un camp d'entraînement et un entrepôt de munitions. L'action entreprise au Mali contre des groupes extrémistes islamiques et les forces rebelles constitue une première victoire.
Actuellement, 400 soldats français sont déjà arrivés au Mali. Les pays ouest-africains ont exprimé leur volonté d'envoyer leurs propres troupes pour aider le Mali, et on estime qu'elles seront en mesure d'être pleinement déployées dans un avenir proche. L'Algérie, pays situé en Afrique du Nord, a permis aux avions militaires français de survoler son espace aérien pour aller frapper des cibles au Mali, semant la terreur dans les rangs des extrémistes islamistes retranchés dans le nord du Mali.
Le fait que la France soit entrée en guerre a grandement remonté le moral de l'armée et du peuple du Mali. Et à l'étranger, le plus grand bénéfice de cette intervention va sans doute revenir au Président français François Hollande. C'est lui qui a annoncé l'intervention militaire de la France au Mali, et il a également déclaré qu'il rendra compte à tout moment à la population française des progrès sur le champ de bataille. Depuis que François Hollande est entré au Palais de l'Elysée, il est systématiquement attaqué par l'opposition de droite sur son traitement des grandes affaires nationales et internationales. Sauf cette fois, où l'intervention militaire qui a été décidée a reçu le soutien de la majorité de la classe politique, y compris des partis de droite. Les médias français ont souligné que ce seul fait a contribué à rehausser le prestige de M. Hollande.
Cependant, la reconquête de la ville de Kona n'est juste que la première étape de l'intervention française. Le vrai test est encore à venir. Le problème est maintenant de savoir jusqu'où va aller l'intervention militaire de la France au Mali. M. Hollande a bien dit, dans la soirée du 12, que la mission française était loin d'être achevée. Et de son côté, le 13 janvier, le Ministre français de la Défense Jean-Yves Le Driant a déclaré aux médias que les raids aériens de l'armée française allaient se poursuivre. Mais tant le Président que le Ministre de la Défense n'ont pas précisé quels étaient les objectifs d'action spécifiques de la France au Mali. S'agit-il uniquement d'aider les forces gouvernementales maliennes à freiner l'offensive des groupes islamiques armés vers le Sud, ou de libérer l'ensemble du Nord du Mali ? Si cet objectif est la libération du Nord du Mali, la destruction du repaire des groupes islamiques armés, cette bataille ne sera certainement pas achevée en quelques jours ni même en une semaine ou deux. Par conséquent, les missions de combat qui viennent vont également s'avérer plus difficiles.
Un autre problème, ce sont les otages français. C'est aussi un des problèmes qui inquiète le plus les Français. Les groupes extrémistes islamiques actifs en Afrique détiennent huit otages français. Ces groupes extrémistes vont-ils exécuter les otages en représailles à l'intervention militaire lancée par la France au Mali? Les porte-paroles des groupes Ansar Dine et Aqmi, retranchés dans le Nord du Mali ont adressé une menace à la France, l'avertissant de cesser son intervention militaires au Mali, faute de quoi ces otages français expatriés dans le monde musulman auront à subir les « conséquences » de l'« attitude irresponsable » de la France. Le Gouvernement français a ordonné le renforcement de la surveillance des infrastructures de transport et des bâtiments publics pour empêcher les terroristes d'exercer des représailles. Si par malheur des otages étaient mis à mort et que des attentats terroristes se produisaient vraiment, cela amènerait sans aucun doute l'opinion publique à exercer une forte pression sur le Parti Socialiste français au Gouvernement, et cela aurait un impact sur les opérations de l'armée française au Mali.
Dernier problème, c'est la capacité de l'armée française à éviter de lourdes pertes dans cette intervention. Les pertes que l'armée française a déplorées lors de la guerre en Afghanistan n'ont pas été négligeables. Cela a incité François Hollande à annoncer le retrait des troupes de combat françaises en avance l'an dernier. Si à l'avenir les opérations militaires de l'armée française au Mali tombaient dans une longue guerre d'usure, comme lors de la guerre en Afghanistan, cela serait susceptible de provoquer une situation embarrassante. Et si jamais les pertes étaient importantes, il est probable que cela provoquerait du ressentiment dans l'opinion publique française, et cela reviendrait alors à avoir mis sa main dans la gueule du loup.
La guerre qui se déroule actuellement a pour but de sauvegarder l'unité nationale du Mali. Pour la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, la lutte contre les forces terroristes a pour but de maintenir la stabilité régionale. Pour la France, c'est un « test ultime ». Car après tout, les intérêts de la France dans la région, la sécurité des Français expatriés et l'avenir de la lutte contre le terrorisme dépendent de cette intervention de la France au Mali.
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