La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a déclaré samedi qu'elle prendrait des contre-mesures sévères en réponse à la nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, qui a durci les sanctions contre le pays.
"Le monde entier verra clairement notre statut permanent de pays nucléaire et capable de lancer des satellites, que la RPDC va renforcer en conséquence de l'attitude américaine ayant encouragé le Conseil de sécurité à concocter la 'résolution'," a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, cité par l'agence de presse officielle KCNA.
C'est la politique hostile des Etats-Unis qui "a forcé la RPDC à mener un essai nucléaire souterrain destiné à l'auto-défense", selon le communiqué, ajoutant que les sanctions de l'ONU "n'ont entraîné que le renforcement de la force de dissuasion qualitative et quantitative de la RPDC... plutôt à l'opposé de ce qu'ils prévoyaient".
Malgré l'opposition ferme et soutenue de la communauté internationale, la RPDC a annoncé le mois dernier avoir mené "avec succès" son 3e essai nucléaire souterrain le 12 février. Pyongyang avait procédé à des essais nucléaires similaires en 2006 et 2009.
Jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité une résolution demandant à la RPDC de ne procéder à aucun nouveau essai nucléaire, d'abandonner tout programme d'armes nucléaires, et de revenir au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
La résolution a également appelé à un règlement pacifique, diplomatique et politique de la situation actuelle, et à une reprise des pourparlers à six, qui ont débuté en 2003 mais ont été suspendus fin 2008.
Deux heures après l'adoption de la résolution de l'ONU, le dirigeant de la RPDC Kim Jong Un a déclaré que l'armée de la RPDC était prête pour une guerre sans retenue, a rapporté l'agence de presse officielle KCNA.
Vendredi, la RPDC a accusé la Corée du Sud et les Etats-Unis d'exacerber les tensions et de chercher à provoquer une guerre contre la RPDC, menaçant de couper la ligne téléphonique d'urgence (téléphone rouge) avec Séoul et d'abroger tous les accords de non agression conclus entre le Nord et le Sud.
La ligne téléphonique d'urgence installée à Panmunjom, le "village de la trêve" situé sur la ligne de démarcation entre les deux pays, avait déjà été suspendue pendant dix mois entre 2008 et 2009.
Les deux Corées sont encore techniquement en état de guerre, aucun accord de paix n'ayant été signé depuis l'armistice.
Les propos intransigeants énoncés vendredi font suite à la menace de rupture de l'armistice proférée il y a deux jours. Mercredi, le commandement militaire suprême de la RPDC a menacé de mettre un terme à l'accord d'armistice entre les deux pays le 11 mars prochain, date à laquelle la Corée du Sud et les États-Unis débuteront leurs exercices militaires conjoints baptisés "Key Resolve".
En réponse à de tels propos, la présidente sud-coréenne Park Geun-hye s'est déclarée vendredi engagée à réagir "avec fermeté" à toute provocation éventuelle de la RPDC, et a mis son voisin du nord en garde contre les risques d'"autodestruction".
Le porte-parole du ministère sud-coréen des Affaires étrangères, Kim Min-seok, a menacé un peu plus tôt vendredi de "faire disparaître de la surface de la terre" la RPDC si le pays déclenchait une attaque nucléaire contre la Corée du Sud.
Toutefois, Mme Park a souligné que "si la Corée du Nord (RPDC) prend le chemin du changement", la Corée du Sud est prête à faire des efforts pour restaurer la confiance.
En outre, la RPDC a menacé jeudi d'exercer son droit de lancer une attaque nucléaire préventive en guise d'auto-défense, si les Etats-Unis cherchent à déclencher une guerre nucléaire, a déclaré jeudi l'agence de presse officielle KCNA, citant un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
A Washington, le gouvernement américain a déclaré vendredi que la rhétorique provocatrice de la RPDC exacerberait les tensions dans la péninsule coréenne.
"Une telle rhétorique provocatrice, de tels actes ne vont tout simplement pas améliorer les conditions de vie du peuple coréen", a indiqué la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland lors d'un point de presse. "Ils ne vont pas mettre fin à l'isolement du pays. Ils ne vont qu'accroître les tensions, ce qui est extrêment regrettable", a-t-elle indiqué à la presse.
"Nous devons être fermes. Quand nous affirmons qu'il y aura des conséquences, il doit forcément y avoir des conséquences", a averti Mme Nuland.
En même temps, le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest a également appelé vendredi la RPDC à améliorer ses relations avec ses voisins.
"Les menaces de la Corée du Nord (RPDC) n'aident pas" à améliorer la situation. "Nous appelons régulièrement la Corée du Nord à améliorer ses relations avec ses voisins, dont la Corée du Sud", a-t-il déclaré lors d'un point de presse.