La police de Marseille, secouée par une grave affaire de corruption, a été réorganisée. Suite aux résultats de l'enquête au sein de la brigade anti-criminalité (BAC) du nord de la ville pour « vols en bande organisée, extorsion en bande organisée, infractions à la législation sur les stupéfiants », une brigade unifiée à été mise en place et le contrôle hiérarchique a été renforcé, ainsi que les effectifs de fonctionnaires.
Quinze fonctionnaires suspectés d'avoir volé ou extorqué de la drogue et de l'argent à des dealers, avaient été placés en garde à vue début octobre. Après avoir suspendu les fonctionnaires concernés, le ministre de l'Intérieur, Manuel Walls, s'était rendu à Marseille 12 octobre pour annoncer une réorganisation de la police. La Brigade anti-criminalité des quartiers nord où se seraient produits les faits de vol et racket a été dissoute et remplacée par une Bac unique. Une cellule de déontologie a été mise en place au sein de cette nouvelle Bac. Elle est composée de trois moniteurs de sport "qui recevront une formation spécialisée", de personnels du centre de formation, du "cabinet d'audit et de discipline de la DDSP", et un magistrat viendra y "porter avec la hiérarchie 'la bonne parole', précise-t-on.
Selon les services de police, le but de cette Bac unique est de faire tourner les effectifs dans la ville pour éviter que de mauvaises pratiques, comme les faits de vol et racket dont sont soupçonnés les 15 policiers et que le procureur de Marseille a qualifiés de "gangrène", ne s'installent par endroits.
Le fonctionnement quasi autonome des Bac sur le territoire de la ville aurait facilité la multiplication de pratiques malsaines ou pour le moins risquées et contestables, ont confié des sources policières à Xinhua.
Le contrôle en amont et en aval des opérations de police sur les quartiers dans les milieux de la drogue méritait d'être renforcer, a-t-on précisé.
En visite au commissariat de Noailles, dans le centre-ville de Marseille, pour annoncer la réorganisation, le ministre de l' Intérieur avait alors estimé "indispensable de renforcer le contrôle hiérarchique" dans la police marseillaise. "Trop souvent des gardiens de la paix ou des gradés se sont retrouvés seuls (...) . On a besoin de commissaires et d'officiers extrêmement présents auprès des agents comme des gradés", avait-il insisté.
Le renforcement des effectifs constitue l'autre volet de la réorganisation de la police de Marseille. Quelque 120 fonctionnaires annoncés par le gouvernement à l'issue du comité interministériel du 6 septembre sur la criminalité à Marseille ont rejoints les services le 1er novembre. Une trentaine de fonctionnaires a été affectée à la police judiciaire (PJ), et 15 autres on été nommés à la SDIG (sous-direction de l'information générale, ex-Renseignements généraux). Trois nouveaux commissaires ont été répartis sur chaque secteur de Marseille (nord, centre et sud).
Selon des sources proches du dossier, cette mesure était prévue avant l'affaire de la Bac Nord, dans le cadre de la mise en place des Zones de sécurité prioritaires (ZSP). L'affectation de ces nouveaux commissaires traduit la volonté de travailler en profondeur le renseignement judiciaire pour lutter contre la criminalité des quartiers, une recommandation du comité interministériel.
La ville de Marseille est régulièrement le théâtre de règlements de comptes sur fond de trafic de stupéfiants. Le dernier en date remonte au vendredi 22 novembre. Un autre crime de nature crapuleuse a par ailleurs été commis lundi 26 novembre. Rendu le soir même à Marseille suite à ce nouvel assassinat, le ministre de l'Intérieur avait déclaré que "Marseille (était) gangrenée par cette violence et ces actes criminels".