Depuis l'annonce vendredi du début de l'intervention militaire française au Mali, la majorité de la classe politique française a approuvé cette décision du président François Hollande, à l'exception de quelques figures qui ont critiqué l'engagement ou la méthode ayant conduit à l'intervention française.
"Il était grand temps d'agir" pour "entraver l'établissement d'un Etat narcoterroriste", a déclaré vendredi dans un communiqué Jean-François Copé, président de l'UMP (Union pour un mouvement populaire, principal parti d'opposition), tandis que, pour l'ancien Premier ministre François Fillon, "la lutte contre le terrorisme exige l'unité de la Nation au-delà des clivages partisans", rapporte la presse française.
"L'intervention française au Mali décidée (...) par le président de la République doit être soutenue dans la mesure où notre pays a été appelé à l'aide par le gouvernement légitime du Mali en application d'une coopération de défense entre nos deux pays", a pour sa part estimé vendredi dans un communiqué Marine Le Pen, la présidente du Front national (extrême droite), qualifiant l'intervention de "légitime".
Au centre, les deux principaux dirigeants politiques, Jean-Louis Borloo (Union des démocrates et indépendants, UDI) et François Bayrou (Mouvement démocratique, MoDem), ont jugé qu'il y avait "urgence" à intervenir. Un point de vue proche de celui du directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), Pascal Boniface, qui a déclaré lundi matin sur France 2 que l'intervention "est à la fois légale et légitime".
A l'extrême gauche, le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a quant à lui qualifié de "discutable" l'engagement de l'armée française au Mali et de "condamnable" le fait que la décision ait été prise sans consulter le Parlement.
"L'intérêt d'une intervention militaire extérieure pour régler le problème posé au nord du Mali est discutable. En décider alors que les intérêts fondamentaux de la France ne sont pas en cause, selon le chef de l'Etat lui-même, et alors que les troupes africaines sont engagées, est discutable", a déclaré vendredi M. Mélenchon dans un communiqué.
Plus catégorique, Nathalie Arthaud, la porte-parole de Lutte ouvrière (extrême gauche), a fermement condamné samedi l'intervention française au Mali.
"Les intérêts des populations du nord comme du sud du Mali n'ont rien à voir avec les motivations invoquées par l'État français". Selon elle, l'objectif de l'intervention française est de "défendre les intérêts impérialistes français (et) maintenir un ordre économique qui permet aux grands groupes français de piller ce pays".
Dans une tribune publiée dimanche dans le Journal du dimanche, l'ancien ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, s'est prononcé contre l'intervention française.
"Non, la guerre ce n'est pas la France", a estimé M. Villepin, avant d'ajouter qu'"au Mali, aucune des conditions de la réussite n'est réunie".
La France, qui menait des tractations diplomatiques depuis des mois, a décidé d'intervenir militairement au Mali après la prise de Konna (centre), jeudi, par les islamistes, avant-dernier verrou avant la capitale Bamako.
"La menace, c'est la mise en place d'un Etat terroriste à portée de l'Europe et de la France", a justifié samedi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors d'une conférence de presse.
Depuis le lancement, vendredi, de l'opération française "Serval" au Mali, plus de 100 rebelles ont été tués, ainsi que des dizaines de soldats maliens, des civils et un pilote de l'armée française, rapportent lundi les médias français.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir lundi à la demande de la France pour discuter de la situation dans le pays.