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La Chine et l'Afrique : combat solidaire contre la désertification

le Quotidien du Peuple en ligne | 13.06.2022 16h45

« Tous ensemble pour vaincre la sécheresse » – la 28e Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse, qui sera célébrée le 17 juin, lance l'appel. Selon les Nations Unies, 12 millions d'hectares de terres partent en poussière chaque année. Plus alarmant encore, les sécheresses pourraient affecter d'ici 2050 plus des trois quarts de la population mondiale.

La désertification et la sécheresse sont des problèmes mondiaux, qui provoquent divers symptômes et effets secondaires : pauvreté, famine, inégalités, même conflits armés. Lors de la COP15 contre la désertification tenue le mois dernier à Abidjan, le Ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a, dans son allocution, appelé la communauté internationale à travailler ensemble pour « mettre fin au cercle vicieux entre la pauvreté et la désertification » et « réaliser le développement durable en vue d'un monde plus propre et plus beau ».

(Photo / Xinhua)

L'Afrique est l'une des régions les plus touchées par la désertification et la sécheresse : jusqu'à 65% des terres productives du continent sont dégradées. Les Chinois, tout comme les Africains, se trouvent en première ligne face à ce fléau. En Chine, les zones désertiques occupent 27,2% de sa superficie nationale. Le combat contre la désertification a été déclaré au lendemain de la fondation de la Chine nouvelle en 1949. Au prix de grands efforts de plusieurs générations, l'expansion de la désertification a été effectivement enrayée, faisant de la Chine le premier pays à réaliser la neutralité en matière de dégradation des terres. Preuve que cette « maladie de la Terre » n'est pas irréversible. Les acquis et expériences de terrain offrent un remède « 3C » : concept clairvoyant, combat constant, coopération concrète.

Concept clairvoyant

Les succès qu'a remportés la Chine n'auraient pas été possibles sans une vision stratégique lucide. « Nous devons protéger la nature comme nous le faisons pour nos propres yeux », souligne le président chinois Xi Jinping, estimant qu'« un bon environnement est le bien public le plus équitable et le bien-être qui profite le plus largement à la population ». L'écologie reste une priorité constante du gouvernement chinois. Réaliser un développement innovant, coordonné, vert, ouvert et partagé, atteindre le pic des émissions avant 2030, parvenir à la neutralité carbone avant 2060. Ces objectifs ambitieux sont difficiles à atteindre, mais la Chine est sur la bonne voie. Par des actions solides, elle traduit la civilisation écologique dans tous les aspects et tous les stades de son développement économique et social.

Une meilleure gouvernance environnementale mondiale doit, elle aussi, être guidée par une vision stratégique lucide : construire une communauté de toutes les vies sur la Terre, bâtir un avenir partagé pour l'homme et la nature. Voilà la contribution chinoise. L'année dernière, le président Xi a lancé aux Nations Unies l'Initiative pour le Développement mondial, préconisant entre autres une coexistence harmonieuse entre l'homme et la nature dans le développement. Ces idées partagent de nombreux points communs avec l'Agenda 2063 de l'Union Africaine, qui prévoit de « bâtir une Afrique prospère fondée sur la croissance inclusive et le développement durable », et sont largement saluées par les pays africains.

Combat constant

Enrayer la désertification est un travail de longue haleine. Shi Guangyin, appelé « oncle du désert » par les habitants de Maowusu (zone désertique dans le Nord de la Chine), se souvient toujours de la tempête de sable qui l'avait emporté jusqu'à plus de 15 km de chez lui quand il avait huit ans. Cet épisode douloureux l'a déterminé à agir. À 18 ans, il est allé apprendre à planter dans le désert pour ensuite reboiser en trois ans plus de 900 hectares avec son équipe. En 1984, il a quitté la fonction publique et signé un contrat pour gérer une zone de sable de 230 hectares : du jamais-vu en Chine. Partout où Shi et ses arbustes avançaient, le désert reculait. Mais cette mission n'était pas sans peine. Solder ses affaires, tomber dans l'endettement, déménager fréquemment... Son fils a même succombé à un accident de la route en transportant de jeunes arbres. Les épreuves auraient découragé un esprit moins résolu, mais Shi a tenu. Au bout de quatre décennies d'efforts, il a radicalement changé le paysage local. Mais ce n'est pas la fin de l'histoire. Après sa retraite, son petit-fils a pris le relais dans cette aventure verte.

