Suite au décès de deux policiers jeudi dans une course-poursuite avec deux jeunes à bord d' un 4X4 sur le périphérique parisien, le ministre français de l' Intérieur Manuel Valls a prôné jeudi et vendredi l' exemplarité des sanctions contre les délinquants et le renforcement des moyens de la police et de la gendarmerie.
"Deux policiers sont morts à cause de ces chauffards et je ne doute pas un seul instant que la justice sera sévère, impitoyable à l'égard de ce type de comportement", avait réagi jeudi matin sur BFM TV. M. Valls suite à la course-poursuite qui a coûté la vie à deux policiers de la Brigade anti-criminalité (BAC), tandis qu' un troisième était toujours hospitalisé vendredi dans un état grave.
Le drame s' est produit jeudi matin vers 6 heures (05h00 GMT) alors que la police poursuivait sur le périphérique parisien un 4x4 pour de multiples infractions au code de la route. Après avoir semé une première patrouille de police, le véhicule qui roulait à 160 km/h a percuté par l'arrière une seconde voiture de police qui avait été appelée en renfort, tuant deux policiers et blessant gravement un troisième.
Les deux occupants du 4X4, âgés de 20 et 22 ans, ont été immédiatement interpelés et étaient toujours entendus vendredi matin par la police, leur garde-à-vue ayant été prolongée. Les premiers éléments de l' enquête indiquent que le conducteur avait 1,4 gramme d'alcool par litre de sang, soit près de trois fois la limite légale, et qu' il se trouvait "en défaut de permis", relate la presse française.
Jeudi soir, le procureur de la République de Paris François Molins a expliqué que le conducteur avait "délibérément" percuté la voiture de police, soulignant qu'"aucune trace de freinage n'a été décelée sur les lieux" et qu' une enquête a donc été ouverte pour "homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique, tentative et complicité de ce crime".
En outre, le magistrat a indiqué que le conducteur avait déjà été condamné à huit reprises, dont cinq fois pour conduite sans permis et en état d'ivresse et qu' il a déjà effectué deux séjours en prison, rapporte vendredi l' hebdomadaire Le Nouvel observateur sur son site Internet.
Interrogé vendredi matin sur Europe 1, le ministre de l' Intérieur a décrit les difficultés auxquelles sont confrontés les policiers dans leur travail face au comportement déviant de certains jeunes récidivistes.
Ce sont "des jeunes avec un parcours déjà délinquant, récidivistes, qui ne respectent aucune règle, qui ne respectent pas la loi de la République, qui ne savent pas ce qu' est la mort, la vie, qui se comportent comme de véritables voyous", a-t-il affirmé.
C' est à "ce même public auquel les policiers sont confrontés toute la journée. Il faut bien comprendre ce qu' est le métier de policier aujourd' hui, la mission extrêmement difficile. Ils sont nargués par des individus qui trafiquent la drogue, qui ne sont pas scolarisés, qui ne respectent pas les règles, qui les insultent, qui les caillassent. C' est trop !", s' est-il exclamé.
"Quand on s' attaque à des policiers, à des gendarmes, à des enseignants, à des sapeurs pompiers, à des agents du service public, qu' on ne respecte ni la fonction ni l' uniforme, cela veut bien dire qu' il y a quelque chose qui ne va pas bien dans la société", a poursuivi M. Valls, dénonçant "une crise de l' autorité".
Pour rétablir l' autorité, "la sanction doit venir dès le premier délit. Il faut mieux punir et le plus vite possible", a préconisé le ministre, ajoutant qu'"il ne peut y avoir aucune faiblesse et c' est tout la société française qui doit retrouver le sens de l' autorité".
D' autre part, M. Valls a rappelé la volonté du gouvernement de maintenir et renforcer les effectifs de police et de gendarmerie et indiqué qu' une enveloppe de 30 millions d' euros sera consacrée au renouvellement du parc automobile de la police.
"Nous allons remplacer tous les policiers et tous les gendarmes qui partent à la retraite. Par ailleurs nous allons créer en plus, tous les ans au cours du quinquennat, 500 postes de policier et de gendarme", a-t-il expliqué sur Europe 1, soulignant que "la sécurité, la lutte contre la violence, contre les violences aux personnes et contre les policiers et les gendarmes est une priorité". h "Nous engageons 30 millions d' euros (...) pour le renouvellement du parc automobile de la police avec des voitures efficaces (...), avec suffisamment de patrouilles, avec un lien radio entre ces policiers", a-t-il fait savoir, martelant que "les policiers, qui sont courageux et accomplissent un métier difficile, font face à des voyous très déterminés qui n' ont pas peur du policier ou du gendarme".