Comme dans bien d'autres domaines auparavant, certaines personnes parlent aujourd'hui d'une nouvelle "menace", que la Chine ferait peser sur les approvisionnements mondiaux en céréales. Les chiffres et les analyses les plus sérieuses montrent pourtant que cette crainte ne repose sur aucun fondement.
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Les statistiques de l'Administration Générale des Douanes chinoises ont montré qu'entre janvier et novembre 2012, la Chine a importé un total de 10,775 millions de tonnes de produits alimentaires, dont trois céréales, le blé, le maïs, et le riz, soit une hausse de 294,5% en un an. Ces chiffres ont conduit certains à se poser des questions au sujet du niveau d'autosuffisance de la Chine en matière de céréales, et même conduit l'opinion publique internationale à évoquer une « théorie de la menace » chinoise sur les importations de nourriture. Selon les experts, ces rumeurs sont sans fondements concrets, et cette croissance des importations n'a pas ébranlé la sécurité alimentaire de la Chine. La croissance des importations de produits alimentaires est une chose normale dans un environnement de marché ouvert, et ce sont les facteurs structurels qui sont le principal facteur de l'augmentation des importations de céréales. La Chine adhère à une stratégie de protection de la structure de la sécurité alimentaire, modérant ses importations de produits alimentaires étrangers tout en sauvegardant son autosuffisance en aliments de base et en coordonnant l'utilisation des ressources des marchés intérieur et étrangers.
Selon Cheng Guoqiang, chercheur au Centre de recherche sur le développement du Conseil des Affaires de l'Etat, lors de la période allant du milieu des années 1980 au milieu des années 1990, qui furent des années tendues en ce qui concerne l'offre et la demande, la Chine a, par exemple, importé chaque année entre 10 et 13 millions de tonnes de blé en moyenne. Les chiffres de l'année dernière, avec des importations de 13,4 millions de tonnes pour les onze premiers mois de l'année, équivalant à 4,7% du volume du commerce mondial de céréales, qui se monte à 280 millions de tonnes, ne sauraient justifier que l'on parle de « fièvre ». Cela représente à peu près les mêmes chiffres que la Corée du Sud, et 60% des importations de céréales du Japon. Avec une consommation de céréales de 520 millions de tonnes par an, la Chine ne représente qu'un équivalent de 2,6% seulement.
Les facteurs structurels sont la cause principale
Selon Shen Danyang, porte-parole du ministère du Commerce, les importations de céréales de la Chine de l'année dernière sont une réaction normale face à la demande du marché. Il estime que l'augmentation des importations de produits alimentaires l'an dernier vient d'abord de l'augmentation des différentiels de prix sur les marchés national et internationaux, des souhaits d'importations des entreprises, et d'autre part, du fait que les entreprises ont augmenté leurs stocks de céréales fourragères, en particulier de maïs, à cause d'une offre et d'une demande serrées; Troisièmement, les importations pour la même période de 2011 ayant été d'un niveau très bas, la récente augmentation des importations alimentaires a paru d'autant plus élevée.
Les analystes estiment que l'avantage des produits étrangers en matière de prix a été à l'origine d'une poussée des importations de céréales l'an dernier. Cheng Guoqiang a souligné que l'augmentation des importations des différentes variétés de céréales sur le marché international est la manifestation d'un ajustement structurel. Notre marché est un marché ouvert, l'importation de différents produits ayant un avantage concurrentiel correspond aux besoins d'une structure d'échange normale, et par rapport aux années précédentes, sa taille est relativement normale. Il estime que la croissance des importations a été principalement due à la diversification de la demande des consommateurs nationaux. On note ainsi une augmentation de la proportion des céréales destinées à l'alimentation des animaux et à l'industrie.
La Chine attache une grande importance à sa sécurité alimentaire
Les experts sont d'accord pour dire que l'augmentation des importations n'a pas ébranlé la sécurité alimentaire de la Chine. Cependant, assurer la sécurité alimentaire sera toujours, pour le pays le plus peuplé du monde, un objectif à long terme et ardu auquel toute politique en la matière se doit d'attacher la plus grande importance.
Selon Cheng Guoqiang, l'augmentation de la population et la réduction de la quantité de terres, provoquant des contraintes en matière de ressources agricoles, est une des conditions nationales de base de la Chine. Tout d'abord, il faut d'une part, s'assurer que l'autosuffisance en aliments de base pour la population soit stable, et se concentrer sur la protection de l'autosuffisance de base en riz et en blé, deux aliments de base. D'autre part, il faut coordonner l'utilisation des ressources nationales et internationales, procéder à des importations modérées et stables de produits agricoles sur le marché mondial, comme le maïs, le soja et d'autres produits alimentaires, pour soulager la pression due à la pénurie de ressources. Enfin il faut mettre en place une chaîne d'approvisionnement mondiale de produits agricoles durable, stable et sûre.
Cheng Guoqiang a souligné que l'autonomie alimentaire nationale ne signifie pas que la Chine n'a pas besoin d'importer, et que trop mettre l'accent sur un taux trop élevé d'autosuffisance alimentaire n'est pas réaliste et demandera beaucoup de ressources, et que cela aura aussi un coût environnemental et économique.
« Le Quotidien du Peuple, Edition outre-mer » (21 janvier 2013 2e Edition)