Faire reculer le désert, oui, c'est possible. C'est un combat de plusieurs décennies, même de plusieurs générations. Le Programme de forêts protectrices dans les trois régions du Nord de la Chine a été élaboré en 1979 pour une durée de 73 ans. Dans ce cadre, les habitants du désert de Kubuqi (Nord de la Chine) ont mis plus de 30 années pour faire de cette « mer de la mort » une oasis de prospérité. Conscients de l'importance de la persévérance et de la constance, les Africains ont lancé en 2007 l'Initiative Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel, qui se concrétise par des planifications quinquennales et un plan d'investissements prioritaires décennal 2021-2030. Comme dit un proverbe saharien, « qu'importe si le chemin est long, du moment qu'au bout il y a un puits ». Nous devons tous persévérer, encore et encore, pour assurer un avenir plus vert et plus radieux aux générations futures.

Coopération concrète

À défi planétaire, réponse collective. Les initiatives vertes de la Chine dans sa coopération avec l'Afrique sont nombreuses, notamment dans le cadre de l'Initiative « la Ceinture et la Route » et du Forum sur la Coopération sino-africaine. Lors de la dernière conférence du FOCAC en novembre 2021, un plus grand accent a été mis sur le développement vert avec dix projets de coopération. La Chine et l'Afrique ont adopté pour la première fois une déclaration sur la coopération contre le changement climatique. Les actions n'ont pas tardé pour mettre en place des satellites de télédétection aux fins d'observation climatique pour l'Afrique, envoyer 500 agronomes dans les pays africains et réaliser pour eux des projets d'agriculture et de réduction de la pauvreté. L'exemple le plus récent remonte au symposium qu'a tenu la Chine en avril dernier à l'adresse d'experts africains de la sylviculture pour soutenir le développement de la Grande Muraille Verte, la sagesse chinoise préconisant d'apprendre aux autres à pêcher plutôt que de leur offrir des poissons.

La coopération verte ne sera efficace qu'avec les partenaires exigeants d'eux-mêmes. Ces dernières années, les pays africains ont redoublé d'efforts dans le combat contre la désertification et la sécheresse. La Côte d'Ivoire, pays hôte de la COP15 contre la désertification, s'est fixé l'objectif de restaurer le couvert forestier à au moins 20% du territoire national à l'horizon 2030. Pour y arriver, un nouveau Code forestier a été adopté en 2019 et l'opération de reboisement « 1 jour 50 millions d'arbres » a été officiellement lancée l'année dernière. De bonnes pratiques ont aussi émergé dans le cadre de l'Initiative Grande Muraille Verte. Au Burkina Faso, au Sénégal et au Niger, le système de Vallerani, une technologie inspirée des pratiques traditionnelles, a permis de restaurer plus de 50 000 hectares de systèmes agro-sylvo-pastoraux. Au Mali et en Éthiopie, la régénération naturelle assistée par les agriculteurs, une technique de restauration des terres à faible coût, a joué un rôle fondamental dans la création de multiples moyens de subsistance et des avantages environnementaux locaux. La Chine soutient et soutiendra sans relâche ces efforts des pays africains en faveur de la gestion durable des terres, si cruciale pour le développement et le redressement de l'Afrique.

La désertification, ainsi que le changement climatique et la perte de biodiversité, ont été identifiés comme les plus grands défis pour le développement durable lors du sommet de la Terre de Rio en 1992. Alors que la COP15 contre la désertification s'est clôturée en Côte d'Ivoire, une autre COP15, celle sur la diversité biologique, prépare sa seconde session en Chine. La lutte contre la désertification et la conservation de la biodiversité sont étroitement liées et se renforcent mutuellement dans la construction d'un monde meilleur. La Chine œuvrera à ce que la nouvelle session de la COP15 apporte une plus grande contribution à la réalisation des objectifs de développement durable. 

(Par Yi Da, observateur de l'actualité internationale)

(Rédacteurs :Shuang Sheng, Yishuang Liu)
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