Dernière mise à jour à 16h25 le 17/08
Depuis quelque temps, les discussions sur le « Sud Global » se multiplient dans le monde. Le terme désigne l'ensemble des économies émergentes et des pays en développement et reflète leur émergence collective sur la scène internationale.
Alors que de profonds changements jamais vus depuis un siècle évoluent rapidement dans le monde d'aujourd'hui, ces discussions témoignent d'une aspiration croissante de ces nations au développement indépendant, à la solidarité et à la coopération. Aujourd'hui, ces pays deviennent une force non négligeable dans le paysage international.
(Photo/Xinhua)
Dans les années 1950 et 1960, certains pays qui s'étaient libérés des chaînes du colonialisme et s'étaient engagés sur la voie du développement indépendant ont commencé à utiliser le concept de « Sud » pour illustrer l'inégalité systémique entre les pays en développement et les pays industrialisés, ou le « Nord ». Depuis plusieurs décennies, le « Sud Global » recherche la paix, le développement, l'équité et la justice. L'accent mis actuellement sur le « Sud global » a son contexte particulier. Depuis l'escalade de la crise en Ukraine, l'attention de la communauté internationale à la paix, à la sécurité et au développement a atteint de nouveaux sommets.
Face à une situation complexe et sombre, les marchés émergents et les pays en développement ont quant à eux maintenu une attitude rationnelle. Ils soutiennent les pourparlers de paix et encouragent le dialogue et les négociations pour résoudre la crise ukrainienne.
La sobriété dont font preuve les marchés émergents et les pays en développement dans un monde volatil démontre pleinement leur indépendance stratégique croissante. Certains observateurs internationaux pensent que le monde assiste à un nouveau « mouvement des non-alignés ». Anne-Marie Slaughter, ancienne directrice de la planification politique du département d'État américain, estime pour sa part que les réactions des pays en développement à la crise ukrainienne représentent un changement beaucoup plus important dans l'ordre international que ne le pensent la plupart des analystes américains et européens.
Un article du Washington Post a souligné que le monde non occidental, l'hémisphère sud longtemps négligé, ou ce qu'on appelle généralement « le reste », fait entendre sa voix.
Dans une perspective historique à long terme, l'accent mis sur le « Sud Global » est un résultat inévitable de l'essor collectif des marchés émergents et des pays en développement.
Pendant la guerre froide, de nombreux pays en développement n'avaient d'autre choix que de survivre entre les fissures séparant les deux grands camps, sans aucune indépendance stratégique à proprement parler. Aujourd'hui, le « Sud Global » représente la grande majorité de la population mondiale et pas moins de la moitié de l'économie mondiale. Il se trouve désormais dans une toute autre position historique, avec une volonté encore plus forte de paix, de développement et de coopération, ainsi qu'une plus grande volonté de solidarité et d'auto-renforcement.
L'indépendance et l'autonomie sont le fondement politique du « Sud Global »
La plupart des pays en développement, qui ont connu les duretés de l'invasion, de la colonisation et du pillage, chérissent d'autant plus la paix et l'indépendance et ils jouent un rôle de plus en plus crucial dans le maintien de la paix et de la stabilité mondiales.
Le développement et le rajeunissement sont la mission historique du « Sud Global »
De son côté, Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, a averti que sans réformes fondamentales, les pays et les individus les plus riches continueront d'accumuler des richesses, ne laissant que des miettes aux communautés et pays du Sud.
Alors que la reprise économique mondiale manque de dynamisme, les pays en développement sont confrontés à des défis de développement particulièrement redoutables. Se tenant à un moment critique du développement mondial, le « Sud Global » croit largement que la communauté internationale devrait travailler ensemble pour rendre le développement mondial plus inclusif, universel et résilient, et accélérer la mise en œuvre de l'Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable.
L'équité et la justice sont la proposition commune du « Sud Global »
Le « Sud Global » estime généralement que la communauté internationale devrait défendre sans relâche le système international avec l'ONU au cœur et l'ordre international étayé par le droit international.
Pour le « Sud global », les relations d'État à État doivent être coordonnées et réglementées par des institutions et des règles appropriées, et que les forts ne doivent pas intimider les faibles. Aucune décision ne doit être prise simplement en montrant des muscles forts ou en agitant un gros poing. Le multilatéralisme ne doit pas servir de prétexte à des actes d'unilatéralisme. Le « Sud global » préconise de rendre l'ordre international plus juste et raisonnable, de continuer à accroître la représentation et la voix des marchés émergents et des pays en développement, et de favoriser la construction d'un monde multipolaire égal et ordonné.
Ces dernières années, le « Sud Global » a connu de plus en plus de temps forts sur la scène internationale
La 27e session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 27) a créé avec succès un fonds pour les pertes et dommages afin de fournir une assistance financière aux pays vulnérables durement touchés par les catastrophes climatiques.
Des pays comme la Chine, l'Afrique du Sud et le Brésil se sont engagés à promouvoir un règlement politique de la crise ukrainienne et à établir progressivement un consensus international pour des pourparlers de paix. L'Organisation de coopération de Shanghai progresse régulièrement dans l'expansion de ses membres, sa philosophie coopérative gagnant en influence.
Les pays BRICS exercent une influence croissante, avec plus de pays candidats à l'adhésion
L'essor des marchés émergents et des pays en développement a non seulement entraîné des changements historiques dans l'équilibre international des forces, mais a également apporté de nouvelles idées sur la gestion des affaires internationales, insufflant une nouvelle vitalité à l'ensemble du système des relations internationales.
En juin de cette année, les remarques du président sud-africain Cyril Ramaphosa lors du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial ont profondément touché les marchés émergents et les pays en développement : les pays africains « avaient l'impression que nous étions des mendiants quand nous avions besoin d'accéder aux vaccins », a-t-il dit, notant que pendant la pandémie de COVID-19, les pays africains étaient impuissants lorsqu'ils avaient le plus besoin de vaccins.
Selon le chercheur singapourien Kishore Mahbubani, une réalité que l'Occident doit accepter est que les peuples des pays non occidentaux, qui représentent aujourd'hui près de 90 % de la population mondiale, veulent avoir leur mot à dire dans les affaires mondiales. Le monde ne peut que prendre les bonnes décisions pour renforcer le multilatéralisme et l'ordre international fondé sur la Charte des Nations unies, sinon, a-t-il averti, le « désordre » dominera le monde.
La Chine est membre de droit du « Sud global » et fera toujours partie de la grande famille des pays en développement. La voix de plus en plus forte du « Sud global » dans les affaires internationales démontre pleinement que la tendance historique vers une plus grande démocratie dans les relations internationales est inarrêtable. A l'heure où les marchés émergents et les pays en développement jouent un rôle de plus en plus important dans la gouvernance mondiale, les forces qui défendent les normes fondamentales des relations internationales, défendent l'équité et la justice internationales et favorisent la paix et le développement dans le monde continueront de croître.